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La Chine appelle à un dialogue avec les talibans

Il est important de s’engager avec la « nouvelle administration » pour lui donner des conseils et lui donner confiance, a déclaré l’envoyé de la Chine aux Nations Unies.

La Chine a renouvelé le 15 août ses appels à la communauté internationale pour qu’elle s’engage auprès des talibans, à la tête de l’Afghanistan, un an après la prise de contrôle de Kaboul par le groupe.

La prise du pouvoir par les talibans après près de 20 ans a été une surprise pour le monde, et a conduit à un retrait chaotique et rapide des troupes dirigées par les États-Unis d’Afghanistan.

L’envoyé chinois de l’ONU, Zhang Jun, a déclaré aux journalistes à New York qu’il était important de dialoguer avec la nouvelle administration pour lui donner des conseils et de la confiance afin qu’elle puisse aller de l’avant.

Bien que la Chine n’ait pas reconnu les talibans comme le gouvernement légitime de l’Afghanistan, elle entretient des relations diplomatiques avec le groupe. En mars 2022, le ministre chinois des affaires égrangères, Wang Yi, s’est rendu à Kaboul pour des pourparlers avec les talibans.

«Pour la Chine, le partenariat avec les talibans est un partenariat pragmatique et avant tout sécuritaire», avait expliqué au journal La Croix Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).

«On l’oublie parfois, mais l’Afghanistan et la Chine partagent une frontière, certes très réduite et à haute altitude. Avoir un pays aussi vaste et instable que l’Afghanistan dans son environnement régional, c’est problématique pour la Chine qui n’est pas hermétique aux influences culturelles et religieuses», a indiqué ce dernier.

Pour Zhang Jun, « ceux qui se sont retirés doivent également exercer leurs responsabilités. Ils ne peuvent pas simplement dire qu’ils sont partis et tout oublier ». Une référence cachée au départ précipité des soldats américains, laissant couac les afghans et certains alliés dans la région.

Il a également appelé au déblocage des fonds afghans, qui restent gelés aux États-Unis, de la banque centrale du pays dès que possible. « Rien ne justifie que quiconque gèle les avoirs appartenant à l’Afghanistan », a-t-il déclaré.

Les États-Unis ont saisi près de 9 milliards de dollars de fonds afghans depuis la prise de contrôle des talibans, l’administration Joe Biden divisant les avoirs gelés entre les victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et l’aide humanitaire au peuple afghan.

Lire aussi : La Chine dénonce le « vol » de l’argent afghan par les États-Unis

D’ailleurs, plus de 70 économistes et experts d’autres domaines ont récemment écrit au président américain Joe Biden et à la secrétaire au Trésor, Janet Yellen pour critiquer le décret du gouvernement américain qui a divisé en deux les 7 milliards de dollars d’actifs gelés de la banque centrale afghane et pour demander au gouvernement américain de restituer immédiatement l’intégralité de ces actifs.

Cette lettre ouverte a été publiée par le Center for Economic and Policy Research et cosignée par le lauréat du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz ainsi que par d’autres spécialistes mondiaux.

Pour le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, « la saisie par le gouvernement américain de 7 milliards de dollars des réserves de change de l’Afghanistan a joué un rôle important dans l’effondrement de l’économie afghane. La décision du gouvernement américain de diviser ces fonds en deux est arbitraire et injustifiée, ce qui causera un grave préjudice au redressement de l’économie afghane ». 

Ce dernier a indiqué qu’à l’occasion du premier anniversaire du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, « de nombreuses personnalités de la communauté internationale ont fait des critiques que les dommages causés par les États-Unis au peuple afghan n’ont jamais cessé, voire se sont aggravés ».

Au total, près de 20 millions de personnes, soit la moitié de la population, se trouvent aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et 95% de la population ne mange pas à sa faim. Plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë et prolongée.

Pour Wang Wenbin, « la ‘transformation forcée’ de l’Afghanistan par les États-Unis au cours de près de 20 ans, n’a non seulement pas réussi à libérer le peuple afghan de la pauvreté et de la tourmente, mais a également exacerbé la crise de survie et de développement du peuple afghan ».

Image de Une : Wang Yi a rencontré le Mollah Abdul Ghani Baradar, en juillet 2021

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