dimanche, mars 24

La Chine, « 1ère prison du monde pour les journalistes-citoyens »

Reporter Sans Frontières vient de publier son rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde, dans lequel les auteurs dénonce le président Xi Jinping, désigné comme le « premier censeur de la planète et prédateur de la liberté de la presse.

Pour RSF, le président est « l’instigateur d’une politique visant au contrôle hégémonique de l’information et à l’instauration d’un ordre médiatique mondial largement influencé par la Chine ».

En effet, depuis quelques années, l’agence de presse Xinhua a signé des accords de partenariat, avec plus d’une trentaine de pays, dans le but de véhiculer une information « positive » de la Chine.

« En 2015 et 2016, nombre de journalistes-citoyens, de blogueurs et de militants des droits humains, y compris étrangers, ont été arrêtés par les autorités et contraints de passer aux aveux », souligne le rapport de RSF.

L’ONG a dénoncé des aveux forcés « en violation du ‘droit fondamental à un procès équitable’, (qui, ndlr) sont ensuite diffusés par la chaîne d’information d’État CCTV et relayés par l’agence de presse Chine Nouvelle ».

Plus de 100 journalistes et blogueurs sont actuellement emprisonnés. Parmi eux, la célèbre Gao Yu,  ainsi que les reporters et lauréats du prix RSF pour la liberté de la presse Lu Yuyu, Li Tingyu et Huang Qi, fondateur du site d’information 64Tianwang.

Cette année, la Chine se situe à la 176ème au Classement mondial de la liberté de la presse 2017. Une position qui n’a pas changé depuis 2016, mais elle pourrait évoluer dans les années à venir.

En effet, Meng Hongwei, ancien vice-ministre chinois chargé de la Sécurité publique a été élu président d’Interpol, organisation internationale de police criminelle basée à Lyon. « La Chine pourrait profiter de cette nomination pour surveiller voire entraver les mouvements de journalistes, blogueurs et autres défenseurs des droits de l’homme », a indiqué RSF, le 7 avril.

Lorsque Meng Hongwei était vice-ministre chargé de la Sécurité publique, « les organismes de défense des droits humains avaient à plusieurs reprises dénoncé des violations graves commises par son ministère, telles que l’usage de la torture, la détention arbitraire ou encore la persécution des droits de l’homme ».

Les « notices rouges », moyens par lesquels Interpol informe qu’un mandat d’arrêt a été délivré par une autorité judiciaire d’un pays membre ou un tribunal international, constituent l’un des principaux motifs d’inquiétude concernant la nomination de Meng Hongwei.

« Normalement, lorsque l’on vit sous une dictature, on peut fuir à l’étranger. Mais, avec cette nomination, je crains que toutes les polices ne collaborent avec le gouvernement chinois » a déclaré le dissident Wei Jingsheng, lors d’une conférence de presse facilitée par le journal Lyon Capitale le 5 avril à Lyon.

Wei Jingsheng a indiqué que Beijing  « a désormais accès aux informations sensibles détenues par Interpol et la nomination de Meng Hongwei montre que l’agence a renforcé sa coopération avec le gouvernement chinois. Et avec la propagande et les mensonges du Parti Communiste, la population chinoise pense que tous les organes de police mondiaux collaborent avec le gouvernement de Xi Jinping ».

Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières, a souligné – de son côté – que « l’indignation et l’inquiétude de Wei Jingsheng sur le danger d’avoir un responsable de la répression des défenseurs des droits humains à la tête d’Interpol, sont loin d’être exagérées ».

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