mercredi, mars 27

Ouvrons une nouvelle ère de la coopération gagnante-gagnante sino-africaine

Allocution de Monsieur Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, à la cérémonie d’ouverture du Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine, le 4 décembre 2015.

C’est un grand plaisir pour moi de me trouver réuni, dans ce beau « pays arc-en-ciel », avec les frères africains et les amis anciens et nouveaux. En tant que Coprésident, je voudrais vous souhaiter une chaleureuse bienvenue au Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), et je tiens à adresser mes sincères remerciements au pays hôte, l’Afrique du Sud, pour les préparatifs minutieux et les dispositions attentionnées prises en vue de ce rendez-vous.

C’est mon septième déplacement en Afrique, et ma deuxième visite sur ce continent en qualité de Président chinois. À chaque fois que je suis venu en Afrique, j’y constate de nouveaux progrès et de nouveaux changements.

L’Afrique d’aujourd’hui, en plein essor, affiche une nouvelle dynamique encourageante et prometteuse. À la recherche des voies de développement conformes aux conditions réelles et des solutions africaines aux questions africaines, elle montre un fort esprit d’indépendance. Œuvrant énergiquement à promouvoir l’industrialisation et à réaliser le développement autonome et durable, elle montre un formidable élan de développement rapide. Engagée pour accélérer le processus d’intégration et parler d’une même voix sur la scène internationale, elle montre une détermination sans faille pour être une Afrique unie et forte.

J’apprécie beaucoup ce qu’a dit feu le Président Nelson Mandela, « Nous nous trouvons à l’aube du siècle africain, où le continent occupera son lieu légitime parmi les nations du monde ». J’ai la certitude que les pays et les peuples africains sont en train de vivre l’avènement d’une nouvelle ère qui leur appartient réellement !

Le gouvernement et le peuple chinois se félicitent et sont fiers du fond du cœur des exploits de développement accomplis par l’Afrique, et souhaitent sincèrement que les pays et les peuples africains remportent sans cesse de plus grands succès dans leur marche en avant pour embrasser un avenir meilleur !

La Chine et l’Afrique ont toujours vu leurs destins étroitement liés. Les mêmes sorts historiques et les mêmes parcours de combats ont permis aux peuples chinois et africains de tisser des liens d’amitié profonds.

Depuis de longues années, nous nous soutenons mutuellement en partageant heur et malheur. Le chemin de fer Tanzanie-Zambie et le Centre de conférences de l’Union africaine construits par la Chine sont devenus les monuments de l’amitié sino-africaine. Le gouvernement et le peuple chinois se sont mobilisés en premier pour aider les pays africains à combattre l’épidémie d’Ebola, amenant la communauté internationale à se mobiliser aux côtés des Africains contre cette épidémie. Voilà une belle illustration de la fraternité et de la solidarité à toute épreuve entre la Chine et l’Afrique. Le peuple chinois ne saura jamais oublier que les pays africains ont assuré un soutien désintéressé à la Chine dans ses efforts pour retrouver son siège légitime au sein des Nations Unies et fait preuve d’une grande générosité envers la Chine à la suite des graves séismes survenus à Wenchuan et à Yushu.

Le renforcement au fil du temps de l’amitié sino-africaine et sa vitalité sans cesse renouvelée tiennent au fond à l’attachement constant des deux parties à l’égalité, à la sincérité, à la coopération gagnant-gagnant et au développement partagé. La Chine et l’Afrique sont bons amis, bons partenaires et bon frères pour toujours.

Actuellement, la Chine et l’Afrique assument l’une comme l’autre la mission de promouvoir le développement et d’améliorer les conditions de vie de la population. L’Afrique possède d’abondantes ressources naturelles et humaines et se trouve dans la phase émergente de l’industrialisation. Quant à la Chine, après plus de 30 ans de réforme et d’ouverture sur l’extérieur, elle possède non seulement l’atout matériel en termes de technique, d’équipement, de compétences et de fonds pour accompagner le développement autonome et durable de l’Afrique, mais aussi et surtout l’atout politique pour soutenir le progrès et l’émergence de l’Afrique. Vu le besoin mutuel et la complémentarité des atouts respectifs, la Chine et l’Afrique font face à des opportunités historiques pour renforcer leur coopération.

