mardi, mars 26

« La ZLEC : un pas vers l’intégration »

De notre partenaire Chinafrique.Com – L’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) est entré en vigueur le 30 mai. Le lancement officiel de la ZLEC a eu lieu le 7 juillet.

Fin mai, 52 des 55 pays membres de l’Union africaine (UA) avaient signé l’accord, à l’exception du Nigeria, de l’Érythrée et du Bénin. Selon l’UA, une fois que ses 55 membres auront signé l’accord, la ZLEC deviendra la plus grande zone de libre-échange du monde en termes de membres depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.

Cet énorme marché rassemblera 1,2 milliard de personnes et aura un PIB total de 2 500 milliards de dollars. Il ne fait aucun doute que le lancement de la ZLEC sera un événement marquant une nouvelle étape dans la marche vers l’intégration africaine.

Un nouvel élan

La ZLEC vise à créer un marché continental unique pour les diverses économies d’Afrique à travers la libre circulation des biens, des services et des capitaux en abaissant les tarifs douaniers et en éliminant les barrières commerciales. Lors de son lancement, prévu pour le 7 juillet, les 52 membres de la ZLEC aboliront les droits de douane et les quotas.

Selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies, la ZLEC éliminera progressivement les droits de douane sur 90 % des biens et libéralisera le commerce des services. Selon les prévisions, la part du commerce intra-africain passera de 14% actuellement à 52% en 2022. Étant donné que les barrières non tarifaires seront également abaissées, on estime que le volume des échanges commerciaux en Afrique devrait doubler par rapport à 2010.

Par rapport aux autres continents, la proportion du commerce intrarégional en Afrique est plus faible, en raison de son grand nombre de pays et de son marché très fragmenté. Les statistiques de la CEA montrent que le commerce intra-africain ne représentait que 17% de la valeur totale du commerce continental en 2017, alors que ce ratio est de 69% en Europe et 59% en Asie.

Selon le rapport Perspectives économiques en Afrique 2019 de la Banque africaine de développement, l’Afrique est le continent le plus fragmenté de la planète. En 2017, 76% des pays africains comptaient moins de 30 millions d’habitants et environ la moitié avaient un PIB inférieur à 10 milliards de dollars. Dans ce contexte, il est ardu pour les pays africains de surmonter leur faiblesse structurelle en raison de leur petite taille d’économie et de marché. La seule issue passe par l’intégration économique.

L’importance de la ZLEC pour le développement de l’Afrique est indéniable. C’est pourquoi il s’agit du projet phare de l’Agenda 2063 de l’UA. Dévoilé en mai 2013, l’Agenda 2063 a pour but de planifier le développement du continent au cours des 50 prochaines années. Le plan est centré sur un consensus autour de l’intégration africaine. Les membres de l’UA ont commencé à négocier la ZLEC dès juin 2015, dans l’espoir d’intégrer les économies africaines dans un marché unique en abaissant les tarifs et éliminant les obstacles au commerce.

Le 21 mars 2018, 44 pays africains ont signé l’Accord sur la ZLEC à Kigali, capitale du Rwanda. Plus d’un an plus tard, soit le 30 mai dernier, l’accord est entré en vigueur après que le nombre de pays membres ayant déposé leur ratification auprès de l’UA atteigne le seuil exigé. C’est une grande réussite que d’avoir pu parvenir à un accord de libre-échange dans un laps de temps aussi court pour un continent composé de tant de pays ayant des niveaux de développement économique différents.

Le marché unique en Afrique ne stimulera pas uniquement le commerce intra-africain en réduisant les coûts des entreprises. Il créera aussi des opportunités d’affaires et améliorera l’industrialisation de l’Afrique. À terme, l’accord créera des emplois, soutiendra le développement économique durable et améliorera les moyens d’existence de la population.

Parallèlement, la zone de libre-échange améliorera les relations entre l’Afrique et ses partenaires commerciaux extérieurs, de manière à créer une situation gagnant-gagnant en créant un marché plus vaste. D’une part, la ZLEC réduira effectivement les coûts des importations, en particulier ceux pour l’Europe et l’Asie, et d’autre part, la zone de libre-échange créera un énorme marché pour les investisseurs étrangers et réduira les obstacles pour eux. Tout cela va établir une fondation solide pour que les entreprises étrangères puissent investir dans les pays africains.

Un moteur du commerce Chine-Afrique

Depuis le début, la Chine soutient l’intégration africaine. En plus d’avoir réalisé la construction du siège de l’UA à Addis-Abeba, la Chine a également renforcé sa coopération avec l’Afrique dans trois domaines pragmatiques : la construction d’infrastructures, le développement industriel et l’intégration des marchés.

En termes de développement industriel, le Président chinois Xi Jinping a annoncé 10 plans de coopération sino-africains et huit initiatives majeures lors des Sommets de Johannesburg et de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) en 2015 et 2018, respectivement. Ces mesures ont soutenu le développement industriel et commercial de l’Afrique, tout en aidant aux efforts de réduction de la pauvreté et de développement écologique sur le continent.

Dans le domaine des infrastructures, la Chine et l’UA ont signé un protocole d’accord le 27 janvier 2015. Selon ce dernier, la Chine renforcera, dans le cadre stratégique de l’Agenda 2063, sa coopération avec les pays africains dans les domaines ferroviaire, routier, de l’aviation régionale et de l’industrialisation. À l’heure actuelle, les entreprises chinoises construisent des chemins de fer, des aéroports, des parcs industriels et des ports dans des pays comme l’Éthiopie, Djibouti, le Kenya et le Nigeria. Ainsi, elles soutiennent l’intégration africaine par leurs actions.

La création de la ZLEC dynamisera le commerce sino-africain. Les données douanières montrent que celui-ci se chiffrait à 204,2 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 20 % sur un an. Les exportations chinoises vers l’Afrique se chiffraient à 104,91 milliards de dollars, alors que ses importations étaient de 99,28 milliards de dollars, soit des hausses de 10,8 % et 30,8 % en glissement annuel. La Chine est le plus grand partenaire commercial du continent depuis 10 ans.

Lors du Sommet de Beijing du FCSA, le Président Xi a spécialement mentionné que la Chine lancerait une initiative de facilitation du commerce, visant à renforcer le commerce sino-africain et le commerce intra-africain. La Chine continue d’accroître ses importations en provenance d’Afrique et invite les pays africains à accroître leurs exportations vers la Chine, afin de partager les bénéfices du développement chinois.

La Chine veut aussi augmenter ses importations en provenance d’Afrique, en particulier celles de produits non liés aux ressources naturelles, afin d’aider l’Afrique à améliorer sa capacité d’exportation et son intégration commerciale.

«Nous appuyons la mise en place de la ZLEC et nous continuerons d’organiser des négociations de libre-échange avec les pays et régions d’Afrique intéressés», a souligné M. Xi. Avant l’ouverture du Sommet de Beijing du FCSA, la Chine avait conclu des négociations sur un accord de libre-échange avec Maurice, réalisant ainsi une autre percée dans la coopération sino-africaine en matière de libre-échange.

À l’avenir, la Chine devrait saisir l’occasion offerte par la ZLEC pour lancer des négociations de libre-échange avec davantage de pays africains, en vue de transformer et d’améliorer le commerce sino-africain. De cette façon, la Chine et les pays africains pourront unir leurs efforts pour faire face aux nouveaux défis de la mondialisation.

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