jeudi, avril 25

Gui Minhai a été condamné à 10 ans de prison

L’éditeur suédois, d’origine chinoise, Gui Minhai, accusé d’avoir diffusé des «informations classées», a été condamné à dix ans d’emprisonnement.

Ce verdict risque de raviver les tensions diplomatiques entre Beijing et Stockholm. À la fois libraire et éditeur, Gui Minhai, 55 ans, publiait à Hong Kong des livres au contenu salace sur les dirigeants chinois. Il avait déjà été détenu en Chine entre 2015 et 2017, avant de «disparaître» à nouveau dans le pays en février 2018.

Un tribunal de Ningbo a prononcé la condamnation le 24 février, le reconnaissant coupable d’avoir « illégalement diffusé à l’étranger des informations classées », sans préciser la nature de ces dernières.

Dans un communiqué, le tribunal a assuré que l’éditeur avait demandé en 2018 à retrouver sa nationalité chinoise. Or, la Chine ne reconnaît pas de double nationalité. Personne ne sait si il a renoncé à son passeport suédois.

Gui Minhai «a reconnu sa culpabilité, accepté le verdict et ne fera pas appel», selon le communiqué. Ce dernier travaillait à Hong Kong pour la maison d’édition Mighty Current.

Grâce aux libertés publiques de la région administrative spéciale d’Hong Kong, cette maison publiait des livres sensationnels sur la vie privée des dirigeants chinois, interdits en Chine continentale.

Cependant en 2015, comme quatre de ses collègues, Gui Minhai avait disparu lors de vacances en Thaïlande, avant de réapparaître dans un centre de détention chinois et « d’avouer » à la chaîne CCTV son implication dans un accident de la route en 2003.

Beijing avait alors assuré avoir relâché en octobre 2017, mais selon sa fille, Angela Gui, il avait été placé en résidence surveillée à Ningbo. Gui Minhai avait été de nouveau interpellé en janvier 2018 dans un train. Ce dernier se rendait dans la capitale chinoise, en compagnie de diplomates suédois, pour un rendez-vous médical.

Après cette deuxième «disparition», Gui Minhai était de nouveau apparu à la télévision chinoise, accusant la Suède – son pays d’adoption – de l’avoir manipulé comme «un pion» et avouant «avoir enfreint la loi à son instigation».

Stockholm avait alors vivement dénoncé en février 2018 l’interpellation «brutale» de Gui Minhai dans le train où des diplomates suédois l’accompagnaient, la jugeant «contraire aux règles internationales fondamentales sur le soutien consulaire».

La Chine avait alors exprimé sa colère lorsqu’en novembre 2018, la ministre suédoise de la Culture lui avait remis, en son absence, un prix de l’association de défense des écrivains PEN.

L’ambassadeur de Chine avait menacé Stockholm de «mesures de rétorsion», tandis que Beijing annulait la venue en Suède de deux importantes délégations de patrons chinois.

Cette affaire fait polémique en Suède, où l’ex-ambassadrice de Suède à Beijing, Anna Lindstedt, a été accusé d’avoir tenté de négocier début 2019 avec de mystérieux intermédiaires, prétendument proches du pouvoir chinois, la libération de Gui Minhai sans en avertir son ministère.

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