dimanche, mars 24

La Chine, grande star du G20

Choc boursier, dévaluation du yuan, exportations en baisse, contractions de l’activité manufacturière, la Chine connaît actuellement des bouleversements économiques, qui pourraient selon certains économistes impacter l’économie mondiale.

Valeur Yuan Dollar 2014-2015 AFP
Valeur Yuan Dollar 2014-2015 AFP

Nouveau sermon des américains

Le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, a appelé ce vendredi 4 septembre, la Chine à « s’abstenir de toute dévaluation compétitive », lors d’une réunion des ministres des Finances du G20 à Ankara, où il a rencontré son homologue chinois, Lou Jiwei.

Dans un communiqué, le secrétaire américaine a estimé que « la Chine devait permettre à son taux de change de refléter les fondamentaux économiques, éviter des distorsions persistantes du taux de change et s’abstenir de toute dévaluation compétitive », selon l’AFP.

Le gouvernement américain ne veut plus voir le cours du yuan baisser, qui permet à la Chine de relancer ses exportations mais de freiner celles des États-Unis. Ce n’est pas la première fois que les autorités américaines accusent Beijing de dévaluer sa monnaie. Mais cette fois-ci, Jack Lew lance un avertissement après la série de dévaluation instaurée en août.

Pour ce dernier, « la Chine doit progresser vers un système de taux de change davantage déterminé par le marché, en permettant à ce dernier de faire évoluer la devise chinoise aussi bien à la hausse qu’à la baisse ». Jack Lew a également appelé Beijing à « communiquer soigneusement aux marchés financiers ses intentions et ses actions ».

De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a assuré que « les questions de taux de change n’avaient pas été vendredi 4 septembre, au cœur de la discussion, reconnaissant qu’il s’agissait d’une préoccupation américaine ».

Pour ce dernier le G20, « est favorable à des solutions coordonnées à la fois sur les questions économiques et sur celles des taux de change », a-t-il assuré. Cependant, l’économiste Jacques Attali assure que « la manipulation du taux de change ne suffira pas à enrayer cette chute. Au contraire, même, elle peut l’aggraver en mettant la Chine en situation de dépendre du bon vouloir des spéculateurs internationaux, et en incitant d’autres pays à agir sur leur taux de change pour rétablir leur compétitivité ».

Des répercussions sur l’économie mondiale

Dans un premier temps, le FMI avait démenti indirectement les actes de dévaluation par la Banque Centrale de Chine, affirmant en août que le pays avait encore des efforts à faire pour pouvoir intégrer la liste des droits de tirage spéciaux.

Cependant, un rapport de l’institution, publié le 2 septembre en préparation de la réunion des ministres des Finances du G20 à Ankara (Turquie), souligne que « la transition de la Chine vers un rythme de croissance plus modéré, si elle correspond en gros aux prévisions, semble avoir des répercussions transfrontalières plus importantes que ce qui était précédemment envisagé, ce qui se reflète dans une baisse du prix des matières premières et des marchés boursiers ».

Selon le FMI, la croissance mondiale au 1er semestre 2015 a été plus lente que sur la même période l’an passé, « reflétant un ralentissement dans les pays émergents et une reprise plus faible dans les économies avancées ».

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a elle appelé vendredi 4 septembre, les grands pays émergents à être « vigilants » face aux retombées du ralentissement en Chine.

Le Fonds a recommandé en conséquence la poursuite des politiques monétaires accommodantes suivies en Europe, au Japon et aux États-Unis. Cependant, les pays devront justifier, sur la base de données économiques, les raisons du relèvement des taux.

Pour Paul Jackson, directeur de la recherche économique chez Source, l’Allemagne devrait être le pays le plus touché de la zone euro, car ses exportations vers la Chine représentent 2,5% du PIB allemand, contre 0,6% dans le reste de la zone et aux États-Unis.

Pas d’alarmisme à avoir

Pour Chunyan Li de FEIDA Consulting, il n’y a pas lieu de s’alarmer car « ce mouvement de balancier n’est pas exceptionnel : entre 2008 et 2010, la Bourse chinoise avait également connu une période de grande volatilité ».

Source Bloomberg août 2015
Source Bloomberg août 2015

Dans les colonnes de Le Monde, l’économiste explique qu’il s’agit d’une « énième correction boursière », car « il faut relativiser cette chute boursière au regard de l’ensemble de l’économie ». En effet, selon cette dernière, « le financement par actions et obligations ne représentait que 17 % du financement d’entreprises en Chine en 2014 » et moins de 7 % des chinois investissent en Bourse ».

D’ailleurs, le choc boursier ne devrait pas entraîner de récession, comme l’estiment certains économistes. En effet, « le ralentissement de l’économie chinoise n’est pas une nouveauté, et si cette moindre croissance explique la baisse du prix des matières premières, la Chine étant le second importateur mondial, je ne crois pas que nous nous dirigeons vers une récession mondiale à cause de la Chine », a expliqué Eric Chaney, chef économiste chez Axa et directeur de la recherche d’Axa IM,

D’autant que le choc boursier arrive à un moment où l’économie chinoise se tourne principalement sur la consommation intérieure, qui représente plus de 400 millions de consommateurs qualifiés de solides et éduqués. Mais aussi vers l’investissement au sein même du pays.

Mingpo Cai, président du fonds Cathay Capital, a expliqué à Challenges, qu’au lieu de « se préoccuper de la Bourse, mieux vaut chercher la meilleure manière de satisfaire ces consommateurs très intelligents, dont les exigences changent. Dans six mois, tout le monde aura oublié cet épisode boursier ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *