mardi, avril 23

Le premier ministre chinois Li Qiang reçu par Olaf Scholz

Le chancelier Olaf Scholz a reçu le 20 juin le premier ministre chinois Li Qiang pour des entretiens délicats, au moment où l’Allemagne revoit sa politique envers la Chine, sans couper les ponts avec son premier partenaire commercial.

Le Premier ministre chinois, nommé en mars, a choisi l’Allemagne pour sa première visite officielle à l’étranger, qui s’est ouverte le 19 juin par une rencontre avec le chef de l’État Frank-Walter Steinmeier.

Le président allemand a donné le ton de ces échanges : «la Chine est un partenaire pour l’Allemagne et l’Europe, mais aussi de plus en plus un concurrent et un rival sur la scène politique».

Partenaire et rival

Le chancelier Olaf Scholz va devoir incarner ce changement lors des consultations gouvernementales sino-allemandes du 20 juin, en présence des principaux ministres en charge de la coopération entre les deux pays.

Il s’agit d’un «un test pour savoir si un véritable partenariat entre Berlin et Pékin est encore possible», a estimé à l’Agence France Presse, Thorsten Benner, directeur de l’Institut global des politiques publiques (GPPI).

Exercice presque routinier sous les mandats d’Angela Merkel, jusqu’à la fin 2021, ces consultations bilatérales prennent désormais une dimension nouvelle, car Olaf Scholz souhaitant rompre avec l’approche pragmatique de l’ex-chancelière, essentiellement axée sur le commerce.

Sur le plan économique, Berlin mise sur une diversification de ses partenaires pour «réduire les risques» liés à sa trop grande dépendance à la Chine dans les secteurs stratégiques. Côté diplomatie, les menaces chinoises visant Taïwan, les accusations de persécutions contre les Ouïghours, l’absence de condamnation par Xi Jinping de l’invasion russe de l’Ukraine ont conduit à des tensions avec la Chine.

Signe du changement de paradigme allemand. Un document de près de 80 pages, présenté par le chancelier Olaf Scholz et des ministres de son gouvernement le 14 juin. Intitulé «Stratégie de sécurité nationale», ce rapport note que «la Chine tente par différents moyens de remodeler l’ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs».

Il souligne également la nécessité de continuer à traiter le pays en «partenaire» et d’obtenir la coopération de Pékin sur des enjeux internationaux comme la lutte contre le changement climatique.

La Chine s’est insurgée contre le fait d’être qualifié de «partenaire, concurrent et rival systémique» dans le texte, affirmant que de tels qualificatifs ne feraient que «pousser notre monde vers un tourbillon de division et de confrontation».

Lors de sa rencontre avec le président allemand, Li Qiang a assuré que la Chine était prête à travailler avec l’Allemagne pour contribuer à «la stabilité et la prospérité mondiales». Le développement de la Chine est une opportunité plutôt qu’un défi ou une menace pour l’Allemagne, a assuré le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang lors d’une conversation téléphonique avec son homologue allemande, Annalena Baerbock, selon le média d’État Xinhua.

De nombreuses tensions

En pleine période de tensions entre les États-Unis et la Chine, l’Allemagne est un interlocuteur privilégié pour Pékin, au moment où la croissance de la Chine peinent à retrouver de l’élan après la pandémie de Covid-19.

«La Chine pourrait chercher à obtenir le soutien de Berlin pour tenter de maintenir le libre-échange entre la Chine et l’UE», a estimé Gregor Sebastian, économiste à l’institut Mercator d’études sur la Chine (Merics) à Berlin. «Pékin veut montrer que le dialogue avec l’un de ses principaux partenaires commerciaux se poursuit», a noté Mikko Huotari, un autre chercheur de Merics.

D’autant que les grands industriels allemands, de Siemens à BASF en passant par les constructeurs automobiles, continuent d’investir massivement sur le marché chinois, crucial pour leur activité.

Pour le magazine Spiegel, «il est presque impossible de trouver la bonne façon de traiter avec la Chine». Les tensions géopolitiques, économiques, sur les droits humains s’accumulent, a précisé l’hebdomadaire allemand, mais il est «important de continuer à avoir une relation de confiance» avec la Chine.

Le Spiegel conclut que «gérer cet équilibre sans souffrir d’une hernie est un véritable défi, non seulement lors des négociations de mardi, mais aussi dans les années et les décennies à venir».

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