dimanche, mars 24

Enquête ouverte sur la femme enchaînée du Jiangsu

Les images terribles d’une femme, nommée Madame Yang, recroquevillée dans une hutte avec une chaîne autour du cou, ont fait le tour des réseaux sociaux.

Sur la séquence datée du 26 janvier, la est femme debout, dans des conditions glaciales, enchaînée par le cou à un mur de béton dans une hutte apparemment localisée à Xuzhou, dans la province orientale du Jiangsu.

Derrière la caméra, un homme qui tenterait de l’aider et d’alerter sur sa situation. Il échange avec elle et est visiblement choqué. Il lui donne des vêtements chauds et essaie de lui poser quelques questions.

Identifiée comme Madame Yang, mère de 8 enfants et épouse de Monsieur Dong par les autorités, elle est incapable de répondre de manière cohérente, voire de comprendre ce que lui dit le visiteur.

Le lendemain, afin d’attirer l’attention sur les conditions inhumaines de cette femme, ce dernier publie la vidéo sur Douyin, propriétaire de TikTok, déclenchant une indignation nationale.

Les internautes, horrifié·es par ces images, ont interpellé les autorités nationales et locales pour qu’elles interviennent sans attendre. Beaucoup se sont demandés comment Madame Yang a-t-elle atterri là ? A-t-elle été kidnappée ? Est-elle réduite en esclavage ? A-t-elle consenti à ces grossesses ?

Une autre question qui revient : comment une femme a-t-elle pu donner naissance à autant d’enfants sans que les institutions ne se penchent plus sérieusement sur son cas ? Beaucoup ont aussi évoqué les mauvais traitements infligés aux femmes et leurs droits limités dans les zones rurales de Chine.

Depuis le 28 janvier, les discussions sur internet ont été fortement censurées. Les autorités ont également supprimé de nombreux messages évoquant le trafic d’êtres humains et ont censuré la phrase-clé « Xuzhou Eight Children« .

La réponse des autorités s’est au début limitée à quelques informations vagues, et particulièrement stigmatisantes : Madame Yang aurait épousé Monsieur Dong en 1998. On lui aurait diagnostiqué une maladie mentale et la famille du mari aurait déclaré aux autorités locales que la mère avait souvent des accès de violence.

Le gouvernement n’a fait aucun commentaire sur la détention, son bien-être et l’utilisation des chaînes, ce qui a été vivement reproché par les internautes.

Le 30 janvier, un deuxième communiqué officiel est paru. « Monsieur Dong est soupçonné d’avoir violé la loi. Les autorités chargées de la sécurité publique ont ouvert une enquête à son sujet ».

Le texte affirme que la prisonnière, qui s’avérerait être atteinte de schizophrénie, serait désormais hospitalisée pour être soignée et que ses enfants auraient été pris en charge par l’État.

Une affaire qui, à en croire les 190 millions de vues sur ce document et les 56 000 commentaires dans la seule journée du 27 janvier, principalement des critiques, n’est pas près de s’étouffer. Malgré les tentatives du gouvernement ce censurer le sujet.

D’ailleurs, les autorités chinoises ont promis le 17 février des sanctions «sévères» contre les responsable de la détention de la mère de famille enchaînée.

Selon la police, le mari de la victime, âgé de 55 ans, est soupçonné de détention illégale. Le couple a eu huit enfants, selon la même source, qui a précisé avoir des doutes sur la validité du mariage.

Dans un communiqué, les autorités provinciales se sont engagées le 17 février à «découvrir toute la vérité et à sanctionner sévèrement les actes criminels en question, (…) dont devront répondre les responsables».

Selon l’agence de presse Xinhua, l’affaire a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux ainsi que des interrogations sur la prise en charge de la santé mentale dans les campagnes.

L’agence a indiqué que « nombre de commentateurs critiquaient la lenteur de la réaction des pouvoirs publics et estimaient que la femme enchaînée était probablement une des très nombreuses victimes de la traite des femmes en Chine ».

«J’espère que cette affaire conduira à une répression de la traite des êtres humains au niveau national», a d’ailleurs écrit un internaute. Les autorités locales ont indiqué qu’un couple soupçonné d’enlèvement fait l’objet de poursuites en lien avec cette affaire.

La politique de l’enfant unique, imposée en Chine pendant près de 40 ans jusqu’en 2016, a abouti à une pénurie de femmes du fait d’une préférence traditionnelle pour les enfants mâles, a écrit l’agence de presse.

Ce déséquilibre a donné lieu à un grand nombre d’enlèvements de jeunes femmes mariées de force dans les villages où les hommes sont en surnombre, a conclu Xinhua.

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