lundi, mars 25

La Chine, troisième actionnaire de la Banque Mondiale

La Chine est devenue le 25 avril 2010, le troisième plus important actionnaire de la Banque mondiale, avec 4,42% des parts, derrière les États-Unis et le Japon et devant l’Allemagne et la France ex aequo avec le Royaume-Uni.

Les 186 pays membres de la Banque mondiale se sont accordés pour augmenter le droit de vote aux pays émergents et en voie de développement, dont fait partie la Chine.

Cette position conforte la légitimité de Pékin sur la scène internationale, et lui permet de faire pression sur certaines instances mondiales (BM, FMI, OMC, …) pour le maintien des aides aux pays en voie de développement.

Soutien aux pays en voie de développement

Lors de la réunion du Comité de développement du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale, les 24 et 25 avril à Washington, l’ensemble des représentants ont décidé d’accorder un droit de veto plus important à la Chine.

La venue du gouvernement chinois dans le capital de la Banque Mondiale a permit augmentation de 5,1 milliards de dollars, dont 1,6 milliards de dollars apportés par les pays en développement. Ces derniers détiendront désormais 47,19% du capital de l’institution, contre 44,06%  jusqu’à présent. Ils pourront ainsi faire pression sur la BM et se voir accorder des prêts préférentiels.

Le pays a vu son droit de vote passer de 2,77% à 4,42% a indiqué le communiqué de la Banque mondiale. L’Inde passe de 2,78% à 2,91%. Les perdants sont le Japon qui revient de 7,62% à 6,84%, la France et le Royaume-Uni – qui passent de 4,17% à 3,75%.

L’institution internationale a expliqué que « cette augmentation s’inscrit dans l’engagement du Comité de développement pris en octobre 2009 à Istanbul pour générer une hausse significative d’au moins 3 points de pourcentage » du doit de vote des pays en développement.

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick a souligné jeudi 22 avril, que la banque se trouvait à un tournant difficile, et que les actionnaires devaient respecter leurs engagements en augmentant les droits de vote des pays en développement au sein de la BM, « l’ajustement du pouvoir de vote nous aide à mieux refléter les réalités d’une nouvelle économie mondiale multipolaire dans laquelle des pays en développement jouent maintenant un rôle clé ».

De son côté, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner a affirmé que « la nouvelle formule reflétera mieux le poids des pays en développement et en transition dans l’économie mondiale, en protégeant les voix des plus petits et pauvres pays ».

Ce changement de politique n’a pas détrôné les États-Unis qui restent à la tête des actionnaires de la BM, avec une part de 16,4%, suivis du Japon avec 7,9%.

Une victoire pour Beijing

Le ministre chinois des finances, Xie Xuren s’est félicité de la nouvelle. Pour ce dernier, « cette réforme augmente la représentation et la voix des pays en développement et rend la structure de gouvernance de la Banque mondiale plus juste et plus raisonnable ».

Il a également ajouté à l’agence de presse Xinhua, que « cela représente un pas important vers un rééquilibrage entre pays en développement et avancé ».

La décision de la Banque Mondiale donne à la Chine un rôle plus conséquent aux niveaux économiques et diplomatiques.

Le directeur-général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait d’ailleurs anticipé cette alternative en nommant le 24 février, Zhu Min, ancien vice-président de la banque centrale de Chine, au poste de conseiller spécial.

Cela lui confère une position dominante dans la relance de l’économie mondiale. Comme le rappelle le Bureau de l’information d’Internet de Chine, Hans Timmer, directeur du groupe de perspectives de développement de la Banque mondiale, avait indiqué, lors d’une interview accordée à l’agence de presse Xinhua, que « la Chine (avait, ndlr) joué un rôle très important dans la reprise économique mondiale ».

Il a d’ailleurs ajouté qu’ »en termes de production industrielle brute, ou de taux de croissance, non seulement la Chine progresse de plus en plus vite, mais elle est même en tête de la reprise« . Ainsi, le gouvernement chinois devient un peu plus un acteur incontournable, et pourra peser sur les décisions mondiales à venir.