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L’Inde et la Chine conviennent de renforcer leurs liens économiques

L’Inde et la Chine ont annoncé le 19 août leur intention de reprendre les vols directs et de dynamiser les échanges commerciaux et les investissements, alors que New Delhi et Pékin s’efforcent de rétablir des relations mises à mal par un affrontement frontalier en 2020.

La Chine et l’Inde renforcent progressivement leurs liens dans un contexte marqué par la politique étrangère imprévisible du président américain Donald Trump, multipliant les visites bilatérales de haut niveau.

Selon le ministère indien des Affaires étrangères, la Chine et l’Inde vont relancer les vols directs, encourager le commerce et les investissements, rouvrir le commerce frontalier à trois points désignés et faciliter la délivrance de visas.

De nombreuses mesures engagées

Les vols directs entre l’Inde et la Chine sont suspendus depuis la pandémie de COVID-19 en 2020. Aucune date n’a été avancée pour leur reprise.

Ces annonces interviennent à l’issue de la visite de deux jours du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à New Delhi, où il a participé à la 24e série de discussions avec le conseiller indien à la Sécurité nationale (NSA), Ajit Doval, afin de résoudre le différend frontalier qui oppose les deux pays depuis des décennies.

Les discussions tournent autour du retrait des troupes massées par la Chine et l’Inde le long de leur frontière himalayenne, la délimitation des frontières et les affaires frontalières, a précisé le ministère indien.

La Chine et l’Inde ont convenu de mettre en place un groupe de travail chargé de consulter et de coordonner les affaires frontalières afin de faire avancer les négociations de délimitation, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères publié le 20 août.

« Ce mécanisme élargira les discussions aux sections orientale et centrale de la frontière. Par ailleurs, une nouvelle série de négociations sur la section occidentale sera organisée dès que possible« , a indiqué le ministère.

Pékin a également annoncé que les deux pays s’étaient entendus pour se retrouver à nouveau en Chine en 2026.

Vers une stabilité des rapports

« Des relations stables, prévisibles et constructives entre l’Inde et la Chine contribueront de manière significative à la paix et à la prospérité régionales et mondiales », a déclaré le Premier ministre indien, Narendra Modi, sur X, après sa rencontre avec Wang Yi.

Narendra Modi doit se rendre en Chine à la fin du mois pour participer au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai – sa première visite dans le pays depuis plus de sept ans.

Dans un compte rendu, le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que Wang Yi avait affirmé à Doval que « le développement stable et sain des relations sino-indiennes est dans l’intérêt fondamental des peuples des deux pays ».

La Chine et l’Inde « doivent renforcer la confiance mutuelle par le dialogue et élargir la coopération », a déclaré Wang Yi, ajoutant que les dex pays vont viser le consensus notamment sur le contrôle des frontières et les négociations de délimitation.

La question du mega-barrage

Du côté indien, le ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a fait part à Wang des préoccupations de l’Inde concernant le méga-barrage que la Chine construit sur la rivière Yarlung Zangbo au Tibet.

La Yarlung Zangbo devient le Brahmapoutre en entrant en Inde et au Bangladesh, constituant une ressource vitale pour des millions de personnes. La construction du barrage aurait des répercussions sur les États situés en aval, d’où la nécessité d’une « transparence maximale », a insisté New Delhi.

De son côté, la Chine a accepté de partager avec l’Inde des informations hydrologiques d’urgence sur les rivières concernées, sur la base de principes humanitaires, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine et l’Inde ont également convenu de mettre en place un mécanisme d’experts sur les rivières transfrontalières et de maintenir la communication afin de renouveler les dispositifs de transmission d’informations sur les crues, a ajouté le ministère.

Les responsables chinois avaient auparavant assuré que les projets hydroélectriques au Tibet n’auraient pas d’impact majeur sur l’environnement ou sur l’approvisionnement en eau en aval, mais l’Inde et le Bangladesh ont tout de même exprimé leurs inquiétudes.

Selon une source indienne, citée par Reuters, Wang Yi aurait assuré à Subrahmanyam Jaishankar que Pékin répondait à trois préoccupations majeures de l’Inde : le besoin d’engrais, de terres rares et de tunneliers.