jeudi, mars 28

Les avocats de Meng Wanzhou contestent son éventuelle extradition

Les avocats de la directrice financière du géant des télécoms Huawei ont contesté le 20 janvier son éventuelle extradition vers les Etats-Unis, qualifiant de « fiction » les accusations à son encontre au première jour d’une semaine d’audiences au tribunal de Vancouver.

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille de son fondateur Ren Zhengfei, est accusée par la justice américaine d’avoir contourné les sanctions de Washington contre l’Iran. Son arrestation le 1er décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver a provoqué une grave crise diplomatique entre la Chine et le Canada.

Dès le début de la première journée d’audience, les avocats de Meng Wanzhou ont dénoncé la « double incrimination » contre elle et qui dominera les débats qui dureront quatre ou cinq jours. La justice canadienne va statuer s’il faut l’extrader aux Etats-Unis pour un délit également punissable au Canada.

Les avocats estiment que les faits reprochés à Meng WAnzhou aux Etats-Unis n’ont pas d’équivalent au Canada, car Ottawa n’avait pas adopté les mêmes sanctions contre l’Iran à l’époque des faits.

Le ministère public estime que c’est le cas et que cela justifie le processus d’extradition. « Serions-nous ici en l’absence de sanctions américaines? », a demandé l’un des avocats de la défense Richard Peck. « La réponse est non ».

« Les Etats-Unis ont lancé (contre Meng Wanzhou) des allégations de fraude contre une banque. C’est un artifice, c’est de la fiction », a-t-il martelé, notant qu’on demande de fait au Canada de « faire appliquer les sanctions américaines ».

La directrice financière de Huawei est restée muette face à la presse, lors de son arrivée à la Cour suprême de Colombie-Britannique pour l’audience présidée par la juge Heather Holmes. Des manifestants étaient présents pour la soutenir, munis de pancartes, ils ont scandé « Libérez Mme Meng », « Justice équitable ».

Arrêtée le 1er décembre 2018 lors d’une escale à Vancouver, Meng Wanzhou est en liberté surveillée et vit dans une luxueuse résidence lui appartenant.

Pour échapper à son renvoi devant la justice américaine, ses avocats et elle doivent convaincre que les accusations ne seraient pas passibles de poursuites au Canada et sont essentiellement motivées par des considérations politiques.

Cet argumentaire est soutenu par le ministère chinois des affaires étrangères, qui assure que ce processus d’extradition était un « grave incident politique », et a exhorté Ottawa à la libérer.

Washington accuse Meng Wanzhou d’avoir menti à la banque HSBC sur la relation entre Huawei et Skycom, une filiale qui vendait des équipements de télécoms à l’Iran, ce qui exposait la banque au risque de violer les sanctions américaines contre Téhéran.

L’arrestation de Meng Wanzhou, en transit entre Hong Kong et Mexico, avait provoqué la colère de la Chine. Quelques jours plus tard, deux Canadiens, l’ex-diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor, étaient arrêtés par la Chine et accusés d’espionnage.

« La priorité absolue de notre gouvernement est le bien-être et la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor », a réaffirmé Chrystia Freeland, vice-Première ministre du Canada, tout en soulignant que son pays « honore ses obligations en vertu des traités d’extradition ». Les autorités canadiennes ont dénoncé des « arrestations arbitraires », assurant respecter, pour leur part, l’indépendance de la justice.

Si, lors des audiences, la justice canadienne décide que l’infraction n’a pas d’équivalent au Canada, Meng Wanzhou pourrait recouvrer sa liberté rapidement. Sinon, le processus d’extradition passera à une nouvelle étape et, avec de nombreuses possibilités d’appel, ce qui pourrait durer encore plusieurs années.

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