mercredi, mars 27

La fenêtre d’enquête sur les origines du Covid-19 se ferme rapidement

Des scientifiques internationaux ayant participé à la mission d’enquête OMS-Chine sur les origines du SRAS-CoV-2 en Chine ont averti que la fenêtre pour une étude scientifique sur les origines du Covid-19 était en train de se refermer.

Cette urgence est selon à prendre en compte «alors que le travail de suivi est au point mort depuis la publication du rapport de cette mission en mars, soulignant l’urgence d’une étude scientifique collaborative».

«Il est donc temps que prennent fin les ingérences politiques qui se concentrent sur la théorie d’une fuite de laboratoire, tentant de discréditer les scientifiques et de creuser un fossé entre eux», a indiqué au Global Times un scientifique qui a participé à la mission.

Dans un article intitulé «Origins of SARS-CoV-2: window is closing for key scientific studies», publié dans la revue scientifique Nature, 11 scientifiques internationaux ont déclaré que le rapport de mars était «censé être la première étape» d’un processus qui est au point mort.

Parmi les signataires figurent la virologue néerlandaise Marion Koopmans et le président de l’Alliance EcoHealth Peter Daszak, qui ont participé en janvier à la mission conjointe OMS-Chine de 28 jours à Wuhan, dans la province chinoise du Hubei (centre), pour enquêter sur les origines du virus, et qui ont complété leur rapport en mars 2021.  Vladimir G. Dedkov , Dominic E. Dwyer , Elmoubasher Farag , Thea K. Fischer , David T. S. Hayman , Fabian Leendertz , Ken Maeda , Hung Nguyen-Viet et John Watson ont également signé l’appel.

Les auteurs attestent que «la fenêtre d’opportunité pour mener cette enquête cruciale se referme rapidement : tout retard rendra certaines des études biologiquement impossibles. Comprendre les origines d’une pandémie dévastatrice est une priorité mondiale, fondée sur la science».

Marion Koopmans a déclaré lors d’un entretien au quotidien chinois Global Times que les auteurs de l’article voulaient attirer l’attention. «La recherche des origines du SARS-CoV-2 est à un moment critique. Il y a une volonté d’aller de l’avant à la fois de l’équipe internationale de l’OMS et de l’équipe chinoise» ont-ils expliqué.

«Surtout, la fenêtre se referme rapidement sur la faisabilité biologique de la recherche critique de personnes et d’animaux à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine. Les anticorps SARS-CoV-2 diminuent, donc la collecte d’échantillons supplémentaires et le test des personnes qui pourraient avoir été exposées avant décembre 2019 donneront des rendements décroissants. Les fermes d’élevage d’animaux sauvages chinois emploient des millions de personnes (14 millions, selon un recensement de 2016) et ont fourni des mammifères vivants à des villes de toute la Chine, dont Wuhan. En réponse à la pandémie de SRAS-CoV-2, bon nombre de ces fermes sont désormais fermées et les animaux ont été abattus, ce qui rend de plus en plus difficile la recherche de toute preuve de propagation précoce du coronavirus», ont écrit les scientifiques.

Les onze scientifiques appellent «la communauté scientifique et les dirigeants des pays à unir leurs forces pour accélérer les études de phase 2 détaillées ici, pendant qu’il est encore temps».

D’autant plus que «nous approchons maintenant de septembre et rien n’indique quand les travaux de suivi pourraient débuter. Nous pensons que cela prend trop de temps et nous voulions exprimer cette préoccupation», a-t-elle fait savoir.

En expliquant l’urgence de la prochaine étape du travail de recherche des origines du virus, Marion Koopmans a mentionné certaines priorités, telles que les études sérologiques sur les échantillons de banques de sang stockés qui ont été collectés au cours des derniers mois de 2019 (à l’intérieur et en dehors de Chine) pour identifier les premières apparitions de cas.

Elle a déclaré que les scientifiques de l’OMS avaient parlé aux banques de sang du Hubei pendant leur séjour et avaient accepté de conserver les échantillons, mais «nous avons également recommandé des études similaires dans d’autres régions à l’intérieur et en dehors de Chine avec des preuves précoces de cas utilisant les mêmes méthodes, et cela n’a pas été arrangé et pourrait devenir impossible», a-t-elle indiqué au Global Times.

Les auteurs ont souligné le manque de données fournies par la Chine, et le fait que la recherche d’une fuite de laboratoire n’était pas incluse dans la mission des experts de l’OMS/Chine.

Dans l’article, les scientifiques internationaux précisent : «Nous avons publiquement demandé toutes les données étayant l’hypothèse de la fuite de laboratoire soient publiées et soumises à l’OMS. Aucune ne l’a été jusqu’à présent».

Les responsables de la santé et les scientifiques chinois ont rejeté à plusieurs reprises des études sur les origines du virus motivées par l’hypothèse d’une fuite de laboratoire.

Liang Wannian, professeur à l’Université Tsinghua (oms covid)

Liang Wannian, le chef d’équipe de la partie chinoise de la mission conjointe OMS-Chine, a affirmé lors d’une conférence de presse ce mois-ci que les scientifiques étaient parvenus au consensus que cette hypothèse était «extrêmement improbable» après une étude approfondie à Wuhan, ajoutant que selon lui, elle ne devrait pas être incluse dans la phase suivante de l’étude, compte tenu des conclusions et des preuves du rapport conjoint.

La phase suivante de l’étude devrait être menée dans plusieurs endroits dans le monde, couvrant des pays tels que ceux où l’on peut trouver des chauves-souris rousses chinoises en fer à cheval et des pangolins, mais aussi des pays qui manquent de tests suffisants, ainsi que des endroits où les données animales et humaines ont été testées positives pour le SRAS-CoV-2 et qui ont approvisionné le marché Huanan de Wuhan via la logistique de la chaîne du froid, a déclaré Liang Wannian.

Un autre auteur de l’article, qui a requis l’anonymat, a fait savoir au Global Times qu’avec le temps, les échantillons seront égarés ou dégradés, la mémoire des gens s’estompera et les anticorps s’affaibliront, ce qui rendra le traçage encore plus difficile.

Par ailleurs, le travail de recherche des origines du virus est selon lui désormais étroitement lié aux relations internationales. «Plus tôt nous nous rapprochons d’une réponse sur les origines, plus tôt les relations internationales commenceront à s’améliorer, car l’accent mis sur la théorie d’une fuite de laboratoire peut signifier que le travail sur le terrain est retardé par des arguments politiques», a-t-il avancé.

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