mardi, avril 23

L’Allemagne s’alarme du recrutement de pilote de chasse par la Chine

En octobre 2022, le ministère britannique de la Défense mit sur la place publique un sujet qui n’était alors évoqué que du bout des lèvres, compte tenu de sa sensibilité.

En effet, il fit part de son intention de modifier la législation afin d’interdire le recrutement par la Chine d’anciens pilotes de la Royal Air Force, de la Fleet Air Arm [aéronavale, ndlr] et de l’Army Air Corps.

L’Armée populaire de libération cherche «des pilotes occidentaux ayant une grande expérience pour l’aider à développer des tactiques et les capacités de ses forces aériennes», a assuré un responsable britannique, cité par SkyNews. «Tous les anciens pilotes qui ont accepté un tel emploi contribuent à améliorer les connaissances et les capacités militaires de la Chine», avait-il déploré.

Face à la modernisation de son équipement militaire, la Chine a besoin de personne formé. N’en possédant pas sur son sol, Pékin a décidé de recruter à l’extérieur, notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en France. Un recrutement mal vu par ces pays occidentaux, qui accusent la Chine d’espionnage.

En Allemagne, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a interpellé Li Shangfu, son homologue chinois sur cette question, en marge du Shangri-La Dialogue, un forum organisé tous les ans à Singapour, le 3 juin.

«J’ai évoqué la question des pilotes allemands de la Bundeswehr qui ont ont apparemment été recrutés pour assurer la formation des pilotes chinois», a indiqué Boris Pistorius après un échange avec Li Shangfu. «J’ai clairement indiqué que j’attendais que cette pratique cesse immédiatement et je lui ai dit qu’il ne serait lui-même probablement pas très content si j’essayais moi-même de faire la même chose», a-t-il ajouté.

Cependant, Boris Pistorius a admis que son interlocuteur n’a pas nié cette pratique, Li Shangfu en a «relativisé la portée de son point de vue».

Selon l’hebdomadaire Der Spiegel et la chaîne de télévision ZDF, depuis plusieurs années d’anciens pilotes de la Luftwaffe sont recrutés par l’Armée populaire de libération en tant qu’instructeurs. Leurs salaires très lucratifs transiteraient via des sociétés écran immatriculées aux Seychelles.

«Nous sommes inquiets que des militaires, après avoir travaillé pour l’État allemand, puissent avoir des emplois qui les amènent à trahir des secrets d’État», a commenté Konstantin von Notz, le président du comité de contrôle des services de renseignement de la Chambre basse du Parlement, auprès de la ZDF.

«Il est absurde que d’anciens militaires de la Luftwaffe puissent former des pilotes de chasse en Chine. Nous ne pouvons pas tolérer cela», a elle dénoncé la députée Marie-Agnes Strack-Zimmermann, présidente de la commission de la Défense. «Il est temps que cette naïveté allemande cesse», a-t-elle insisté car le «fait que nous aidions indirectement la Chine à moderniser ses propres forces aériennes est inacceptable».

Pour l’heure, Boris Pistorius veut en premier lieu examiner «avec soin» les cas individuels d’anciens pilotes allemands recrutés par l’armée chinoise, avant de sanctionner pour «toute violation des règles».

«Les militaires peuvent exercer d’autres activités après leur temps de service, mais dans le cadre de nos lois et de leurs obligations. Les faits doivent d’abord être clarifiés et ce n’est qu’après que des règles ou des lois plus strictes pourront être discutées», a déclaré le ministre allemand.

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