jeudi, avril 18

À Hong Kong, 40% des enseignants sont susceptibles de démissionner

De notre stagiaire Marie-Loi Cazillac – À Hong-Kong, l’éducation est l’une des cibles de la loi sur la sécurité nationale. Un sondage mené par le syndicat des enseignants professionnels de la région administrative spéciale révèle qu’environ 40% des enseignants ont l’intention de démissionner, notamment en raison de la pression politique croissante et du mécontentement vis-à-vis des conditions sociales.

Le syndicat demande aux autorités et aux membres du gouvernement de mettre fin à l’ingérence politique afin d’éviter qu’une vague de démissions ne soit à l’origine d’une interruption du secteur de l’éducation.

Après la modification drastique du système électoral hongkongais par Pékin, le syndicat des enseignants professionnels, considéré comme pro-démocrate et regroupant 85 000 électeurs, ne détient aucun siège au Conseil législatif.

Pour le président de l’association, Feng Weihua, la loi vise les pro-démocrates et étouffe la voix des enseignants en première ligne. Les chances que des membres du syndicat accèdent au Comité électoral ou au Conseil législatif sont donc très faibles. Mais ce sera décidé après de plus amples discussions avec d’autres groupes en septembre.

Les résultats du sondage du syndicat des enseignants professionnels, qui se présentait sous la forme d’un questionnaire en ligne disponible du 29 avril au 5 mai, ont été publiés le 9 mai. 1 178 enseignants et directeurs d’écoles maternelles, primaires et spécialisées ont été interrogés.

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Ainsi, 19% d’entre eux prévoient de démissionner ou de prendre leur retraite anticipée, 133 ont déjà quitté le secteur de l’enseignement ou le feront à la fin du semestre, et 21% préfèreraient partir mais n’ont pas de plan concret. Parmi eux, 48% travaillent depuis 21 à 30 ans. Feng Weihua craint un manque d’effectifs à l’avenir.

Selon le sondage, sur les 474 personnes qui ont fait part de leur intention de partir, environ 70% ont cité la pression politique comme la principale raison de leur départ, suivie par le mécontentement vis-à-vis des conditions sociales (55%) et des politiques éducatives (39%).

Feng Weihua a notamment déclaré que le Bureau de l’éducation de Hong Kong était une source de pression politique pour les écoles et les enseignants, en particulier car il traitait les plaintes de façon impartiale et acceptait que celles-ci soient anonymes, tout en faisant fi de l’opinion du corps enseignant et en poussant le remaniement des programmes scolaires.

Par ailleurs, le pouvoir établi continue de s’attaquer aux études secondaires et exige la mise en place de vidéosurveillance dans les salles de classe. La pression politique exercée sur les enseignants s’en est retrouvée accrue, et ils ont donc demandé aux autorités et aux députés de mettre fin à cette ingérence politique pour qu’ils puissent offrir aux élèves la meilleure éducation possible.

En réponse au sondage, le Bureau de l’éducation de Hong Kong a déclaré que, selon ses propres données annuelles, le nombre de départs d’enseignants restait stable et qu’il était normal que ce nombre fluctue.

Certains enseignants, qui ont souhaité rester anonymes, ont exprimé leur mécontentement dans les médias. L’un d’entre eux, qui était en train de régler des formalités d’immigration, a indiqué que le gouvernement de Hong Kong était devenu de plus en plus sévère envers le secteur éducatif, en particulier en ce qui concerne les mesures de la loi sur la sécurité nationale liées à l’éducation.

Ils sont, par exemple, tenus de suivre une formation de 30 heures sur la loi sur la sécurité nationale liées à l’éducation. Une autre professeure, qui enseigne l’histoire et qui prévoit de prendre sa retraite avec jusqu’à deux ans d’avance, a expliqué que sa décision de partir était due à la détérioration de l’environnement politique à Hong Kong.

Pour elle, il est difficile d’accepter que le simple fait d’écouter des slogans puisse mener à la prison. À l’école, l’autocensure est nécessaire: par exemple, il faut éviter le sujet des forces de l’ordre, et si la Révolution Culturelle peut être abordée, elle n’ose pas faire d’affirmations là-dessus. Elle a ensuite révélé que personne n’était assez courageux pour poser des questions politiques en classe et qu’elle rappellerait aux élèves de ne pas parler de politique lors des examens publics.

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