lundi, avril 1

Ouverture de la 18e session de la Conférence de l’UA – Hu Jintao

Discours de Hu Jintao, Président de la République populaire de Chine à la cérémonie d’ouverture de la 18e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine.

Les présidents Abdoulaye Wade et Hu Jintao, le 13 février 2009

L’Afrique, un des berceaux de l’humanité, est dotée d’une longue histoire, d’une grande richesse naturelle, de cultures brillantes et de peuples travailleurs, ingénieux et courageux. Elle a apporté une contribution majeure aux progrès des civilisations humaines et au développement du monde. S’unir pour monter en puissance et réaliser le renouveau de la civilisation africaine, tel est un vieux rêve des peuples d’Afrique.

De la naissance du panafricanisme au début du 20e siècle à la création de l’UA en 2002, en passant par l’établissement en 1963 de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), les peuples d’Afrique ont œuvré activement et sans relâche pour obtenir des résultats remarquables sur la voie de l’intégration africaine, inscrivant des pages brillantes dans leur histoire. Aujourd’hui, avec un développement économique sensiblement accéléré, l’Afrique jouit d’une influence plus importante dans les affaires internationales et montre au reste du monde une nouvelle dynamique et des perspectives radieuses.

La création et le renforcement de l’UA ont été étroitement liés au développement de l’Afrique tout entière et y ont contribué énormément. Nous nous réjouissons de constater que depuis sa fondation il y a dix ans, l’UA est devenue une force majeure au service de la paix, de la stabilité et du développement en Afrique et dans le monde. Nous avons toutes les raisons de croire que sous la conduite de l’UA, l’Afrique fera des progrès encore plus grands et encore plus solides dans sa quête de l’unité et de la puissance.

À l’heure actuelle, la situation africaine et internationale connaît des changements profonds et complexes. Les conséquences profondes de la crise financière internationale se font de plus en plus sentir et l’instabilité en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord perdure, pesant lourdement sur la paix, la stabilité et le développement du continent. Soumis à de nombreuses contraintes internes et externes, les pays africains font face à davantage de défis dans leurs efforts d’intégration et de gestion autonome des problèmes africains.

Si l’Afrique a réalisé des progrès notables en matière de développement socio-économique, elle a encore beaucoup de chemin à faire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les peuples africains mènent actuellement des réflexions et des recherches approfondies sur leur avenir et leur voie de développement. La communauté internationale, quant à elle, doit savoir que son destin est lié à celui de l’Afrique et s’engager de façon active et responsable pour la paix, la stabilité et le développement du continent.

Ici, j’aimerais partager avec vous quelques-unes de mes réflexions :

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    Premièrement, la paix, la stabilité et le développement en Afrique doivent être résolument préservés. L’Afrique ne peut pas connaître la paix et le développement en s’isolant du reste du monde, et il n’y a pas de stabilité ni de prospérité dans le monde sans celles de l’Afrique. Une Afrique de paix, de stabilité et de progrès profite au monde entier. L’Afrique qui a énormément souffert dans le passé des fléaux de la guerre connaît dans l’ensemble une situation de paix et de stabilité aujourd’hui. Cette situation, acquise au prix de gros efforts, mérite d’être jalousement préservée. En ce qui concerne les points chauds africains, la Chine estime toujours qu’il faut encourager les parties concernées à y trouver des solutions à travers le dialogue et les négociations dans le respect de la Charte des Nations Unies et des normes régissant les relations internationales universellement reconnues afin de préserver la paix et la stabilité régionales et internationales.

