dimanche, mars 3

Les lycéens ont l’esprit critique le plus développé au monde

Le système éducatif chinois est particulier. D’un côté, ceux qui déplorent une bureaucratie obsédée par les examens, avec des étudiants qui excellent dans l’art de réciter des faits. De l’autre, ceux affirmant que cela permet aux élèves de développer des compétences spécifiques, très recherchées, notamment en math et en science.

Parvenir à motiver les étudiants et enseignants à l’université

Scott Rozelle, économiste à l’Université de Standford, directeur d'un programme d’éducation rurale en Chine
Scott Rozelle, économiste à l’Université de Standford, directeur d’un programme d’éducation rurale en Chine

Pour Scott Rozelle, économiste à l’Université de Standford, directeur d’un programme d’éducation rurale en Chine, vient de publier une étude allant contre les idées reçues sur les établissements scolaires chinois.

Son étude met en avant que les étudiants chinois arrivent à l’Université avec des compétences d’analyse critique les plus développées au monde mais ils perdent rapidement cette avance après leur entrée à l’université.

Dans une interview accordée à The New York Times (version chinoise), Scott Rozelle explique que « peu importe ce qu’ils font au lycée, peu importe s’ils aiment ça ou non, on leur enseigne des tonnes de mathématiques basiques, de la physique et on développe chez eux une certaine forme d’esprit critique. Ce qui est insensé, c’est qu’on ne leur enseigne plus rien à l’université. Il n’existe aucun enjeux pour les élèves pour les motivés à travailler dur. Tout le monde obtient son diplôme« .

Cet écart entre le lycée et l’université vient d’une part de l’engrangement des parents, qui « suivent de près la scolarité de leurs enfants. S’ils considèrent que leurs enfants ne progressent pas assez, ils seront les premiers à le signaler, les premiers à se présenter devant le bureau du professeur. Du point de vue des professeurs, il y a un réel intérêt à ce que leurs élèves réussissent leurs cursus et les examens« .

Mais arrivée à l’université, il y a un relâchement de l’attention des parents et surtout des enseignants, qui affirment : « pourquoi vouloir obtenir le meilleur de ses élèves alors que l’on sait d’avance qu’ils obtiendront leur diplôme ?« , explique le chercheur.

A contrario, aux États-Unis, un système de récompenses est mit en place pour les meilleurs professeurs. Les augmentations de salaires et les bonus dépendent des bons résultats de leurs étudiants, (…) c’est aussi important que de publier des recherches.

20% des enfants dans les campagnes abandonnent au collège

Des lycéens potassent le gaokao
Des lycéens potassent le gaokao

Concernant le gaokao, examen national que les étudiants travaillent pendant des années pour pouvoir être admis à l’université est vivement critiqué, car certains estiment qu’il bride toute créativité. Mais il maintient un niveau de pression sur les lycéens, qui est pour beaucoup insoutenable.

Cependant, « de nombreuses personnes considèrent que le gaokao est un système équitable. Des réformes doivent être apportées au modèle un seul et unique résultat à un examen qui détermine tout. Il est nécessaire d’atténuer la pression et de se focaliser sur un enseignement qui engendre des élèves dont les compétences sont complètes« , assure Scott Rozelle.

Mais il s’agira aussi de permettre à chaque enfant d’accéder au système éducatif, car « pourquoi ces enfants des villages ne vont pas au lycée ?. Le fait est que 10% à 20% d’entre eux abandonnent leur scolarité au collège. Ils ne terminent même pas le collège« , déplore l’universitaire de Stanford.

Pourtant, « les élèves ont des bonnes conditions d’enseignement et les professeurs sont compétents. Le programme dans les zones rurales est le même que celui enseigné dans les villes », note The New York Times.

Mais « il s’agit vraiment d’un problème touchant chacun des enfants habitant dans une zone rurale. La plupart sont malades. Ils souffrent de myopie non corrigée, de malnutrition, d’anémie et certains ont des vers intestinaux. À Guizhou, 40% des enfants sondés souffraient d’infections intestinales. Comment voulez-vous qu’ils aillent à l’école alors qu’ils ont des vers intestinaux ? ».

Un paradoxe persiste donc : « en termes de richesses, la croissance économique chinoise est la plus rapide de l’Asie. Les enfants chinois sont les victimes du succès de leur propre pays. La Chine s’est développée à une vitesse incroyable. Ils ont beaucoup investi dans les ressources et les professeurs et tout cela au dépend de l’aspect humain« , conclut Scott Rozelle, économiste à l’Université de Standford.

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