Dans le nouveau contexte, c’est à nous de transmettre et de faire rayonner l’amitié traditionnelle sino-africaine, et surtout, d’en faire une force motrice de la solidarité, de la coopération et du développement, pour apporter encore plus de bénéfices tangibles à nos peuples et contribuer davantage à un développement plus équilibré, plus équitable et plus inclusif dans le monde de même qu’à la construction d’un nouveau modèle de relations internationales axé sur la coopération gagnant-gagnant.

Siège de l’union africaine construit par la Chine

Aujourd’hui, le monde traverse des mutations profondes. La globalisation économique et l’informatisation de la société ont permis de libérer et de développer considérablement les forces productives. Nous sommes devant des opportunités de développement sans précédent. Pourtant, l’hégémonisme, le terrorisme, les turbulences financières et les crises environnementales s’accentuent et nous lancent des défis inédits.

Fidèle au principe dit de « sincérité, pragmatisme, amitié et franchise » à l’égard de l’Afrique et à la juste conception de la justice et des intérêts, la Chine travaillera la main dans la main avec les amis africains pour ouvrir une nouvelle ère de la coopération gagnant-gagnant et du développement commun. Pour ce faire, je propose d’élever le partenariat stratégique sino-africain de type nouveau au rang de partenariat de coopération stratégique global et de renforcer et consolider les « cinq piliers » suivants :

  • Premièrement, l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique. Un haut degré de confiance politique mutuelle constitue la pierre angulaire de l’amitié sino-africaine. Il est important de respecter la voie de développement librement choisie par chacun et de ne jamais imposer sa propre volonté à autrui. Sur les questions touchant aux intérêts vitaux et aux préoccupations majeures de part et d’autre, nous devons nous témoigner mutuellement compréhension et soutien et défendre ensemble l’équité et la justice. La Chine est toujours d’avis que l’Afrique appartient aux Africains et qu’il est aux Africains de décider des affaires africaines.
  • Deuxièmement, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique. Les Chinois veillent à concilier la justice et les intérêts, tout en privilégiant la justice. Pour les relations sino-africaines, la chose la plus juste à faire consiste à favoriser le développement de l’Afrique par le développement de la Chine, de sorte à réaliser le bénéfice mutuel, le gagnant-gagnant et le développement partagé. Il faut mettre à profit la confiance politique mutuelle et la complémentarité économique entre la Chine et l’Afrique et s’appuyer sur la coopération en matière de capacités de production, ainsi que sur la construction des trois réseaux, à savoir routier, ferroviaire et aérien régional et la promotion de l’industrialisation en Afrique pour approfondir sur tous les plans la coopération sino-africaine au grand bénéfice des peuples chinois et africains.
  • Troisièmement, les échanges et l’inspiration mutuelle sur le plan culturel. Le monde tire sa beauté de sa diversité. La Chine et l’Afrique sont fières d’être héritières chacune d’une civilisation aussi ancienne que brillante. Il nous faut renforcer le dialogue et l’inspiration mutuelle entre nos deux grandes civilisations, accroître les échanges entre les jeunes, les femmes, les think-tanks, les médias et les établissements d’enseignement supérieur et favoriser l’enrichissement mutuel des cultures, la coordination des politiques et le rapprochement des cœurs, en vue de progresser ensemble et de transmettre l’amitié entre les peuples chinois et africains de génération en génération.
  • Quatrièmement, la solidarité et l’assistance mutuelle sur le plan sécuritaire. La pauvreté est source d’instabilité, alors que la paix, gage de développement. Le développement est la clé à tous les problèmes. La Chine soutient les efforts des Africains pour régler les questions africaines par des solutions africaines et préconise des remèdes intégrés traitant tant les symptômes que les racines des problèmes de sécurité. Elle entend prendre une part active aux initiatives africaines de renforcer les capacités de maintien de la paix et de la sécurité et soutient l’Afrique dans ses efforts pour accélérer le développement, éliminer la pauvreté et réaliser la paix durable.
  • Cinquièmement, la coopération et la coordination dans les affaires internationales. La Chine et l’Afrique partagent une large convergence de vues et d’intérêts dans les affaires internationales. Il nous faut intensifier les consultations et la coordination pour faire évoluer le système de gouvernance mondiale dans un sens plus juste et plus rationnel et défendre nos intérêts communs. La Chine continuera à défendre au nom de la justice les droits et les revendications légitimes de l’Afrique au sein des Nations Unies et dans d’autres enceintes et à soutenir un rôle croissant de l’Afrique sur la scène internationale.

