samedi, mai 11

Star ouvre ses portes aux spéculateurs

Le rival chinois du Nasdaq américain, Star a été mit en place par le président Xi Jinping. Il fait désormais ses grands débuts ce 22 juillet avec la cotation de 25 sociétés technologiques et biotechnologiques dont le cours de Bourse risque vite de donner le tournis.

Créé sur le modèle du Nasdaq, avec des modalités d’introduction en Bourse proche du modèle américain, Star est une tentative la plus audacieuse de réformer les marchés des capitaux en Chine.

Star a été créé spécifiquement pour accueillir des sociétés dans six domaines stratégiques : les technologies nouvelles de prochaine génération, les équipements de haute technologie, les matériaux nouveaux, les énergies nouvelles, la protection environnementale et conservation de l’énergie, et les biotechnologies. Ces secteurs sont tous promus par le programme de développement « Made in China 2025 » instauré par le président Xi Jinping.

Ainsi, ce « Nouveau Marché » vise à ramener dans son giron les grands groupes technologiques chinois qui sont tiraillés dans la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Star est né en décembre 2018 alors que les deux premières puissances économiques mondiales sont en pleine guerre commerciale.

« On verra assurément des kamikazes sur ce marché« , a indiqué le banquier d’investissement Terence Lin, dont l’officine World Financial Holding Group conseille les investisseurs chinois. « Autant le Nasdaq est dominé par des investisseurs professionnels, autant Star risque d’être un terrain de jeu pour les parieurs et les spéculateurs », a expliqué ce dernier.

« Beaucoup d’investisseurs individuels chinois achètent des valeurs sur la base de recommandations dans des forums sur les réseaux sociaux sans même savoir ce que font ces entreprises » a constaté Terence Lin.

La réussite de ce nouveau marché tient dans sa capacité à convaincre des géants locaux comme Alibaba ou Tencent d’opter pour une cotation secondaire en Chine. Le premier étant coté à New York et le second à Hong Kong.

Le deuxième critère sera son attrait auprès des entreprises du futur en quête d’une visibilité boursière. La différence entre le Nasdaq et le Star est que ce dernier n’admet pas les entreprises étrangères.

Le groupe est composé de 25 sociétés. Il a levé près de 37 milliards de yuans (4,8 milliards d’euros) lors de ses offres publiques de vente, qui ont rencontré une demande folle et débouché sur des valorisations surprenantes. D’ailleurs, l’une de ses offres a atteint 171 fois le résultat estimé.

Au total, les offres publiques de vente (IPO) ont été souscrites 1.695 fois par les investisseurs particuliers, laissant présager des débuts animés sur le marché secondaire.

« Dans un premier temps, il pourrait y avoir un déséquilibre entre l’offre et la demande et le marché devra se comporter raisonnablement« , a expliqué Liu Tu, directeur général adjoint de la Bourse de Shanghai.

Lors d’un colloque, Zhou Liang, fondateur de Shanghai Minority Investment Management, une société de gestion pour petits porteurs, a ajouté que « les prix vont monter en flèche car l’enthousiasme des investisseurs est au rendez-vous ».

Des coupe-circuits sont prévus dans l’éventualité de variations de prix soudaines et brutales. De plus, les sociétés déficitaires pourront se faire coter sur Star, une première en Chine, ce qui permettra aux jeunes pousses locales d’accéder à une nouvelle source de financement.

Du côté des investisseurs, les particuliers devront détenir des actifs financiers d’au moins 500.000 yuans (65.000 euros) et avoir une expérience de trading de deux ans minimum pour pouvoir passer des ordres.

La cotation Star est importante car de précédentes tentatives de création d’un Nouveau Marché chinois ont échoué. Le marché ChiNext de Shenzhen, lancé il y a 10 ans pour promouvoir les sociétés innovantes, a été prit par des spéculations et manipulations, pour disparaître pendant la crise boursière de 2015.

De son côté, le New Third Board, un marché non réglementé, a également disparu, car après un démarrage réussi, il a été déserté tant par les investisseurs que par les émetteurs.