mercredi, février 28

Beijing attend de lancer ses projets en Birmanie

Le projet-phare promu par le gouvernement chinois consiste à développer une gigantesque zone industrielle et un port en eaux profondes d’1,3 milliard de dollars à Kyaukphyu dans l’Etat Rakhine (ouest).

Cette région est l’épicentre du drame des Rohingyas. D’ailleurs, la région fait face depuis plusieurs mois à de violents affrontements entre les militaires birmans et les rebelles de l’Armée d’Arakan (AA), qui lutte pour obtenir plus d’autonomie en faveur de la population bouddhiste (dite rakhine ou arakanaise).

Malgré les combats, les autorités ont déclaré cette zone « ouverte aux affaires », une proposition rejetée par les investisseurs occidentaux mais acceptée par les chinois. Beijing veut aussi finaliser un projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre le port birman et sa province enclavée du Yunnan.

La Chine a proposé en novembre 2017 la construction d’un couloir économique avec le Myanmar pour améliorer la coopération pragmatique entre les deux pays. Ce couloir voulu par Beijing soulève des questions de sécurité. Après l’Etat Rakhine, il doit traverser les zones montagneuses du nord de la Birmanie, où de nombreux groupes rebelles sont très présents, avant d’atteindre la frontière chinoise.

Un autre méga-projet de la Chine dans le nord du pays est au programme des discussions entre les autorités chinoises et birmanes. En 2009, la Chine avait signé avec la junte au pouvoir un contrat pour la construction d’un barrage de 3,6 milliards de dollars, à Myitsone dans l’Etat Kachin.

Mais la contestation des population locales a brutalement interrompu le projet deux ans plus tard. Un affront à la Chine qui considère l’Asie du Sud-Est comme son arrière-cour naturelle.

L’ouvrage entraînerait la disparition sous les eaux d’une région entière, et pourrait causer des dommages irréversibles au fleuve Ayeyarwady. Reprendre ce projet serait « catastrophique, contre-productif et impopulaire » avant les élections générales prévues fin 2020, a précisé à l’Agence France Presse, l’analyste Richard Horsey.

D’abord défavorable au barrage, Aung San Suu Kyi appelle maintenant ses concitoyens à reconsidérer leur opposition. La semaine dernière, le vice-ministre des Affaires étrangères chinois Luo Zhaohui a déclaré que les deux pays restaient « en communication étroite » dans ce dossier.

Le vice-ministre a surtout souligné le rôle de médiateur joué par son pays entre le Bangladesh et la Birmanie sur la question des réfugiés Rohingyas, dont 740.000 ont fui au Bangladesh depuis août 2017. La visite de Xi Jinping est « un signe de soutien envers Suu Kyi dans le contexte de la crise des Rohingyas », a analysé le politologue Yun Sun.

Au cours de sa visite, la prix Nobel de la Paix a indiqué au président Xi Jinping que « la Chine a toujours été un pays ami du Myanmar et les deux pays sont liés l’un à l’autre », ajoutant que « le Myanmar est prêt à continuer de partager les bonnes et mauvaises fortunes avec la Chine et à bâtir avec ce pays une communauté d’avenir partagé ». Cette dernière s’est dit convaincu que la visite de Xi Jinping stimulerait le développement des relations bilatérales.

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