jeudi, mars 28

A Davos, George Soros attaque la Chine

Le milliardaire George Soros s’en est pris à la Chine et à son président Xi Jinping, qu’il a qualifié de « plus dangereux ennemi » des sociétés libres et démocratiques.

Au cours du dîner qu’il organise chaque année en marge du Forum économique mondial, George Soros a estimé que « la Chine n’est pas le seul régime autoritaire du monde, mais c’est sans aucun doute le plus riche, le plus fort et le plus développé en matière d’intelligence artificielle ».

Xi Jinping, un « dangereux ennemi »

« Cela fait de Xi Jinping le plus dangereux ennemi de ceux qui croient en des sociétés libres », a assuré George Soros, le 24 janvier. Son entourage a rapidement diffusé son discours en chinois. Il a indiqué que le peuple chinois est « son plus grand espoir ».

Devant une assemblée de journalistes, économistes et autres invités, George Soros a en outre appelé les Etats-Unis à « sévir » contre les géants télécoms Huawei et ZTE.

« Si ces entreprises en venaient à dominer le marché de la 5G », la cinquième génération des technologies mobiles (5G), indispensable à l’essor des voitures autonomes et autres objets connectés. Pour George Soros, « elles représenteraient un risque inacceptable pour la sécurité du monde ».

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« L’an dernier, je pensais encore que la Chine devait être davantage intégrée aux institutions de gouvernance mondiale, mais, depuis, le comportement de Xi m’a fait changer d’avis », a expliqué le milliardaire.

Adversaire déclaré du président Donald Trump, le financier-philanthrope a estimé que le gouvernement américain avait certes reconnu que la Chine était un « adversaire stratégique », tout en jugeant que c’était là un constat « simpliste ».

George Soros critique le gouvernement Trump

Pour ce spéculateur sur les devises et les actions, une réponse politique efficace face à la Chine doit être « bien plus sophistiquée, détaillée et pragmatique » et doit surtout répondre à l’ambitieux programme d’investissements à l’étranger de la Chine, « La Ceinture et la Route ».

George Soros a reproché au président américain, Donald Trump, d’avoir engagé des discussions commerciales avec la Chine, de vouloir « faire des concessions à la Chine et de crier victoire tout en réitérant ses attaques contre les alliés des Etats-Unis ».

Le milliardaire a appelé Washington à concentrer ses représailles commerciales sur la Chine plutôt que de s’en prendre à ses alliés, parlant de « guerre froide qui pourrait devenir chaude » entre les deux super-puissances.

George Soros a également dénoncé Moscou : « je me suis concentré sur la Chine mais les sociétés libres ont bien d’autres ennemis, au premier rang desquels la Russie de Poutine. Le plus dangereux scénario serait que ces ennemis conspirent entre eux et apprennent des choses les uns des autres pour opprimer encore davantage leur peuple. »

La Chine a balayé les déclarations de George Soros

Face à ces propos, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a qualifié George Soros d’individu, qui « confond le bien et le mal, dans une déclaration sans aucun sens, cela ne vaut pas la peine d’être réfuté ».

« En fait, dans le monde d’aujourd’hui, on voit clairement qui ouvre les portes et construit les routes et qui ferme les portes et construit des murs », a rétorqué Hua Chunying, interrogée sur les propos de George Soros lors d’un point de presse régulier.

«A l’heure où la mondialisation s’approfondit, ce n’est qu’en adhérant à la vision du développement, en ayant une ouverture d’esprit et une attitude inclusive que l’on peut ouvrir un espace plus large à son propre développement et au développement des relations entre pays», a relevé cette dernière.

«Nous espérons que les parties concernées aux États-Unis pourront corriger leur attitude, adopter une vision à long terme et une attitude objective et rationnelle à l’égard du développement de la Chine», a poursuivi Hua Chunying.

Le vice-président, Wang Qishan fait fi de ces déclarations

Pour le vice-président, Wang Qishan, a assuré que «les pays devraient poursuivre les réformes structurelles, trouver un bon équilibre entre l’équité et l’efficience, adopter des mesures politiques efficaces pour prévenir l’accentuation des inégalités de revenus, et parer l’impact des nouvelles technologies et de la concurrence du marché sur les régions et les industries, afin que tous les peuples sortent gagnants du développement continu».

A la tribune du Forum économique mondial, le vice-président a réaffirmé l’engagement de la Chine concernant la réforme et l’ouverture et a exprimé sa confiance dans le développement futur du pays, en précisant également que les questions liées au développement et au progrès de la Chine pouvaient être répondues selon les perspectives historiques, culturelles et philosophiques.

Il a conclu en invitant le monde à découvrir les différents aspects de la Chine, ajoutant qu’il fallait définir des limites pour la sécurité de l’humanité, et élaborer progressivement des règles et des normes, tout en laissant de la place pour le développement et l’innovation technologique.