vendredi, mars 29

Plaidoyer de Fan Zhongxin contre les purges politiques

Dans un article traduit par Courrier International, Fan Zhongxin, professeur à la faculté de droit de l’École normale supérieure de Hangzhou, a rédigé une analyse, rapidement censurée, sur la campagne lancée contre les avocats défenseurs des droits, entre le 11 et le 12 juillet 2015.

Wang Yu avocate233 avocats ont été inquiétés, 14 ont été emprisonné. Directeur de thèse et président exécutif de l’Association chinoise d’histoire du droit, Fan Zhongxin a fait diffuser son texte sur les réseaux sociaux, afin de dénoncer la« vaste opération nationale contre les avocats défenseurs des droits des citoyens et contre ceux que l’on appelle les avocats jusqu’au-boutistes ».

« En tant que membre de la communauté des juristes, il m’est impossible de fermer les yeux et les oreilles sur ces événements qui forcément m’interpellent, eu égard à l’article 35 de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression, et de son article 41, qui affirme le droit de critiquer les organismes d’État et ceux qui y travaillent, de leur adresser des propositions, des recours, des plaintes ou encore des dénonciations« , introduit Fan Zhongxin.

Certains avocats « ont été forcés à avouer leurs fautes sur la chaîne de la télévision centrale, avant même de comparaître devant les tribunaux, afin de faire un exemple et d’intimider« . Ils sont accusés d’appartenir à des « bandes criminelles ».

Face aux nombreuses actions menées contre ces avocats, Fan Zhongxi « considère qu’il ne s’agit pas d’une action ordinaire d’application de la loi, mais bien d’une purge politique qui vise les avocats« .

Ce dernier attend que la police garantisse avoir  « agit en toute légalité en respectant 6 principes élémentaires » :

1) permettre, comme le prévoit la loi, à une personne arrêtée d’avertir immédiatement ses proches et l’autoriser à voir un avocat ;

2) ne pas forcer un prévenu à reconnaître ses torts devant les caméras de télévision, ou du moins permettre qu’un avocat l’assiste ;

3) ne pas orchestrer sur Internet de vastes campagnes de dénigrement moral (en particulier avec des dénonciations utilisant des expressions dignes de l’époque de la Révolution culturelle, comme « avocat pourri », « juriste véreux », « traître à la Chine », « vendu », ou encore des accusations très belliqueuses inspirées de citations de Mao Zedong) ;

4) accorder aux personnes visées par des articles accusateurs dans la presse officielle un droit de réponse ;

5) ne recourir à aucune forme de torture pour extorquer des aveux ;

6) rendre publics l’ensemble des pièces juridiques justifiant cette campagne nationale ainsi que toutes les circulaires donnant des instructions en la matière.

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