vendredi, avril 19

Le Canadien Michael Spavor a été condamné à 11 ans de prison en Chine

Le Canada a dénoncé ce 11 août la condamnation en Chine « absolument inacceptable » de son ressortissant Michael Spavor à 11 ans de prison pour espionnage. Cette condamnation devrait envenimer un peu plus les relations entre la Chine et le Canada.

Le canadien Michael Spavor avait été arrêté le 10 décembre 2018 en Chine, dans ce qui est perçu par certains pays occidentaux comme une mesure de représailles après l’arrestation le 1er décembre 2018 à Vancouver de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei.

MICHAEL SPAVOR A ÉTÉ RECONNU COUPABLE D’ESPIONNAGE

Michael Spavor et Michael Krovig arrêtés le 10 décembre pour espionnage

« Michael Spavor a été reconnu coupable d’espionnage pour le compte de l’étranger et de divulgation illégale de secret d’Etat« , a indiqué le tribunal de Dandong (nord-est), ville située à la frontière nord-coréenne, où le Canadien avait été jugé en mars 2021.

« Il a été condamné à 11 ans d’emprisonnement, à la confiscation de ses biens personnels à hauteur de 50.000 yuans (6.600 euros) et à l’expulsion. »  Le tribunal ne précise pas quand interviendra cet éloignement du territoire chinois, mais il devrait avoir lieu à l’issue de la période de détention. Le procès de Michael Spavor s’était tenu à huis clos, un fait habituel en Chine dans les affaires d’espionnage.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fustigé une condamnation et une peine « absolument inacceptables et injustes ». Le verdict « arrive après plus de deux ans et demi de détention arbitraire » et « un manque de transparence dans le processus judiciaire », a souligné dans un communiqué Justin Trudeau.

Ce dernier a dénoncé un procès qui « n’a même pas satisfait aux normes minimales requises par le droit international ».

Dans une courte déclaration à la presse devant le centre de détention de Dandong où le verdict a été annoncé, l’ambassadeur du Canada en Chine, Dominic Barton, a pour sa part évoqué « la possibilité de faire appel ».

«Nous condamnons cette décision. Il y a la possibilité de faire appel. C’est quelque chose dont (Michael Spavor) va discuter avec ses avocats», a affirmé Dominic Barton dans sa déclaration à la presse

Un autre Canadien, l’ex-diplomate Michael Kovrig, avait également été interpellé en même temps que Michael Spavor pour des motifs similaires d’espionnage. Déjà jugé, il est lui aussi toujours détenu et en attente de son verdict.

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Quelques heures avant la décision du tribunal chinois concernant Michael Spavor, Marc Garneau, ministre des Affaires étrangères, a exprimé sur Twitter que la libération des deux hommes était une «priorité absolue». Il a rappelé que les ressortissants canadiens étaient «détenus arbitrairement en Chine».

Ce 11 août matin, une cinquantaine de diplomates de quelque 25 pays étaient rassemblés à l’ambassade du Canada à Beijing afin d’apporteur leur solidarité avec Ottawa et son ressortissant condamné.

DES RELATIONS DIPLOMATIQUES TENDUES

L’arrestation de Meng Wanzhou, la responsable de Huawei, avait été réalisée sur demande de la justice américaine, qui la soupçonnent de fraude bancaire et demandent au Canada son extradition vers les Etats-Unis.

Lire aussi : Arrestation au Canada d’une responsable de Huawei

La Chine ne cesse depuis de dénoncer une manœuvre « politique » de Washington et appelle Ottawa à la « libération immédiate » de la dirigeante. Cependant, la Chine dément se servir des deux Canadiens emprisonnés comme monnaie d’échange.

La peine contre Michael Spavor est annoncée alors que Meng Wanzhou comparaît jusqu’au 20 août devant un tribunal canadien pour une dernière série d’audiences consacrées à sa potentielle extradition.

Lire aussi : Meng Wanzhou, responsable de Huawei, de retour devant la justice canadienne

Aucune décision concernant le dossier de Meng Wanzhou n’est attendue avant quelques mois. En cas d’appel, la procédure pourrait encore durer plusieurs années.

Lynette Ong, professeure de sciences politiques à l’Université de Toronto, a expliqué à LaPresse.ca que cet évènement survient alors que les relations entre le Canada et la Chine en sont historiquement à «leur plus bas».

Certaines décisions et prises de position du Canada ont aussi contribué à la détérioration des relations diplomatiques avec la Chine. «Le Canada a aussi fait quelques déclarations qui n’ont pas été appréciées concernant Hong Kong et les Ouïghours», a indiqué à LapResse.ca Ari Van Assche, professeur titulaire au département d’affaires internationales à HEC Montréal.

Spécialiste de la Corée du Nord, Michael Spavor a rencontré plusieurs fois le dirigeant Kim Jong Un. Il avait même organisé les visites à Pyongyang de l’ex-basketteur américain Dennis Rodman. Grâce à ses contacts dans les hautes sphères du pouvoir nord-coréen, le Canadien jouait les entremetteurs entre les interlocuteurs étrangers et les autorités de Corée du nord, pourtant isolé sur la scène internationale.

Les affaires Michael Spavor et Michael Kovrig sont d’importance pour plusieurs pays alliés du Canada, qui lui avaient fait part de leur soutien. D’ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait indiqué en mars 2021 suivre avec « préoccupation » le sort des deux Canadiens.

Le verdict dans l’affaire Spavor intervient au lendemain de la confirmation par la justice chinoise de la peine de mort visant Robert Lloyd Schellenberg, un autre Canadien condamné lui pour trafic de drogue.

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