  • Deuxièmement, les efforts déployés par les pays africains pour résoudre eux-mêmes les problèmes de leur continent doivent être pleinement respectés. Ces dernières années, la capacité de l’Afrique à résoudre les problèmes africains s’est sans cesse renforcée. Les faits ont d’ailleurs montré que les pays africains ont la capacité et la sagesse pour régler leurs problèmes. La communauté internationale doit apporter du soutien et des aides à la solution des problèmes africains, et cette aide, à notre avis, doit être constructive, respecter la volonté des peuples africains et aller dans le même sens que les efforts des Africains, et non dans le sens inverse. Toute ingérence de forces étrangères, motivée par leurs propres intérêts, dans les affaires intérieures de l’Afrique ne fera que rendre plus compliqué le règlement des questions africaines.
  • Troisièmement, les efforts d’unité et d’intégration africains doivent être fortement soutenus. S’unir pour monter collectivement en puissance, c’est un choix judicieux fait par les pays africains sur la base de leurs traditions historiques et de leurs besoins réels et en tenant compte des perspectives de développement à l’avenir. Ces dernières années, des progrès spectaculaires ont été obtenus en matière de paix et de développement en Afrique, en grande partie grâce au renforcement de l’unité africaine. Nous sommes convaincus que le présent sommet qui a pour thème « Promouvoir le commerce intra-africain » donnera une forte impulsion à l’intégration africaine. Tous ceux qui veulent le développement de l’Afrique doivent soutenir sans réserve les efforts d’unité et d’intégration des pays africains.
  • Quatrièmement, le développement de l’Afrique doit faire l’objet d’une attention et d’un engagement accrus. L’inégalité Nord-Sud est la principale cause des déséquilibres économiques mondiaux. Dans sa lutte contre la crise financière internationale, la communauté internationale doit être plus attentive à la question du développement en Afrique, travailler activement à honorer ses promesses d’aide, prendre effectivement en compte les préoccupations des pays africains sur les dossiers comme les négociations du cycle de Doha de l’OMC et la réforme du système financier international, et pousser la Conférence de l’ONU sur le développement durable qui se tiendra cette année à accorder une plus grande attention au développement socio-économique durable de l’Afrique.

Malgré leur éloignement géographique, la Chine et l’Afrique sont liées par une amitié très ancienne. Au fil des siècles, les peuples chinois et africains ont partagé heurs et malheurs et tissé entre eux une grande amitié fraternelle. Déjà dans les années 50 et 60 du siècle dernier, ils ont combattu côte à côte et avancé la main dans la main. Dans ce nouveau siècle, avec la création du FCSA, et en particulier avec l’établissement, lors du Sommet de Beijing, d’un nouveau partenariat stratégique sino-africain caractérisé par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique et les échanges et l’inspiration réciproque sur le plan culturel, les relations sino-africaines sont entrées dans une nouvelle période, celle d’un développement global, rapide et en profondeur, et affichent désormais un dynamisme et une vitalité extraordinaires.

Tout au long de l’histoire des relations sino-africaines, la Chine a veillé à respecter la souveraineté et la voie de développement des pays africains, en se gardant de s’ingérer dans leurs affaires intérieures. Elle a toujours traité les pays africains sur un pied d’égalité, en coopérant avec eux sur la base des avantages réciproques et du gagnant-gagnant. Elle n’a cessé d’accorder à l’Afrique des aides sans aucune condition politique, avec la ferme conviction qu’entre l’Afrique et elle, les aides et les soutiens sont réciproques.

Et elle a veillé à placer son propre développement dans une perspective de progrès commun avec l’Afrique et cherché à mettre son propre développement au service de celui de l’Afrique. De leur côté, les pays africains ont accordé un soutien ferme à la position chinoise sur les questions touchant aux intérêts majeurs et vitaux de la Chine et fourni un appui énergique au développement économique de la Chine. Les aides désintéressées accordées par les peuples africains resteront à jamais gravées dans la mémoire du peuple chinois.

Aujourd’hui, notre monde connaît d’importants développements, de grandes réformes et de vastes réajustements. Le renforcement de la solidarité et de la coopération entre la Chine, le plus grand pays en développement, et l’Afrique, continent qui regroupe le plus de pays en développement, revêt une signification majeure pour la paix, la stabilité et le développement dans le monde.

