mardi, avril 2

La patronne du FMI, Kristalina Georgieva, accusée de favoriser la Chine

Kristalina Georgieva est visée par une enquête pour avoir fait pression afin de modifier les données d’un rapport de la Banque mondiale, dans lequel la Chine se trouvait en mauvaise posture.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, aurait fait pression en 2017 pour modifier un rapport de la Banque mondiale, où elle était en poste à l’époque, afin de ménager la Chine.

Cette déclaration est la conclusion d’une enquête indépendante commandée par l’institution internationale et rendue publique le 16 septembre.

Kristalina Georgieva s’est dite «en désaccord» avec les conclusions de cette investigation, dont les auteurs ont interrogé plusieurs dizaines d’employés, actuels et anciens, et passé au crible 80 000 documents.

Face à ces révélations, la Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêtait la publication de son rapport annuel «Doing Business», car l’édition de 2018 est ici incriminée. La Banque mondiale a annoncé son intention de travailler sur une «nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et des investissements».

En 2017, la Chine avait assez peu apprécié sa 78e place dans le rapport «Doing Business» de la BM. Afin de lui éviter de dégringoler encore dans le classement de 2018, et pour obtenir sa signature dans des négociations sensibles, la Banque mondiale basée à Washington a employé les grands moyens.

C’est ce qui ressort de l’enquête du cabinet d’avocats WilmerHale commandée par le comité d’éthique de la Banque mondiale. Les experts expliquent que des «pressions directes et indirectes» ont été exercées par de hauts responsables du bureau du président Jim Yong Kim, «vraisemblablement à la demande» de ce dernier, pour modifier le classement de la Chine.

Avant la publication de l’édition 2018, Kristalina Georgieva, la directrice générale de la Banque mondiale de l’époque, aurait demandé l’adaptation de la méthodologie et la modification des critères.

Kristalina Georgieva se serait mise en colère contre un haut responsable de l’institution pour avoir «mal géré» les relations de la Banque avec la Chine et ne pas avoir apprécié l’importance du rapport «Doing Business» pour la Chine.

Sous la pression, les équipes en charge de ce rapport auraient alors modifié certaines données, et permis à la Chine de conserver sa 78e place au lieu de chuter à la 85e. Le responsable initialement réprimandé, lui, a été félicité pour avoir «fait sa part du travail pour le multilatéralisme».

Kristalina Georgieva, à la tête du FMI depuis octobre 2019, a déclaré être «foncièrement en désaccord avec les conclusions et les interprétations» de cette enquête «en ce qui concerne (son) rôle dans le rapport» de 2018. «J’ai d’ores et déjà tenu une réunion avec le conseil d’administration du FMI sur ce sujet», a-t-elle ajouté dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse.

L’arrêt du rapport «Doing Business» a été salué par Nadia Daar, responsable d’Oxfam International à Washington. Ce dernier a estimé que ce classement «encourage(ait) les gouvernements à adopter des politiques destructrices qui aggravent les inégalités».

De son côté, le Trésor américain a dit analyser le rapport, évoquant des «conclusions préoccupantes». «Notre responsabilité première est de préserver l’intégrité des institutions financières internationales», a indiqué le ministère des Finances dans un communiqué.

Les changements dans la méthodologie du classement avaient, en janvier 2018, poussé à la démission l’ancien chef économiste de la Banque mondiale Paul Romer, qui a obtenu un Prix Nobel la même année. La Banque mondiale avait alors niée toute influence politique dans le classement du rapport «Doing Business».

Cependant, les négociations en cours lors de la rédaction du classement de 2018 concernaient l’augmentation historique de 13 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros) des ressources de la Banque mondiale.

Cette négociation devait se terminer par la signature et le soutien du président américain Donald Trump, qui s’était opposé aux prêts concessionnels à la Chine, ainsi que ceux de la Chine, qui avait accepté de payer davantage pour les prêts.

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