jeudi, avril 18

La Chine freinée dans ses ambitions technologiques

D’après l’Agence France Presse, « l’ambition de la Chine de dominer les technologies de télécommunication est en péril face aux inquiétudes des pays occidentaux. (Ces derniers craignent, ndlr) des risques de main-mise de Pékin sur des infrastructures vitales pour la sécurité des États ».

Certains médias chinois et occidentaux soupçonneraient l’administration Trump de vouloir couper l’élan de la Chine dans le domaine des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), en arrêtant la directrice financière de Huawei, l’un des leaders mondiaux des équipements télécoms.

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Huawei, leader du marché des NTIC

Avant l’interpellation de Meng Wanzhou le 30 novembre 2019 à Vancouver, Huawei était pointé du doigt dans plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, qui ont décidé de bannir de leurs réseaux à des degrés divers le numéro deux mondial des smartphones.

Ainsi, d’après Loïc Tassé du Journal de Montréal, « les véritables enjeux derrière cette histoire (Meng Wanzhou, ndlr) sont de nature commerciale. C’est que la compagnie Huawei est très en avance sur ses compétiteurs, en particulier américains, dans la mise en place d’un réseau internet dit de 5e génération. (…) Le pays qui parviendra à déployer le premier son réseau de 5e génération sera celui qui imposera ses normes et qui dominera le web mondial ».

« La menace est grave: si Huawei perd son accès aux lucratifs marchés occidentaux, il risque de perdre aussi sa capacité de croître et de financer ses dépenses de recherche et développement », a avertit auprès de l’AFP, Paul Triolo, expert en technologies auprès du cabinet Eurasia Group.

En effet, la cinquième génération des technologies mobiles (5G), est le point central de l’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou. La technologie G devrait devenir la colonne vertébrale de la transition numérique des économies, des véhicules autonomes à l’intelligence artificielle. Autant de domaines où la Chine compte devenir numéro un mondial, grâce à son plan « Fabriqué en Chine 2025 » (Made by China).

D’ailleurs, le gouvernement chinois a investi massivement dans des centres de recherches ultramodernes et attiré de nombreux chercheurs du monde entier, et principalement d’origine chinoise. A cela s’ajoute, l’achat par des entrepreneurs chinois de nombreuses entreprises étrangères de haute technologie, dont les technologies sont par la suite transférées vers la Chine.

Washington craint l’évolution technologique chinoise

Washington craint qu’avec la 5G, Beijing puisse perturber ses communications militaires. Raison pour laquelle, l’administration Trump considère Huawei comme le cheval de Troie de la Chine sur son territoire, à l’instar de ZTE.

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Pour les américains, « c’est comme si la personne qui a construit votre maison décidait de la cambrioler. Il connaît les plans, le réseau électrique, les accès et il a peut-être même gardé une clé », a souligné James Lewis, spécialiste des technologies au Centre pour les études stratégiques et internationales à Washington.

De son côté, les autorités chinoises craignent que les États-Unis interdisent à ces entreprises, comme Intel ou Qualcomm, de vendre à Huawei des puces ou autres équipements électroniques dont il est dépendant.

« Ce serait une catastrophe pour les ambitions technologiques chinoises, cela menacerait (Huawei) lui-même, ses sous-traitants, et l’avenir de la filière », a souligné Paul Triolo.

Cette affaire fait penser à celle engagée en début d’année par le président Donald Trump, dont l’administration a sanctionné l’autre géant des télécommunications, ZTE, en début d’année.

La société s’était vue interdire l’achat de composants américains, indispensables pour ses smartphones. Au bord de la faillite, ZTE a fini par payer une amende d’1 milliard de dollars pour avoir contourner les sanctions américaines contre l’Iran.

Un embargo américain sur les puces électroniques serait un coup « énorme » pour Huawei, « encore plus grave que pour ZTE », reconnaît Shi Yinhong, spécialiste des relations sino-américaines à l’Université du peuple à Pékin. « Si Huawei est atteint, la Chine perdra son avance dans la 5G ».

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