Pour promouvoir la construction du partenariat de coopération stratégique global sino-africain, la Chine entend travailler ensemble avec l’Afrique pour mettre en œuvre en priorité dix programmes de coopération dans les trois ans à venir dans le respect du principe dit d’« orientation par le gouvernement, de gestion par les entreprises, de régulation par le marché et de coopération gagnant-gagnant », notamment pour soutenir l’Afrique dans ses efforts de lever les trois obstacles à son développement, à savoir le sous-développement des infrastructures, le déficit en personnels qualifiés et le manque de moyens financiers, d’accélérer le processus d’industrialisation et de modernisation agricole, et de réaliser le développement autonome et durable.

  • Premièrement, le programme d’industrialisation. La Chine travaillera activement à développer les partenariats industriels et la coopération sur les capacités de production avec l’Afrique, et encouragera les entreprises chinoises à investir et à développer leurs affaires en Afrique. Elle coopérera avec l’Afrique pour la construction ou la mise à niveau de parcs industriels, enverra des experts et conseillers de haut niveau auprès de gouvernements africains, établira des centres régionaux de formation professionnelle et des instituts pour le développement des capacités, formera en Afrique 200 000 techniciens, et accueillera 40 000 Africains en Chine pour la formation.
  • Deuxièmement, le programme de modernisation agricole. La Chine partagera avec l’Afrique les expériences de développement agricole, lui transférera des technologies agricoles adaptées, et encouragera les entreprises chinoises à coopérer avec l’Afrique dans les domaines de la culture massive, de l’élevage, du stockage et de la transformation des produits agricoles afin d’y accroître l’emploi et le revenu des agriculteurs. La Chine mettra en œuvre le « projet d’enrichissement de la population grâce à l’agriculture » dans 100 villages africains, enverra 30 groupes d’agronomes en Afrique et établira un mécanisme de coopération « 10+10 » entre établissements de recherche agricole chinois et africains. La Chine, très attentive aux mauvaises récoltes dans plusieurs pays africains dues aux effets de « El Niño », fournira aux pays touchés des aides alimentaires d’urgence d’une valeur d’un milliard de yuans RMB.
  • Troisièmement, le programme d’infrastructures. La Chine renforcera la coopération mutuellement bénéfique avec l’Afrique en ce qui concerne la planification, la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien des infrastructures, soutiendra une participation active des entreprises chinoises à la construction des infrastructures en Afrique telles que les chemins de fer, les routes, l’aviation régionale, les ports, l’électricité et les télécommunications, afin d’accroître la capacité de l’Afrique à s’assurer un développement soutenu, et accompagnera les pays africains dans la construction de cinq universités spécialisées en transport.
  • Quatrièmement, le programme de coopération financière. La Chine élargira les opérations de règlement en RMB et de swap avec les pays africains, et encouragera les institutions financières chinoises à établir plus de succursales en Afrique et à étendre par divers moyens la coopération en matière d’investissement et de financement avec l’Afrique, de manière à apporter des soutiens et des services financiers pour l’industrialisation et la modernisation de l’Afrique.
  • Cinquièmement, le programme de développement vert. La Chine soutiendra l’Afrique dans ses efforts pour renforcer les capacités de développement vert, bas carbone et durable et mettre en œuvre 100 projets d’énergies propres, de protection de la faune et de la flore sauvages, de développement agricole respectueux de l’environnement, et de construction de villes intelligentes. La coopération sino-africaine ne se fera jamais au détriment des écosystèmes et des intérêts de long terme de l’Afrique.
  • Sixièmement, le programme de facilitation du commerce et de l’investissement. La Chine mettra en œuvre 50 projets pour promouvoir le commerce, accompagnera l’Afrique dans l’amélioration des conditions matérielles et immatérielles de l’investissement et du commerce intra-africain et avec l’extérieur, et entend mener des négociations avec les pays et organisations régionales africains sur les accords globaux de libre-échange couvrant le commerce des marchandises, le commerce des services et la coopération d’investissement, de sorte à accroître l’exportation africaine vers la Chine. La Chine soutiendra les pays africains dans leurs efforts visant à renforcer les capacités d’application de la loi en matière de douane, de contrôle de la qualité et de fiscalité et développera avec l’Afrique la coopération dans la normalisation, la certification et l’accréditation ainsi que le commerce électronique.
  • Septièmement, le programme de réduction de la pauvreté et de bien-être social. Tout en redoublant d’efforts pour réduire la pauvreté, la Chine accroîtra ses aides à l’Afrique, et y mettra en œuvre 200 projets dans la cadre du programme « vie heureuse » et du programme de réduction de la pauvreté destiné notamment aux femmes et aux enfants. Elle exemptera les PMA africains des dettes gouvernementales sans intérêt échues fin 2015.
  • Huitièmement, le programme de santé publique. La Chine participera aux efforts de l’Afrique pour développer les systèmes de prévention et de contrôle et renforcer les capacités en matière de santé publique comme la construction des centres de contrôle des maladies. Elle soutiendra l’établissement de 20 partenariats pilotes entre les hôpitaux chinois et africains, favorisera le renforcement des services de spécialité des hôpitaux, continuera à envoyer des équipes médicales et à organiser des activités d’assistance médicale comme l’« Action Lumière » et la protection maternelle et infantile dans différents pays africains, et fournira à l’Afrique des antipaludéens à base d’artémisinine. La Chine encouragera les entreprises pharmaceutiques chinoises à localiser la production en Afrique en vue d’y accroître l’accessibilité des médicaments.
  • Neuvièmement, le programme d’échanges culturels et humains. La Chine construira pour l’Afrique cinq centres culturels, et mettra en œuvre des projets d’accès à la télévision par satellite dans 10 000 villages africains. Elle accueillera 2 000 Africains pour la formation diplômante et accordera 30 000 bourses gouvernementales à l’Afrique, organisera chaque année des visites en Chine pour 200 chercheurs africains et des séminaires pour 500 jeunes africains, et formera chaque année 1 000 Africains travaillant dans les médias. Elle soutiendra l’ouverture de plus de vols directs entre la Chine et l’Afrique en vue de promouvoir la coopération touristique.
  • Dixièmement, le programme de paix et de sécurité. La Chine donnera à l’Union africaine une aide sans contrepartie de 60 millions de dollars US pour appuyer la construction et les opérations de la Force permanente africaine et de la Capacité africaine de réaction rapide aux crises. La Chine prendra une part active aux opérations onusiennes de maintien de la paix en Afrique, et soutiendra les pays africains dans leurs efforts visant à renforcer leurs capacités en matière de défense nationale, de lutte antiterroriste, de lutte anti-émeute, de contrôle douanier et de gestion et contrôle des migrants.

