mercredi, mai 1

Nouvelle hausse du budget militaire de la Chine

La Chine consacre 1,6% de son PIB à son armée, et cette année le budget militaire est en hausse de 7,2% pour 2024, pour atteindre 1.665,5 milliards de yuans.

La Chine a annoncé un budget militaire en hausse de 7,2% pour 2024, dans un contexte de corruption dans l’armée et de tensions persistantes autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale.

Identique à celui de 2023, ce taux de 7,2% a été confirmé par le ministère des Finances durant la session annuelle du Parlement. La Chine prévoit de dépenser 1.665,5 milliards de yuans (231,4 milliards de dollars) pour sa défense. Ce chiffre reste plus de trois fois inférieur aux Etats-Unis.

La Chine maintient une « croissance raisonnable » de son budget militaire pour « sauvegarder sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement », a indiqué Lou Qinjian, le porte-parole de la session parlementaire.

De nombreux observateurs pointent du doigt la hausse progressive depuis plusieurs décennies du budget militaire de la Chine, qui suit la courbe de la croissance économique. Ainsi, la Chine consacre 1,6% de son PIB à son armée, bien moins que les Etats-Unis (3,5%) ou la Russie (4,1%), selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

La progression de l’armée chinoise est comparée à celle des Etats-Unis, du Japon ou des Philippines, pays avec lequel la Chine se dispute le contrôle d’îlots en mer de Chine méridionale. La hausse du budget militaire suscite également des craintes à Taïwan, île de 23 millions d’habitants que la Chine espère « réunifier » avec son territoire.

De son côté, la Chine se dit inquiète des alliances militaires nouées par ses rivaux régionaux avec les Etats-Unis ou encore de l’Otan, qui la présente comme un « défi« , voire menace, pour les « intérêts » de ses membres.

Têtes nucléaires

Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, a d’ailleurs déclaré en janvier que la Chine « se rapproche de nous » car « nous la voyons en Afrique, nous la voyons dans l’Arctique, nous la voyons essayer de contrôler les infrastructures critiques ».

Dans ce contexte de suspicion, la Chine a mené en 2023 « une augmentation substantielle du nombre d’ogives nucléaires », a déclaré à l’AFP James Char, expert de l’armée chinoise à l’Université de technologie de Nanyang (Singapour).

Selon le Sipri, la Chine comptait ainsi 410 têtes nucléaires en 2023 (+60 en un an), loin derrière Washington (3.708) et Moscou (4.489). Malgré ce chiffre relativement bas, il suscite de l’inquiètude auprès de certains pays occidentaux.

Problèmes au sein de l’armée chinoise

Cependant, « les récents scandales de corruption dans l’armée soulèvent néanmoins des doutes quant à l’efficacité de sa force de missiles et au professionnalisme des forces militaires », a indiqué à l’Agence France Presse, Adam Ni, rédacteur en chef de China Neican, une lettre d’information sur l’actualité chinoise.

La Chine a changé deux fois de ministre de la Défense en 2023. Retraité depuis mars 2023, l’ex-ministre Wei Fenghe n’apparaît plus en public, comme son successeur Li Shangfu, limogé en octobre sans explication après quelques mois.

D’autres hautes personnalités militaires, notamment dans la branche de l’armée chargée des missiles nucléaires, ont été congédiées. Interrogé sur ces départs en août, le ministère de la Défense n’avait pas formellement confirmé qu’il s’agissait de corruption. Il avait pourtant assuré s’engager à « sévir contre tout responsable corrompu ».

La corruption « doit être traitée » pour que l’armée puisse « espérer atteindre l’objectif du (président) Xi Jinping, qui est de supplanter les forces armées américaines en tant que première puissance militaire mondiale », a indiqué James Char.

Washington reste pour l’heure loin devant.

D’après le Sipri, les Etats-Unis sont le pays ayant les dépenses militaires les plus élevées, avec 877 milliards de dollars en 2022, selon les derniers chiffres disponibles.

De plus, les Etats-Unis ont « une présence mondiale et des réseaux d’alliances, ce que la Chine ne peut avoir sur le court terme », a précisé Adam Ni. De plus, Washington compte des centaines de bases militaires à l’étranger, la Chine en a une, à Djibouti depuis 2017.

« Compte tenu des lacunes de l’armée chinoise (…) il paraît logique que Pékin n’ait ni les moyens ni l’envie de s’engager dans un conflit contre Washington ou de lancer une invasion (…) de Taïwan », a assuré James Char.

« Ce qui reste préoccupant, toutefois, ce sont les frictions (avec) les autres armées de la région, qui peuvent potentiellement déraper et dégénérer en conflit ouvert. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *