dimanche, mars 24

Le «Tribunal ouïghour» de Londres commence ces audiences

Un groupe d’avocats et experts des droits humains enquêtent sur le traitement infligé à la minorité musulmane ouïgoure dans la région chinoise du Xinjiang. Ils entament ce 4 juin une série d’auditions de témoins à Londres, qualifiée de «machine à mensonges» par la Chine.

Les neuf membres du «Tribunal ouïghour», ainsi nommé malgré l’absence de toute autorité judiciaire, recueilleront des témoignages de première main sur les crimes dénoncés à l’encontre des Ouïgours, stérilisations forcées, torture, enlèvements et travail forcé.

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Le «Tribunal ouïghour» va à l’issue de ces auditions estimer que la Chine s’est rendue coupable de génocide et de crime contre l’Humanité contre les Ouïgours et d’autres minorités musulmanes en Chine.

Le vice-président du «Tribunal ouïghour», Nick Vetch, a refusé de faire tout commentaire au sujet des critiques de la Chine contre cette démarche. Ce dernier a cependant promis que son travail serait «impartial», fondé sur des témoignages recueillis en juin et en septembre et sur des «milliers de pages» de documents déjà accumulées.

Le tribunal se fondera «sur des preuves, rien que des preuves», a-t-il déclaré à l’Agence France Presse, assurant que «nous avons invité la Chine à nous fournir les preuves dont ils disposeraient. Nous n’avons pour l’heure rien reçu».

Selon des organisations non gouvernementales et experts étrangers, plus d’un million de Ouïgours, principal groupe ethnique de la région autonome du Xinjiang, sont détenus dans des camps de rééducation.

Certains assurent que certains sont soumis à du «travail forcé». La Chine conteste et affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme après des attentats attribués à des Ouïgours.

Le rapport du «Tribunal ouïghour» est attendu en décembre 2021. S’il n’aura aucune valeur légale, les participants espèrent attirer l’attention internationale et entraîner de possibles actions.

«Il reviendra aux États, institutions internationales, entreprises, établissements dans les domaines de l’art, la médecine, l’enseignement, et aux individus de déterminer comment appliquer le jugement, quel qu’il soit», a déclaré le panel.

Il a été mis sur pied à la demande du Congrès mondial ouïgour, le plus important organisme représentant les exilés ouïghours, qui presse la communauté internationale à agir contre la Chine.

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Le «Tribunal ouïgour» fait partie des structures visées par des sanctions de la Chine pour avoir dénoncé le traitement des Ouïgours, ainsi que son président, l’avocat britannique Geoffrey Nice.

«Ce n’est même pas un véritable tribunal ou une cour spéciale, mais simplement une machine à mensonges», a déclaré la semaine dernière le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

Ces audiences ont lieu à Londres, ce qui va certainement aggraver les tensions déjà vives entre le Royaume-Uni et la Chine, alimentées par la situation à Hong Kong ou encore l’exclusion de l’équipementier Huawei, soupçonné d’espionnage, du réseau britannique de la 5G.

Selon les États-Unis, la Chine mène un «génocide» au Xinjiang, un terme que le Royaume-Uni s’est refusé à adopter, tout en se joignant en mai à Washington et Berlin pour appeler à la fin de la répression de la minorité ouïghoure.

Le début des auditions intervient à une semaine du sommet du G7 en Angleterre, notamment en présence du président américain Joe Biden, qui a appelé les démocraties occidentales à se montrer plus fermes face à la Chine.

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