Pour assurer la bonne exécution de ces dix programmes de coopération, la Chine a décidé de dégager 60 milliards de dollars US pour fournir des aides sans contrepartie et prêts sans intérêt d’un montant total de 5 milliards de dollars US, accorder une ligne de crédit de 35 milliards de dollars US pour les prêts à caractère préférentiel et les crédits à l’exportation tout en veillant à augmenter le niveau de concessionnalité des prêts préférentiels, faire un apport supplémentaire de 5 milliards de dollars US respectivement au Fonds de développement Chine-Afrique et aux Prêts spéciaux pour le développement des PME africaines, et créer un fonds de coopération sur les capacités de production Chine-Afrique avec un capital initial de 10 milliards de dollars US.

Cette année marque le 15e anniversaire de la création du FCSA. Durant ces 15 ans, la coopération pragmatique sino-africaine a porté des fruits abondants dans tous les domaines. En 2014, le volume des échanges commerciaux Chine-Afrique a été multiplié par 22 par rapport au niveau de 2000, et le stock des investissements chinois non financiers en Afrique, par 60. La Chine apporte une contribution nettement plus importante au développement économique de l’Afrique. Le FCSA, un étendard guidant la coopération sino-africaine, donne un bel exemple de la coopération Sud-Sud et joue un rôle pionnier en amenant la communauté internationale à porter un plus grand intérêt à l’Afrique et à s’y investir davantage.

À l’heure actuelle, les relations sino-africaines se trouvent dans la meilleure période de leur histoire. Nous devons viser haut, voir loin et avancer à grandes enjambées. Travaillons la main dans la main pour réunir la sagesse et la force des 2,4 milliards de Chinois et d’Africains et ouvrir ensemble une nouvelle ère de la coopération gagnant-gagnant et du développement commun !

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