La Chine, qui envisage et développe ses relations avec l’Afrique avec une vision stratégique et dans une perspective de long terme, est prête à redoubler d’efforts ensemble avec les pays africains, pour porter le nouveau partenariat stratégique sino-africain à un nouveau palier.

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    emièrement, œuvrer activement au rayonnement de l’amitié traditionnelle sino-africaine. Richesse commune de la Chine et de l’Afrique, cette amitié est la base de la confiance mutuelle stratégique et la force motrice du développement des relations sino-africaines. Quels que soient les changements intervenus dans le monde, en Chine ou en Afrique, nous devons toujours veiller ensemble à bien préserver et développer cette amitié afin qu’elle se transmette de génération en génération. La Chine entend multiplier ses échanges de haut niveau, intensifier son dialogue stratégique et ses concertations et renforcer ses échanges d’expériences en matière de gouvernance avec les pays africains, afin d’accroître la compréhension et la confiance mutuelles.

  • Deuxièmement, intensifier les concertations et la coopération sur les questions internationales et régionales. La Chine et les pays africains ont de vastes intérêts communs, d’où la nécessité pour eux de renforcer leur soutien mutuel sur les questions touchant à leurs intérêts majeurs et vitaux respectifs. La Chine soutiendra fermement les efforts des pays africains pour défendre leur souveraineté et indépendance, pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains et pour choisir librement leur voie de développement. Elle s’en tiendra au principe de l’égalité de tous les pays, quelles que soient leurs tailles, en s’opposant fermement à ce que les grands, les puissants et les riches malmènent les petits, les faibles et les pauvres. Elle continuera à défendre indéfectiblement les justes causes des pays africains dans les différentes enceintes internationales. Membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, la Chine continuera à participer activement et avec une attitude responsable aux affaires de la paix et de la sécurité en Afrique.
  • Troisièmement, élever effectivement le niveau de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique. La Chine souhaite renforcer davantage, sur la base de l’égalité, du bénéfice mutuel et du développement commun, ses échanges et sa coopération avec les pays africains dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures, de la formation et de la finance. Elle continuera d’encourager les entreprises chinoises crédibles et performantes à investir en Afrique et d’accroître ses aides aux pays africains pour contribuer au renforcement des capacités d’auto-développement de ces derniers et au mieux-être de leurs populations. Accordant une grande importance aux problèmes survenus dans la coopération économique et commerciale sino-africaine, elle a déjà pris et continuera à prendre des mesures concrètes en coordination avec les pays africains pour les résoudre afin de permettre à l’Afrique de mieux profiter de cette coopération.
  • Quatrièmement, développer vigoureusement les échanges entre les peuples chinois et africains. La Chine et l’Afrique doivent accorder une grande importance aux échanges populaires tout comme aux échanges intergouvernementaux. Nous devons donc renforcer les échanges et la coopération entre les organisations non gouvernementales, les institutions académiques, les médias et les établissements d’enseignement supérieur chinois et africains, encourager les contacts entre les jeunes et développer activement diverses formes d’échanges culturels, en vue d’accroître l’interaction entre nos peuples et de leur permettre de participer et de contribuer davantage à la coopération sino-africaine.
  • Cinquièmement, renforcer le mécanisme du FOCAC. Nous devons continuer à travailler sans cesse dans un esprit innovant pour renforcer la planification stratégique et la construction institutionnelle du Forum afin de l’adapter à l’évolution de notre époque. Tout en assurant la concrétisation des acquis de la 4e Conférence ministérielle, nous espérons lancer, à l’occasion de la 5e Conférence ministérielle, de nouvelles initiatives de coopération qui répondent aux exigences de notre temps et aux besoins des deux parties, de sorte que le FCSA continue à jouer un rôle moteur important dans le développement des relations sino-africaines.

Ce que je voudrais souligner tout particulièrement ici, c’est que la Chine, très attachée à ses relations avec l’UA, considère l’UA comme un partenaire important dans les affaires africaines et internationales, et la soutient fermement pour qu’elle joue un rôle accru dans les affaires intérieures et extérieures de l’Afrique.

