vendredi, mai 3

L’Allemagne a affirmé sa stratégie d’émancipation

Berlin a présenté un document faisant suite à la toute première stratégie de sécurité nationale de l’Allemagne, publiée mi-juin. Cette nouvelle stratégie allemande intervient dans un contexte tendu avec la Chine, concernant la concurrence technologique, Taiwan, lers mers de Chine, et l’éavancée de la Chine dans plusieurs secteurs.

L’Allemagne a dévoilé le 13 juillet sa nouvelle stratégie face à la Chine qui a immédiatement réagit en appelant Berlin à éviter toute attitude pouvant «nuire à leur coopération et leur confiance mutuelle».

Le texte évoque de nombreux sujets, allant de la politique climatique à celle des droits de l’homme, Berlin se dote avec ce document de 64 pages d’une «boussole» dans les relations avec son premier partenaire commercial, la Chine.

«Notre objectif n’est pas de nous découpler (de Pékin). Mais nous voulons réduire les dépendances critiques», a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, confirmant le repositionnement initié par l’Allemagne ces derniers mois.

La doctrine de Berlin sera d’«atténuer les risques sans couper les ponts» avec la Chine. Cette stratégie est devenue le leitmotive de Bruxelles et Berlin, en quête d’un rééquilibrage dans les relations avec la Chine, tout en évitant les pressions exercées par les Etats-Unis, qui prônent une ligne dure.

La stratégie allemande, selon le chancelier, est de réagir «à une Chine qui a changé et se montre plus offensive». «Pour nous, la Chine est et reste un partenaire, un concurrent et un rival systémique», a-t-il martelé.

Les termes « partenaire » et « concurrent » ont été rejetés par Pékin, car ils ne correspondent «pas à des faits objectifs et ne sont pas dans l’intérêt des deux pays», a déclaré, dans un communiqué, l’ambassade de Chine à Berlin.

Elle a également mis en garde contre «une vision idéologique de la Chine… qui ne ferait qu’intensifier les malentendus et les erreurs d’appréciation, et nuirait à la coopération et à la confiance mutuelle».

«Nous sommes réalistes, mais pas naïfs»

Le document présenté le 13 juillet intervient après la toute première stratégie de sécurité nationale de l’Allemagne, publiée à la mi-juin. «Nous sommes réalistes, mais pas naïfs», a prévenu la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le document a un ton mesuré et alterne selon l’Agence France Presse les mises en garde et appels à travailler ensemble. «La rivalité systémique avec la Chine ne signifie pas que nous ne pouvons pas coopérer. Au contraire (…)», a souligné Berlin, ajoutant qu’«il ne sera pas possible de surmonter la crise climatique sans la Chine».

Cependant, le gouvernement allemand «est préoccupé par les efforts déployés par la Chine pour influencer l’ordre international dans le sens des intérêts de son système de parti unique et, ce faisant, pour relativiser les fondements de l’ordre fondé sur des règles, tels que le statut des droits de l’homme».

«Elle met délibérément sa puissance économique au service de ses objectifs politiques», a estimé Berlin. Cette nouvelle stratégie allemande intervient dans un contexte d’inquiétudes croissantes en Europe et aux Etats-Unis vis-à-vis des avancées de la Chine.

La crise du Covid-19 en 2020 a mit en avant les fragilités des chaînes d’approvisionnement européennes, en raison de la fermeture des frontières. De plus, la guerre en Ukraine a montré le risque d’une dépendance à la Russie pour les fournitures de gaz.

De plus, plusieurs sujets de tension persistent entre les deux pays : la question de Taïwan, les accusations de persécutions contre les Ouïghours, l’absence de condamnation par Xi Jinping de l’invasion l’Ukraine ont également alimenté la défiance.

Berlin a besoin de la Chine

Les grandes entreprises allemandes ne peuvent pas se priver du marché chinois, de plus de 1,4 milliard d’habitants, où elles investissent massivement. Cependant, le document les encourage à chercher de nouveaux débouchés et partenaires.

La publication de la stratégie allemande a été retardée de plusieurs mois en raison des divergences au sein de la coalition gouvernementale. Le parti écologiste de la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, plaidait en faveur d’une attitude plus dure que les sociaux-démocrates de Scholz et les Libéraux.

Ces désaccords avaient notamment été mis en lumière lorsque Olaf Scholz avait soutenu la vente à une entreprise publique chinoise d’une participation partielle dans un terminal du port de Hambourg, malgré les objections des Verts.

La capacité de «trouver des compromis» est «la force des démocraties» par rapport aux autocraties, a souligné Annalena Baerbock à propos du document finalement négocié par les partis de la coalition.

La Fédération de l’industrie allemande (BDI) a salué un texte qui apporte de la clarté, répondant aux «risques géopolitiques» tout en prenant en compte «les intérêts de l’Allemagne pour des relations économiques substantielles avec la Chine».

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