dimanche, mars 24

La politique de Berlin vis-à-vis de la Chine critiquée par le patron de Volkswagen

Le ministère allemand de l’Économie a décidé en mai 2022 de ne plus accorder de garanties pour les investissements de Volkswagen dans la région autonome du Xinjiang, où Pékin est accusé de mener une politique sécuritaire stricte contre la minorité musulmane.

Le président du géant de l’automobile Volkswagen, Herbert Diess, s’est dit «préoccupé» par la politique de fermeté du gouvernement allemand à l’égard de la Chine. Cette politique est selon lui peu propice au développement des échanges.

Le gouvernement allemand a pour la première fois refusé de soutenir des investissements en Chine en raison de la situation des droits humains dans la province du Xinjiang, a indiqué le ministre de l’économie Robert Habeck, évoquant la possibilité de sanctions contre des responsables allemands.

«Une entreprise avec des activités dans la province des Ouïghours a souhaité prolonger des garanties (publiques) d’investissements» et «nous ne l’avons pas validé», a expliqué le ministre écologiste au journal Die Welt. «C’est la première fois que des garanties d’investissement ne se réalisent pas pour des raisons de droits humains», a-t-il ajouté. Sans ces garanties, une entreprise portera toute seule l’intégralité du risque financier d’un projet à l’étranger.

Le deuxième constructeur automobile mondial a ouvert en 2013 une usine à Urumqi, capitale de la province du Xinjiang. La Chine est de loin le premier marché mondial de Volkswagen, où il a réalisé 40% de ses ventes d’automobile sur les trois premiers mois de 2022.

Dans une interview au quotidien allemand, Spiegel, Herbert Diess s’est dit «préoccupé par l’attitude générale du gouvernement allemand envers la Chine», a-t-il déclaré au Spiegel. Il faut «davantage de dialogue» avec Pékin, a-t-il ajouté, prévenant de possibles «impacts économiques» en termes de «croissance, de bien-être et d’emploi» en Allemagne en cas de rupture avec la Chine.

L’inflation «continuerait d’exploser» sans commerce avec la Chine, a déclaré le PDG alors que les pays occidentaux font déjà face à la hausse des prix à la consommation provoquée par la pandémie de covid-19 et les tensions énergétiques depuis la guerre en Ukraine.

Selon le journal Der Spiegel, les investissements – désormais non garanties – étaient destinés «à d’autres usines» du constructeur dans le pays que celle du Xinjiang, mais «un lien ne peut pas être exclu». «Au vu du travail forcé et de la maltraitance des Ouïghours, nous ne pouvons pas garantir de projets dans la région», a détaillé Robert Habeck, qui a également laissé ouvert la porte à des sanctions contre des fonctionnaires chinois.

Herbert Diess, a récemment assuré dans une interview à la chaîne américaine CBS qu’il «n’y a pas de travail forcé» dans l’usine. Ce dernier a indiqué qu’il a envoyé «beaucoup de managers (sur place) pour [s’]assurer que tout allait bien».

«Nous voulons garder l’usine ouverte» car «je pense qu’il est mieux pour les habitants locaux si nous restons», a-t-il avancé. La décision n’a pas d’impact sur les projets d’investissements de Volkswagen dans le pays, écrit Der Spiegel, citant une source au sein du groupe.

Le Xinjiang, longtemps frappé par des attentats attribués à des séparatistes et des islamistes ouïghours, fait l’objet depuis plusieurs années d’une politique sécuritaire de lutte contre le terrorisme.

Des études d’ONG occidentales accusent la Chine d’avoir interné plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres groupes ethniques musulmans dans des «camps de rééducation», voire d’imposer du «travail forcé» ou des «stérilisations forcées». Les États-Unis et certains de ses alliés évoquent un «génocide».

La Chine dénonce des rapports biaisés et parle de «centres de formation professionnelle» destinés à éradiquer l’extrémisme. Pékin nie aussi avec véhémence les allégations de «génocide» formulées par Washington, les qualifiant de «mensonge du siècle».

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