jeudi, avril 18

Prague, passerelle de la Chine entre l’Europe de l’est et de l’ouest

Entre contentement des politiques et contestations de la population, la visite du président Xi Jinping en République tchèque n’est pas passée inaperçu. Deux jours avant son arrivée, plusieurs manifestations ont eu lieu contre la politique de Beijing au Tibet. Du côté du gouvernement, l’heure est à la fête, plusieurs contrats vont être signés pour un montant global de 740 millions d’euros.

Vive contestation

Les défenseurs des droits de l’Homme tchèques ont critiqué le président Milos Zeman, initiateur de la visite de Xi Jinping, pour sa politique jugée trop favorable à la Chine et à la Russie.

L’Agence France Presse s’est procurée la pétition présentée par le directeur de la Galerie nationale tchèque, Jiri Fajt, indiquant que « nous avons honte du président Zeman et du gouvernement, qui ont échangé la défense des droits de l’Homme contre la collaboration avec la Chine totalitaire et communiste ».

Hier, une douzaine de jeunes protestataires ont été interpellés sur la route reliant l’aéroport au centre-ville de Prague alors qu’ils tentaient d’accrocher des drapeaux tibétains à la place des chinois. Ces arrestations ont provoqué des échauffourées entre des pro-Beijing et les pro-Tibétains.

@JigmeUgen
@JigmeUgen

Une photo géante du Dalaï Lama en compagnie de l’ex-président tchèque Vaclav Havel (1989-2003), ancien dissident et militant des droits de l’Homme ayant plusieurs fois accueilli le chef spirituel des Tibétains, a été dressée près de l’aéroport. La légende indiquait : « These gentlemen are at home here » (Ces messieurs sont chez eux ici).

Vendredi soir, des personnes ont éclaboussé de peinture les 50 drapeaux chinois accrochés tout au long de la route de l’aéroport jusqu’au Château de Prague, où a été accueillit le président Xi Jinping. Selon l’agence de presse tchèque, CTK, les drapeaux  payés par la Chambre mixte de coopération mutuelle tchéco-chinoise, ont rapidement été enlevés, nettoyés et réinstallés pour la visite.

Le président de la Chambre, Jaroslav Tvrdik, a assuré qu’il s’agissait d’un épiphénomène, ne remettant pas en cause « l’historique première visite d’un président chinois en République tchèque ».

Cependant, le maire du district 6 de Prague, Ondrej Kolar, a indiqué à CTK que les drapeaux chinois et tchèques rappellent la période communiste, lorsque toutes les villes du pays étaient obliger d’accrocher des drapeaux soviétiques.

Un « rassemblement pacifique pour le soutien de la démocratie et des droits de l’Homme en République tchèque, en Chine, au Tibet et à Taïwan » est prévu ce soir, non loin de la présidence tchèque.

De gros contrats attendus

Du côté du gouvernement, la situation est sous contrôle, l’important est la signature, entre le président chinois Xi Jinping et son homologue tchèque Milos Zeman, du partenariat stratégique visant à renforcer les investissements chinois en République tchèque. D’ailleurs de nouveaux investissements chinois d’un montant total d’environ 45 milliards de couronnes (1,66 milliard d’euros), vont être détaillés, lors du lancement de ce partenariat stratégique.

Xi Milos Zeman PRague 2016
Présidents Milos Zeman et Xi Jinping

Le groupe chinois CEFC avait déjà investi près de 20 milliards de couronnes (740 millions d’euros), suite à une série de contrats avec notamment la première compagnie aérienne charter tchèque Travel Service, le 5ème brasseur du pays et deux groupes médiatiques. CEFC a également pris une part majoritaire dans le club de football, Slavia Prague.

La Chine est actuellement le 1er partenaire commercial de la République tchèque en dehors de l’Union européenne. Tandis que la République tchèque a été le 2ème partenaire commercial de la Chine en Europe centrale et orientale pendant de nombreuses années consécutives. Désormais, le pays veut rattraper son retard et profiter de sa position.

Interviewé par Le Quotidien du peuple, le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka, a expliqué que la coopération bilatérale « est et continuera d’être bénéfique pour nos deux nations ». « La République tchèque a la deuxième économie la plus forte de l’Union européenne, et grâce à sa position stratégique au centre de l’Europe, elle représente une plaque tournante pour le transport et une logistique idéale »  a ajouté ce dernier.

La visite de Xi jinping est « un signal fort« , car « la République tchèque est un partenaire de coopération crucial en Europe et qu’elle est disposée à renforcer la coopération mutuelle dans le cadre de l’Initiative Une ceinture et une route et le Mécanisme 16+1 », a expliqué Zhao Junjie, chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales, au Global Times.

En effet, le pays est bordé par la Pologne au nord et l’Allemagne à l’ouest, jouant « le rôle de passerelle entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest sur le plan géographique et politique » continue Le Quotidien du peuple. De plus, le pays « est membre de l’OTAN et fait également partie de l’espace Schengen », raison pour lesquelles « ses atouts géographiques et de son influence au sein des PECO ». De ce fait la République Tchèque « peut jouer un rôle vital et positif dans le cadre de la coopération Chine-PECO ».  

D’ailleurs Bohuslav Sobotka a expliqué que « la République populaire de Chine est pour nous un partenaire commercial important », quelque soit la contestation actuelle. Ce dernier a indiqué qu’il « est naturel que nous cherchons à approfondir les liens avec la Chine ».  

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