mardi, avril 23

Mateo Ricci, « apôtre de la Chine »

Matteo Ricci ( 利玛窦 : Lì Mǎdòu) est né le 6 octobre 1552 à Macerata. Prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine, Mateo Ricci inaugure le processus d’inculturation du christianisme en Chine. Il décède le 11 mai 1610 à Pékin.

«Premier Européen à assimiler la culture chinoise», «Apôtre de la Chine», «précurseur de l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe», «Chinois avec les Chinois», «premier sinologue», «passeur, médiateur culturel», «lettré ou sage d’Occident» voici quelques-unes des expressions trouvées le plus souvent pour le qualifier dans les nombreuses études dont il fait l’objet, selon Clotilde Jacquelard.

Arrivé à Macao en août 1582 pour y fonder une mission demandée par les pères jésuites Roger et Pasio, il apprend alors diverses langues chinoises, ainsi que la langue écrite, le mandarin (putonghua). Doué pour les langues, il se met à l’étude du chinois. En trois mois, il parvient à converser plus facilement.

Il entre en Chine continentale en 1583 et s’installe à Zhaoqing, près de Canton. Il prêche dans la province de Canton. Il reste dix-huit ans dans le sud de la Chine, non loin de Macao. Lui et un de ses compagnons jésuites, Michele Ruggieri, s’habillent en moines bouddhistes, car ils sont religieux.

Mais il demande l’autorisation de s’habiller en Lettré. Ce costume serait selon lui plus apte pour la conversion et éviterait les confusions, avec les moins, souvent incultes. Sa demande se fait au moment où Mateo Ricci traduit les « Cinq Classiques confucéens » en latin. Il lui semble alors que le rôle de lettré est un meilleur vecteur, mais aussi un moyen de gagner l’estime du peuple et des classes dirigeantes et donc ainsi montrer un rang social important.

Auprès des lettrés, il parle de Dieu, utilisant la sagesse et les écrits confucéens, et mettant en avant ce qui est semblable au christianisme dans la culture et société chinoise. Il parvient à entrer en contact avec des mandarins, grâce notamment à ses connaissances en mathématiques et en astronomie. Il obtient d’importants soutiens pour entreprendre le voyage vers Pékin en 1600.

En 1601, il est le premier Européen à être invité à la cour impériale de Pékin auprès de l’empereur Wanli, 13ème empereur de la dynastie Ming. Sa rencontre avec les proches de l’empereur est à l’origine de l’essor de l’horlogerie moderne en Chine, notamment au début de la dynastie Qing (1644-1911).

Matteo Ricci enseigne les sciences au fils préféré de l’empereur. Pour gagner l’estime, il invente et fournit des horloges sonnantes et des instruments d’astronomie, de musique, procure des livres. Matteo Ricci a écrit des textes scientifiques et théologiques et un traité de philosophie morale considéré comme un classique de la littérature chinoise.

Mateo Ricci est considéré comme le fondateur de l’Église chinoise. Son travail et ses activités ont toujours eu comme objectif d’évangéliser les chinois, même s’il n’a pas cherché à baptiser en masse. En 1605, il fait édifier le Nantang, l’église du sud (actuel siège de l’évêché de Pékin).

D’après Joseph Dehergne, prêtre jésuite, missionnaire, historien et bibliographe français, Matteo Ricci « étudie les classiques d’avant Zhu Xi et montre la conformité de la loi de Dieu avec les enseignements des anciens sages. Il veut prouver que la religion chrétienne n’est pas étrangère et qu’elle achève ce que les Chinois ont de meilleur. Il a pris l’habit des lettrés, maîtrise leur langue, converse avec eux, publie des livres. Son catéchisme Tianzhu shiyi remporte un franc succès. Le P. Bouvet estime que ce livre décida Kangxi à promulguer l’édit de 1692 en faveur du christianisme ».

Dans la religion populaire chinoise, Matteo Ricci est vénéré comme maître des horloges et protecteur des horlogers. Les Instituts Ricci ont été fondés par les Jésuites après leur retrait forcé de Chine continentale, pour poursuivre l’œuvre intellectuelle de Matteo Ricci. Le Grand Ricci (利氏漢法辭典), en français, est à ce jour le plus grand dictionnaire du chinois vers une langue occidentale.

De plus, en Chine, il a une certaine renommée. Il est l’«homme qui a tant apporté à la Chine». Sur l’immense fresque du Monument du Millénium érigé à Pékin pour le passage au XXIe siècle et qui rend hommage aux personnalités culturelles de la dynastie Ming, Matteo Ricci est présent avec un télescope à la main et un astrolabe à ses pieds. Il pose derrière Li Shizen le médecin et Wang Yangming le philosophe.

Décédé à Pékin, à l’âge de 57 ans, Matteo Ricci a reçu, de l’empereur lui-même, le privilège d’être enterré sur place, en dehors de la porte de l’Ouest où de nombreux autres jésuites ont été enterré par la suite. La tombe de Matteo Ricci, dans le jardin de l’école des cadres du Parti communiste chinois.

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