vendredi, avril 5

Certaines entreprises américaines quittent la Chine

En pleine guerre commerciale entre Washington et Beijing, l’entreprise américaine Xentris Wireless a décidé de quitter la Chine pour produire dans d’autres pays asiatiques.

«C’est un désagrément énorme, à un coût très important», a indiqué à l’Agence France Presse, Ben Buttolph, responsable financier de ce fabricant d’accessoires pour téléphones. Depuis que le début de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, Xentris Wireless a relocalisé sa production aux Philippines, à Taïwan et au Vietnam.

Cette décision stratégique est considérée comme un «traumatisme» par le dirigeant, qui affirme ne pas avoir l’intention de retourner de sitôt en Chine, même si les pays voisins n’ont pas les mêmes avantages.

«Il a fallu une trentaine d’années pour développer les chaînes d’approvisionnement en Chine. La Chine a beaucoup d’infrastructures que certains autres pays n’ont pas encore», a expliqué ce dernier.

Xentris Wireless a souligné que «nous essayons d’avoir plusieurs sites certifiés pour nos produits afin de pouvoir facilement basculer en cas de problème sur l’un d’entre eux».

Les droits de douane supplémentaires frappant des milliards de dollars de biens importés de Chine sont entrés en vigueur le 1er septembre aux Etats-Unis. Et d’ici la fin de l’année, la totalité des importations en provenance de Chine, soit 540 milliards sur la base de celles de 2018, sera surtaxée, avec une dernière salve de tarifs prévue le 15 décembre.

Certaines entreprises américaines produisant en Chine ont absorbé la hausse des droits de douane ou augmenté leurs prix, mais elles sont de plus en plus nombreuses, comme Xentris Wireless, à aller voir ailleurs.

«Nous quittons la Chine et n’avons pas l’intention d’y retourner, que ce soit à court ou long terme», a affirmé Ben Buttolph. Son entreprise a consulté des experts juridiques lorsque le président Donald Trump a lancé sa guerre commerciale avec son homologue chinois Xi Jinping.

«Certaines entreprises pensaient que tout cela allait se dégonfler et que Xi Jinping et Donald Trump allaient trouver un accord», se rappelle ce dernier, ajoutant que «nous avons pour notre part rapidement estimé que le problème était amener à durer».

Pourtant aujourd’hui, «il se peut que les choses ne soient plus jamais comme avant en Chine». D’ailleurs, la société de prêt-à-porter californienne PacSun cherche des solutions, car «il est presque impossible désormais, avec la dernière salve de droits de douane, d’importer de Chine», a estimé Richard Roberts, responsable des importations de la marque.

PacSun compte transférer cette année 30% de sa production en Chine vers le Sri Lanka, le Bangladesh et le Pakistan. Mais «certaines usines ne vont pas forcément respecter les délais. Les routes ne sont pas construites, donc les containers mettent plus longtemps à arriver au port».

«Il faut composer avec Trump et son agenda politique», relativise-t-il. Mais pour Tom Casen, responsable de la Camelot Company, une société de courtage en douane basée près de l’aéroport international de Chicago, «le grand perdant est celui qui va au magasin acheter son tournevis 25% plus cher qu’avant les droits de douane de Trump».

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