samedi, avril 6

Global Witness accuse une entreprise chinoise d’abattre illégalement du bois au Congo

L’ONG Global Witness a accusé une entreprise chinoise d’abattre illégalement du bois en République démocratique du Congo. De plus, selon elle, la Chine, malgré ses engagements internationaux, ne lutte pas contre la déforestation en dehors de ses frontières.

L’entreprise chinoise d’exploitation forestière Congo King Baisheng Forestry Development (CKBFD) a exporté pour plus de 5 millions de dollars de bois abattu illégalement depuis la République démocratique du Congo (RDC) vers la Chine entre juin et décembre 2022, selon une nouvelle enquête de Global Witness.

L’ONG a indiqué dans un rapport que sur la base d’images satellites, l’enquête a révélé qu’en dépit de la suspension de ses concessions par le ministère de l’Environnement en avril 2022, CKBFD a continué à abattre du bois dur rare et précieux dans la forêt tropicale de la RDC.

« L’entreprise a exporté le bois par le biais de sa société mère, le conglomérat chinois du bois Wang Peng International, vers le port de Zhangjiang, près de Shanghai, en Chine. Global Witness a décelé cette transaction en suivant les mouvements de navires de la RDC vers la Chine et en les comparant aux données des douanes chinoises », ont écrit les rapporteurs.

Les douanes chinoises et le ministère congolais de l’Environnement ont été mit au courant de ces allégations d’activités illégales, avant la publication du rapport.

« Les autorités chinoises ont indiqué à Global Witness en septembre 2023 qu’elles ne pouvaient pas prendre de mesures répressives, car l’abattage a eu lieu en dehors du territoire chinois et a violé les lois de la RDC », a écrit l’ONG. Cependant, les autorités chinoises ont indiqué qu’elles sont « disposées à envisager des actions si les autorités de la RDC le leur demandent ».

Global Witness n’a reçu aucune réponse aux demandes de commentaires envoyées à Wang Peng International et au gouvernement de la RDC.

« Le rapport met en lumière les problèmes de gouvernance qui rongent l’industrie forestière en RDC, notamment la corruption, l’abattage illégal de bois et les conflits avec les communautés forestières. Lors d’une visite de ministres de la RDC dans 52 concessions forestières en 2023, moins d’une sur quatre opérait dans le respect des lois ».

Bien que la Chine ait affirmé son intention d’appliquer ses lois pour lutter contre la déforestation illégale, le rapport démontre que la Chine n’interdit toujours pas l’importation de bois illégalement abattu dans la pratique. Une telle attitude entrave sa capacité à mettre en œuvre et à concrétiser ses engagements internationaux.

Charlie Hammans, investigateur forestier de Global Witness, a déclaré que « notre enquête révèle qu’en dépit de la suspension de ses concessions par le gouvernement, l’entreprise chinoise CKBFD a continué à ravager la RDC en rasant des forêts tropicales anciennes et en exportant du bois illégal d’une valeur de plusieurs millions de dollars en Chine. La Chine étant l’un des plus grands pays consommateurs de bois au monde, elle peut apporter une contribution essentielle à la lutte contre la déforestation et les autorités chinoises doivent prendre des mesures répressives contre les entreprises qui exploitent les précieuses forêts de la RDC pour du profit ». 

Souvent surnommé le « deuxième poumon du monde« , le Bassin du Congo constitue l’un des écosystèmes les plus importants de la planète et joue un rôle crucial dans la régulation du climat mondial, a souligné l’ONG dans son communiqué de presse.

Le principal facteur de l’abattage illégal de bois en Afrique est la demande du marché chinois en teck africain (Afrormosia) et en espèces de substitution à l’acajou, telles que le Sapele, qui exerce une pression énorme sur les forêts de tout le bassin du Congo.

La législation forestière chinoise, révisée en 2019, ne semble pas permettre à la Chine de prendre des mesures contre les importations de bois illégalement abattu.

L’ONG Global Witness a exhorté la Chine « à adopter et à mettre en œuvre une interdiction juridique claire des importations de bois illégal — et des financements qui nourrissent cette déforestation — avant que les écosystèmes essentiels de la RDC et d’autres forêts tropicales ne soient détruits ».

Blaise Mudodosi, Coordinateur d’Actions pour la Promotion et Protection des Peuples et Espèces Menacées (APEM), a indiqué que « les coupes illégales dans le Bassin du Congo constituent une grave menace pour la forêt tropicale et les peuples qui en dépendent. Le rôle de la Chine dans cette pratique suscite de vives inquiétudes au vu de la vaste demande en bois de ce pays ». 

Selon lui, « le gouvernement chinois doit adopter des mesures pour mettre fin à cet influx de bois illégal en provenance de RDC et d’autres pays du Bassin du Congo et fournir une assistance financière et technique à la RDC pour l’aider à restreindre efficacement ce flux et à gérer ses forêts de manière durable. L’avenir des forêts tropicales du Bassin du Congo en dépend ».

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