mardi, mars 12

La contribution de la Chine à la lutte contre le paludisme en Centrafrique: actualité et pertinence

Tribune de Cyrus Sandy, coordonnateur National du Réseau des Journalistes et Médias Centrafricains pour l’Initiative «La Ceinture et la Route»

La République populaire de Chine à travers sa représentation diplomatique en République Centrafricaine (RCA) a lancé le dimanche 17 mars 2019 au village Nguerengou situé à 30 Km de Bangui sur la route de Damara, une campagne nationale de l’éradication du paludisme en RCA, en présence du président Faustin-Archange Touadéra et quelques membres du gouvernement dont le ministre de la Santé et de la population, Dr Pierre Somsè.

Ce fut une nouvelle occasion pour Son Excellence Chen Dong, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Chine en Centrafrique, de vanter la qualité de la coopération entre les deux pays, et de procéder à la remise des kits de médicaments traitant le palu (Arthemeter notamment) ainsi que des produits vivriers de fabrication chinoise.

Par cet acte, l’Empire du Milieu confirme son souci de voir la population centrafricaine en santé, car sans la santé aucun être humain, aucun peuple ne peut entreprendre quelque chose de bien. Même le plus grand savant, le plus grand ingénieur, le plus grand industriel ne peut pas inventer ni innover s’il ne jouit pas d’une bonne santé.

L’expérience chinoise en matière de développement part des trois priorités inscrites par Barthélémy Boganda, le Mao centrafricain, dans son programme politique d’alors, à savoir: NOURRIR, INSTRUIRE, SOIGNER. Car, pour Boganda aussi bien que pour Mao Zedong repris par l’actuel président chinois Xi Jinping, un peuple travailleur, producteur et heureux est un peuple qui jouit d’une bonne santé et d’une bonne éducation, d’une bonne instruction et d’une bonne formation.

Depuis l’époque Mao et la politique de l’ouverture mise en place par son distingué successeur Deng Xiaoping en 1978, les gouvernements chinois qui se sont succédés ont mis un accent particulier sur l’éducation, la santé et l’alimentation de la population. D’où les grands succès enregistrés dans les différentes politiques sectorielles de développement en 40 ans, succès ayant conduit au classement de la Chine comme la 2ème puissance économique du monde, après les Etats-Unis.

Cela dit, l’aide chinoise pour l’amélioration de la santé de la population centrafricaine tombe à point nommé parce que:

  • tous les rapports officiels nationaux et internationaux indiquent que le paludisme est la première cause de mortalité en Centrafrique, frappant particulièrement les femmes et les enfants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les deux tiers des consultations pédiatriques des enfants de moins de 5 ans sont liés au paludisme. On compte 1,3 millions de cas confirmés de paludisme en 2017, dont plus de 660 000 enfants de moins de 5 ans. 3689 personnes sont mortes du paludisme dont 670 enfants de moins de 5 ans;
  • la Centrafrique est le deuxième pays au monde (après le Pakistan) qui affiche le taux de mortalité néonatale le plus élevé avec un nourrisson sur 24 qui meurt avant d’atteindre l’âge d’un mois. L’une des principales causes de ces décès est le paludisme;
  • la Centrafrique vise les objectifs mondiaux de réduction de l’incidence et de la mortalité associée de 40% en 2020, 75% en 2025 et 90% en 2030. Un défi qui nécessite un important  et continu effort de financement et continu notamment pour la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides longue durée, des médicaments des traitements antipaludiques, des soins ainsi que des tests de diagnostic rapides et fiables.

C’est dire que l’aide chinoise pour la guerre contre le paludisme est une bonne aubaine, surtout dans un contexte où l’insécurité physique et alimentaire demeure une inquiétude.

Il convient aussi de rappeler que la campagne anti-palu que vient de lancer la Chine à Nguerengou fait partie des activités inscrites dans l’agenda de la coopération sino-centrafricaine en matière de santé annoncé en 2018 par l’ambassadeur Chen Dong à l’occasion de la célébration du 40ème anniversaire de la Mission médicale chinoise en Centrafrique. D’autres villes auront à bénéficier de l’aide médicale chinoise contre le palu qui est l’ennemi public n°1 en Centrafrique.

 La lutte contre le palu est une activité permanente de la Chine en RCA. Chaque année, la Chine met gratuitement à la disposition de la RCA des tonnes de médicaments anti-palu pour soigner les malades du palu. Grâce à la Chine, les enfants qui souffrent du palu et qui sont internés ou consultés au Complexe pédiatrique de Bangui reçoivent gratuitement les médicaments anti-palu.

La coopération médicale entre la Chine et la RCA est la plus riche avec la construction, sur financement et apport technique du gouvernement chinois, de deux hôpitaux de référence: l’Hôpital de l’Amitié au quartier Fouh, dans le 4ème arrondissement de Bangui, et l’Hôpital Maman Elisabeth Domitien, à Bimbo, à la sortie sud de la capitale.

La Chine dispose d’une mission médicale permanente à l’Hôpital de l’Amitié et assure le renforcement des capacités des médecins et paramédicaux centrafricains chaque année à travers des séminaires et stages de courte, moyenne et longue durée en Chine.

Des missions médicales chinoises ponctuelles viennent périodiquement à Bangui pour des consultations gratuites menant à des opérations chirurgicales gratuites ainsi qu’à des traitements ophtalmologiques tout aussi gratuits, au grand bonheur de la population centrafricaine.

La campagne médicale chinoise de lutte contre le paludisme est soutenue par le ministère de la Santé et l’Assemblée nationale centrafricaine à travers l’honorable député Jocelyn Magloire Makango, président du Groupe d’amitié parlementaire Chine-Centrafrique.

Nguerengou est la première étape de cette campagne nationale de l’éradication du paludisme qui est la première cause de la mortalité en Centrafrique. Les villes de Boali dans l’Ombella-M’Poko et M’Baïki dans la Lobaye, accueilleront la prochaine campagne nationale de lutte contre le paludisme appuyée par la Chine.

Malheureusement, les médias privés ne sont associés à l’évènement.

Par Cyrus-Emmanuel Sandy, Coordonnateur National du Réseau des Journalistes et Médias Centrafricains pour l’Initiative «La Ceinture et la Route» (RJMCR) in: MEDIAS+ n°2103 du Jeudi 21 Mars 2019