vendredi, mars 15

Réformer pour freiner la contestation montante

Le premier ministre Wen Jiabao a ouvert le 4 mars la session annuelle du Parlement, au cours de laquelle, le bilan d’une décennie de pouvoir sera exposé. A cette occasion, la politique du pays pour les prochaines années sera présentée devant les 3.000 délégués réunis au Palais du peuple, à Beijing.

Cette session marque surtout l’installation de Xi Jinping, à la tête de la République Populaire de Chine, ce 14 mars, et de Li Keqiang, au poste de Premier ministre, le 15.

Les deux hommes devront faire face aux attentes des chinois, qui souhaitent des mesures concrètes contre la corruption, pour l’urbanisation, la réforme du système financier et la fiscalité, la réforme du système de l’enfant unique, la sécurité alimentaire, la pollution et la réforme des entreprises d’État, a rappelé le site Caixin.

Le Premier ministre, Wen Jiabao, a établi les fondements de cette nouvelle gouvernance qui devra faire face à de nombreux défis : économique, politique, climatique et social.

Les bases de la nouvelle gouvernance fixées

Wen Jiabao a réaffirmé l’objectif de croissance de 7,5 % pour l’année 2013, qui met fin à l’actuel modèle économique et demande donc une transformation « accélérée » de ce modèle.

Le gouvernement va tenter « d’élargir la demande intérieure » mais surtout faire en sorte que la consommation soit « une force motrice de plus en plus puissante pour la croissance économique ». Pour Wen Jiabao, l’important est de « renforcer le goût de consommer » des chinois et d' »améliorer le pouvoir d’achat.

Pour cela, le gouvernement a lancé un plan d’urbanisation de 4.930 milliards d’euros sur dix ans, afin d’attirer les 400 millions de ruraux vers les villes. La question sensible des « hukou » a été évoqué par Wen Jiabao, qui a préconisé une réforme du système.

Pour le moment ce permis de résidence prive les migrants d’avoir accès aux services de base (santé, protection sociale, assurance, …). D’autant plus que les « hukou » freinant la consommation des migrants, a indiqué le Premier ministre.

La nouvelle gouvernance par Xi jinping et Li Keqiang sera placée sous le slogan du « bien-être » de la population, car les inégalités entre les riches et les pauvres ne cessent d’augmenter en zone rurale particulièrement.

« L’amélioration de la qualité de vie des gens doit être l’objectif de l’ensemble du travail gouvernemental », d’autant plus que le nombre de conflits sociaux s’accroit rapidement, a indiqué Wen Jiabao, remplacé par Li Keqiang.

Ce dernier a également évoqué les conséquences néfastes de la pollution, créant une forte contestation de la part des urbains, qui dénoncent souvent l’inaction du gouvernement sur le sujet. D’autant plus que les pics de pollution ne cessent de s’aggraver.

Changer la société rapidement

La conjoncture pèse sur l’économie chinoise, dont la croissance prévue à 7,5% en 2013, impose une augmentation des dépenses de l’Etat. Selon certains économistes, cette hausse devraient s’élever à près de 10% cette année, financée en partie par la hausse de 50% du déficit budgétaire.

Les autres objectifs économiques de cette année seront la maîtrise du taux d’inflation autour de 3,5%, la création de plus de neuf millions d’emplois dans les villes et le maintien à moins de 4,6% du taux de chômage urbain.

Face à ces défis majeurs, le prochain président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, a appelé les dirigeants du Parti communiste à « s’inspirer des anciens sages et à combattre la corruption », qui menace l’institution.

Ce dernier a fait de la lutte contre la corruption un des axes majeurs de sa politique, depuis le 18ème Congrès du parti en novembre dernier. Un discours répété, lors du 80ème anniversaire de l’école centrale du parti, où il a estimé que les dirigeants chinois « doivent étudier l’excellente culture traditionnelle chinoise qui contient de vastes connaissances et un profond savoir ».

La corruption est l’une des préoccupations principales des chinois, qui subissent les malversations des cadres corrompus. Parmi les faits reprochés, certains haut responsables provinciaux envoient des voyous menacer et passez à tabac des fermiers pour qu’ils quittent leurs terres (affaire du village de Hewan dans la province du Jiangsu), afin d’y construire des usines pétrochimiques.

En pleine transition politique et économique, Xi Jinping n’a pas prit parti entre les partisans de l’édification d’un État de droit et les tenants de l’orthodoxie, alors que la contestation sociale grimpe.

Répondre aux exigences économiques et sociales

Li Keqiang
Li Keqiang, prochain Premier ministre

Le 23 février, le futur président a appelé « à une plus grande indépendance de la justice et à une amélioration du travail législatif qui doit prendre en compte les opinions du public », a révélé Le Monde. Ce dernier a expliqué que « les lois doivent refléter fidèlement les exigences du développement socio-économique ».  

De son côté Li Keqiang, futur Premier ministre, a appelé lundi 3 mars « le pays à répondre à la situation économique actuelle et à se concentrer sur le développement à long terme, lors d’une discussion de groupe avec des conseillers politiques » (Xinhua).

« L’économie mondiale reste morose et de nouveaux risques s’accumulent. Nous serons confrontés à de nombreux problèmes cette année » a-t-il prévenu, lors du 12ème Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPPC), instance consultative politique suprême du pays.

Mais l’important est que « la Chine doit continuer de réaliser des progrès tout en assurant la stabilité », a-t-il conclu. Pour cela, le pays « doit accorder la priorité à l’accroissement de la demande intérieure et à la stabilisation de la croissance et des prix » a ajouté ce dernier, pour qui « des efforts devaient être déployés pour restructurer l’économie, faire bon usage des politiques d’incitation, et améliorer la capacité d’innovation ».

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