dimanche, mars 31

La « technologie noire » apporte la lumière

De notre partenaire Chinafrique.Com – À peine revenue de sa ville natale, Li Can, une habitante de l’arrondissement de Putuo, à Shanghai (est de la Chine), a reçu un appel. Le comité résidentiel de son quartier souhaitait l’interroger sur son état de santé. Contre toute attente, à l’autre bout du fil se trouvait un robot vocal. « Compte tenu de votre situation, vous êtes priée de rester en isolement pendant quatorze jours », lui a suggéré la machine à la fin de l’enquête.

Effectuer le suivi des déplacements des résidents au niveau communautaire est essentiel à la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus qui sévit en Chine depuis fin décembre dernier. Au grand soulagement du personnel du comité de quartier de Li Can, cette « technologie noire » a allégé le poids pesant sur leurs épaules. Grâce à l’intelligence artificielle (IA), l’automate peut passer environ 200 appels en cinq minutes. Manuellement, il faudrait deux à trois heures pour la même tâche.

En temps normal, l’IA trouve déjà sa place dans de plus en plus de domaines de la vie quotidienne. Dans le contexte de l’épidémie, elle est appelée à jouer un rôle encore plus important dans la recherche, le diagnostic, la prévention et le contrôle des infections dues au nouveau coronavirus.

Accélérer la recherche

Par rapport au SRAS, le nouveau coronavirus se caractérise par une longue période d’incubation durant laquelle les personnes infectées sont potentiellement contagieuses. La recherche liée au virus est donc devenue une course contre la montre. Des épidémiologistes en Chine se battent actuellement pour développer un vaccin et d’autres médicaments, ce qui passe par une étape indispensable : le séquençage complet du génome du virus. Le secret pour arrêter le coronavirus est caché dans son génome. Tout comme l’Ebola, les coronavirus sont des virus à ARN, qui mutent plus rapidement que les virus à ADN. Tout cela complique la recherche scientifique.

Le recours à l’IA pourrait se révéler très efficace en la matière. Alibaba Cloud, subsidiaire du géant du commerce électronique Alibaba Group, a annoncé dès janvier avoir battu un record en achevant le séquençage complet du génome personnel de haute précision en quinze minutes, contre 120 heures auparavant. De son côté, Baidu, leader des moteurs de recherche en Chine, a affirmé que son algorithme d’IA serait en mesure de réduire le temps nécessaire à la prédiction de la structure secondaire de la séquence d’ARN du nouveau coronavirus de 55 minutes à 27 secondes, soit 120 fois plus rapide qu’autrefois.

De fait, ces deux sociétés, qui œuvrent dans la recherche en génomique depuis des années, ont rejoint la bataille contre l’épidémie. Alibaba Cloud a annoncé le 29 janvier qu’elle offrirait gratuitement des capacités de calcul d’IA aux institutions de recherche scientifique. Baidu a fait savoir que son algorithme LinearFold serait mis à la disposition des scientifiques travaillant sur la séquence génétique du virus. Dans le sillage, le ministère chinois de l’Industrie et de l’Informatisation a suggéré le 4 février que l’algorithme d’IA doive être optimisé pour aider le développement de vaccins et de médicaments, invitant davantage d’entreprises à apporter leur pierre à l’édifice.

Accompagner le diagnostic

L’IA veut aussi être le bras droit du personnel médical de première ligne.

L’imagerie thoracique est une référence importante dans le diagnostic et le traitement de la pneumonie coronaire. Avec l’évolution rapide du COVID-19, le volume de données à traiter par les médecins ne cesse d’augmenter. Dans certains hôpitaux clés, ceux-ci doivent interpréter à l’œil nu plus d’un millier de radiographies par jour.

Pour mieux accompagner le personnel médical dans son travail quotidien, le Centre clinique de santé publique de Shanghai, en association avec l’entreprise YITU Technology, a mis au point fin janvier un système d’évaluation intelligente. Ce dernier est capable d’effectuer une analyse quantitative des poumons à l’aide de l’IA en seulement trois secondes ou moins, alors que la méthode traditionnelle peut nécessiter jusqu’à six heures. Le nouveau système d’IA peut évaluer la gravité de la pneumonie à coronavirus, calculer avec précision la charge sur les poumons, fournir des comparaisons de pathologie dynamique 4D et proposer des options thérapeutiques. « Cela réduit énormément la pression sur les médecins et leur permet de prendre des décisions plus rapides et plus précises », commente Xiong Hao, chef du service de radiologie au Premier Hôpital populaire de Jingzhou, qui applique ce système depuis le 5 février.

De leur côté, le fabricant de robots Siasun et l’Institut d’automatisation de Shenyang de l’Académie des sciences de Chine sont en train de développer un robot capable d’effectuer des examens de la gorge, afin de remplacer les infirmières et de réduire la propagation du virus. En effet, les tests de diagnostic du coronavirus nécessitent de prélever un échantillon des sécrétions de la gorge, ce qui augmente les risques d’infection du personnel infirmier. Le robot, qui comprendra un bras mécanique pouvant effectuer les prélèvements, pourra être contrôlé à distance, selon Siasun.

Faciliter la reprise du travail

L’IA est également utilisée pour minimiser les risques d’infection lors du retour au travail.

À l’heure actuelle, plus de 2 000 employés dans la Zone de développement économique et technologique de Changsha, dans la province du Hunan (centre du pays), ont repris le travail après la fin des vacances de la Fête du Printemps. À l’heure du déjeuner, les rues sont désertes. Seul un véhicule de livraison de repas circule entre les immeubles de bureaux. Développé par la société Xingshen Intelligent Technology, ce véhicule logistique est entièrement automatisé.

« Bonjour, votre repas est arrivé au rez-de-chaussée de votre immeuble. Veuillez numériser le code QR pour recevoir votre repas. » Un SMS informe les travailleurs du parc industriel que leur commande est arrivée et les invite à venir la chercher. Pour réduire les risques d’infection, la réception des repas peut se faire sans aucun contact tactile : les clients n’ont qu’à scanner le code QR. Le véhicule sans conducteur peut transporter jusqu’à 200 repas à la fois et reviendra automatiquement à son point de départ une fois la livraison terminée.

« Le véhicule peut être contrôlé avec un smartphone, et il est toujours désinfecté avant son départ et après son retour », précise Li Rui, directeur des opérations chez Xingshen. « Les entreprises d’IA devraient exploiter pleinement leur potentiel pour aider la reprise du travail. »

Image de Une : JD Logistics fait appel à un robot de distribution intelligente dans l’arrondissement de Guanshanhu, 

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