Je tiens à annoncer ici que dans le but de renforcer les relations d’amitié et de coopération avec l’UA, le gouvernement chinois a décidé d’octroyer à celle-ci un total de 600 millions de yuans RMB de dons sur les trois ans à venir. La Chine est prête à travailler ensemble avec l’UA pour perfectionner leur mécanisme de dialogue stratégique et renforcer leur coopération dans la construction des infrastructures transnationales et transrégionales et dans les domaines de la paix et de la sécurité en Afrique en vue d’enrichir les relations sino-africaines.

Mao Zedong proclame la République Populaire de Chine

Depuis la fondation de la Chine nouvelle il y a plus de 60 ans, notamment depuis le lancement de la politique de réforme et d’ouverture il y a plus de 30 ans, la Chine a vu son poids économique et sa puissance globale sensiblement accrus et la vie de la population considérablement améliorée. Notre pays a réussi à trouver une voie de socialisme à la chinoise.

Cette voie, la seule qui permette à la Chine de réaliser sa modernisation socialiste, contribue également au développement dans la région et dans le monde, et nous allons la poursuivre inébranlablement et courageusement. Ceci dit, nous sommes conscients du fait que la Chine reste encore un pays en développement, qu’elle est toujours confrontée à d’importants problèmes de déséquilibre, d’incohérence et d’insoutenabilité en matière de développement et soumise à de fortes contraintes démographiques, environnementales et en termes de ressources naturelles, et qu’avec 128 millions de Chinois vivant aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté, la Chine a encore beaucoup de chemin à faire avant de réaliser sa modernisation et la prospérité générale de toute la population.

L’an dernier, notre pays a élaboré et publié le XIIe Plan quinquennal pour le développement économique et le progrès social, fixant les lignes directrices, les objectifs stratégiques et les principales tâches du développement socio-économique pour les cinq ans à venir. A la lumière du concept de développement scientifique et en axant nos efforts sur l’accélération de la transformation du mode de croissance, nous œuvrerons pour assurer un développement économique durable, soutenu et relativement rapide et maintenir la cohésion et la stabilité sociales, afin de jeter une base décisive à la construction d’une société relativement aisée sur tous les plans.

Le développement de la Chine est placé sous le signe de la paix, de l’ouverture et de la coopération. Déterminée à suivre sa voie de développement pacifique, la Chine s’efforce de contribuer à la préservation de la paix mondiale pour son développement et par son développement. Elle poursuivra indéfectiblement sa politique extérieure d’indépendance et de paix et respectera, tout comme par le passé, le libre choix des autres peuples en termes de régime social et de voie de développement, en se gardant de leur imposer sa propre volonté.

Elle arrêtera, comme elle l’a toujours fait, sa position et sa politique selon la réalité des faits et en partant des intérêts fondamentaux du peuple chinois et des intérêts communs de tous les peuples du monde, et elle défendra fermement la justice et jouera un rôle actif dans les affaires internationales.

Fidèle à sa stratégie d’ouverture de bénéfice mutuel et de gagnant-gagnant, la Chine cherchera à se développer tout en œuvrant pour une interaction bénéfique avec les autres pays et un développement commun de tous les pays du monde. Les faits ont prouvé et prouveront que le développement de la Chine constitue une chance pour le monde et que la Chine sera toujours un défenseur déterminé de la paix et de la stabilité dans le monde.

Un proverbe africain dit : «La vraie pauvreté est de ne pas avoir d’amis». Les peuples chinois et africains sont de bons amis, de bons partenaires et de bons frères. L’amitié sino-africaine est solide et grandiose comme le Kilimandjaro, vigoureuse et éternelle comme le fleuve Changjiang et le fleuve Jaune. Unissons- nous et travaillons activement et la main dans la main pour faire avancer le nouveau partenariat stratégique sino-africain et inscrire ensemble de nouveaux chapitres dans les annales de l’amitié sino-africaine.

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