jeudi, avril 25

Le général américain Mark Milley craignait que Donald Trump n’attaque la Chine

Le général Mark Milley aurait pris l’initiative de téléphoner à son homologue chinois, le général Li Zuocheng, pour lui assurer que les États-Unis n’attaqueraient pas la Chine.

Selon un livre à paraître, le chef d’état-major de l’armée américaine, Mark Milley, a fait promettre à ses adjoints de ne pas obéir à un ordre extrême de l’ancien président Donald Trump, notamment sur l’usage de l’arme nucléaire.

Le plus haut gradé du Pentagone s’inquiétait tellement de l’état mental de Donald Trump dans les derniers jours de son mandat qu’il a pris secrètement des mesures pour éviter une guerre avec la Chine, selon un nouveau livre.

Le général Mark Milley a ainsi pris l’initiative de téléphoner à son homologue chinois pour lui assurer que les États-Unis n’attaqueraient pas la Chine, affirment les journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Robert Costa, dans leur ouvrage « Péril », qui va paraître dans les prochains jours.

Selon des extraits publiés par le Washington Post et CNN, le général Mark Milley a aussi fait promettre à ses adjoints de ne pas obéir immédiatement à un éventuel ordre extrême de Donald Trump, notamment sur l’usage de l’arme nucléaire. Cette promesse a été faite après la défaite électorale du président républicain le 3 novembre.

Alors que les services de renseignement américains ont conclu que la Chine pensait que les américains allaient lancer une attaque imminente, le chef d’état-major a appelé le général Li Zuocheng ) deux reprises. La première fois, le 30 octobre, un peu avant le scrutin présidentiel américain, et le 8 janvier, deux jours après l’assaut des partisans de Donald Trump contre le Capitole.

«Général Li, je veux vous assurer que l’État américain est stable et que tout va bien se passer», lui a-t-il dit lors du premier coup de fil, selon ce livre basé sur les témoignages anonymes de 200 responsables américains. «Nous n’allons pas attaquer ni mener d’opérations militaires contre vous».

Le général Milley a rappelé son homologue chinois deux mois plus tard, après l’assaut meurtrier contre le Congrès américain, qui a ébranlé pendant quelques heures la démocratie américaine et alors que Donald Trump contestait la victoire électorale de Joe Biden.

«Tout va bien», lui a-t-il dit. «Mais la démocratie, c’est quelquefois brouillon». Par ailleurs, le général Milley a réuni l’état-major pour souligner que, si Donald Trump ordonnait une frappe nucléaire, il devait en être informé d’abord.

«En les regardant chacun dans les yeux, il a demandé à tous les officiers réunis de confirmer qu’ils avaient bien compris», ajoutent les journalistes Woodward et Costa, selon lesquels il s’agissait d’un «serment».

Mark Milley a aussi demandé à la directrice de la CIA de l’époque, Gina Haspel, et au chef du Renseignement militaire, le général Paul Nakasone, de surveiller tout comportement erratique de Donald Trump.

Rencontre en avril 2017 entre les présidents Xi Jinping et Donald Trump,

«Certains peuvent penser que Milley a outrepassé son autorité et s’est attribué des pouvoirs excessifs», écrivent les auteurs de «Péril». Mais il était convaincu qu’il faisait ce qu’il fallait pour «qu’il n’y ait pas de rupture historique dans l’ordre international, de guerre accidentelle avec la Chine ou d’autres, et que l’arme nucléaire ne soit pas utilisée», ajoutent-ils.

Interrogé, l’état-major américain s’est abstenu de tout commentaire. Le général Milley, tout comme Gina Haspel, craignait que Donald Trump ne lance une attaque contre la Chine ou l’Iran pour créer une crise et tenter ainsi de rester au pouvoir. «La situation est très dangereuse», avait déclaré la directrice de la CIA. «On va attaquer pour son ego?».

Le deuxième appel du chef d’état-major au général Li Zuocheng est intervenu après la conversation téléphonique avec la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui voulait s’assurer que Donald Trump ne puisse pas utiliser les codes nucléaires. En effet, aucun membre de l’entourage de Donald Trump ne semblait avoir de contrôle.

Lorsque des centaines de manifestants pro-Trump et de membres de groupes extrémistes ont d’attaqué le Congrès pour certifier la victoire du démocrate Joe Biden, Nancy Pelosi avait fait état publiquement de cette situation.

Dans une lettre à son groupe parlementaire, mais sans entrer dans les détails, elle écrit  «quelles sont les mesures possibles pour empêcher un président déséquilibré de déclencher des hostilités armées ou d’avoir accès aux codes et d’ordonner une attaque nucléaire?».

Bob Woodward et Robert Costa publient la transcription de la conversation téléphonique : «s’ils ne peuvent même pas l’empêcher d’attaquer le Capitole, qui sait ce qu’il peut faire d’autre?», ajoutait-elle. «Il est fou. Vous savez qu’il est fou (…), et ce qu’il a fait hier est une preuve supplémentaire de sa folie». «Je suis entièrement d’accord avec vous», lui a répondu le général Milley. Mais des responsables lui ont affirmé que la chaîne de commandement nucléaire passe par «beaucoup de contrôles» pour éviter l’usage abusif de la bombe par un président.

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