vendredi, juin 20

Ursula von der Leyen veut lutter contre un « nouveau choc chinois »

Lors du sommet du G7, la présidente de la Commission européenne a déclaré que la source du « plus grand problème collectif » du système commercial mondial remonte à l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001.

Lors de sa participation au sommet du G7 à Kananaskis, au Canada, Ursula von der Leyen a mit en garde contre un « nouveau choc chinois » et critiquer la Chine pour avoir perpétué ce qu’elle a appelé un « modèle de domination, de dépendance et de chantage » vis-à-vis de ses partenaires commerciaux.

La Chine détient une position quasi-monopolistique sur les terres rares, les 17 éléments métalliques qui sont cruciaux pour les technologies de pointe. La Chine contrôle environ 60% de l’offre mondiale et 90% de la capacité de traitement et de raffinage.

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« La Chine utilise ce quasi-monopole non seulement comme monnaie d’échange, mais aussi comme arme pour affaiblir ses concurrents dans des secteurs clés », a déclaré la présidente de la Commission européenne lors de l’une des sessions thématiques de la réunion.

« Nous avons tous été témoins du coût et des conséquences de la coercition exercée par la Chine par le biais de restrictions à l’exportation », a-t-elle ajouté, faisant référence à la récente décision de Pékin de limiter les ventes de sept types de minéraux de terres rares, une situation que Bruxelles avait qualifiée d’« alarmante ».

Cette décision a été prise en réponse aux droits de douane considérables imposés par le président Donald Trump, qui ont entraîné une escalade des mesures de riposte avec la Chine. La semaine dernière, la Chine et les Etats-Unis ont annoncé un accord de détente visant à réduire les droits de douane et à assouplir les restrictions à l’exportation.

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Mais le 16 juin, la cheffe de l’exécutif européen a cherché à exploiter les tensions entre les États-Unis et la Chine pour plaider en faveur d’un front « uni » du G7, destiné à contrer la domination de la Chine, grâce à un « réseau alternatif de fournisseurs de confiance » et à de nouveaux investissements dans les secteurs de l’extraction et du raffinage.

« Même si des signaux indiquent que la Chine pourrait assouplir ses restrictions, la menace demeure. Mais il y a d’autres distorsions. Nous assistons à un nouveau ‘choc chinois' », a-t-elle déclaré.

« Une réponse commune du G7 accroît notre influence, en faisant pression sur la Chine pour qu’elle assume davantage la responsabilité de l’impact de son modèle de croissance dirigé par l’État », a assuré cette dernière.

Ursula Von der Leyen a également reproché à la Chine d’inonder les marchés mondiaux avec une « surcapacité subventionnée que son marché ne peut pas absorber », citant le différend sur les véhicules électriques fabriqués en Chine qu’elle juge artificiellement moins chers.

Lors d’une autre session du sommet, Ursula von der Leyen a déclaré que la source du « plus grand problème collectif » du système commercial mondial remontait à l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001.

L’entrée de la Chine dans l’OMC a été – selon elle – controversée, car elle a ouvert les marchés internationaux à la production de masse d’exportations à bas prix. Cette admission est liée au premier « choc chinois » et au déclin des emplois manufacturiers en Europe et aux États-Unis.

« La Chine se définit toujours comme un pays en développement. Ce n’est pas possible. La Chine a largement montré qu’elle n’était pas disposée à vivre dans les limites du système international fondé sur des règles », a déclaré Ursula Von der Leyen.

« Alors que d’autres pays ont ouvert leur marché, la Chine s’est concentrée sur la réduction des protections de la propriété intellectuelle et sur des subventions massives dans le but de dominer la fabrication mondiale et les chaînes d’approvisionnement », a-t-elle poursuivi. « Il ne s’agit pas d’une concurrence sur le marché, mais d’une distorsion intentionnelle ».

La ligne dure adoptée par la présidente de la Commission européenne s’associe aux nombreux griefs exprimés par l’administration Trump, qui veut freiner la montée en puissance économique de la Chine et ramener des emplois manufacturiers d’importance stratégique.

Toutefois, elle a atténué les spéculations croissantes sur une réinitialisation de relations entre l’UE et la Chine à l’approche d’un sommet bilatéral qui aura lieu fin juillet.

Ursula Von der Leyen a lancé plusieurs appels directs à Donald Trump, également présent dans la salle. « Donald a raison : il y a un grave problème », a-t-elle déclaré en faisant référence à la Chine.