vendredi, avril 12

Tollé autour du projet de visite du gouverneur du Xinjiang en Europe

Le gouvernement de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, Erkin Tuniyaz, devrait se rendre au Royaume-Uni pour rencontrer des responsables britanniques afin de discuter du traitement des musulmans ouïghours au Xinjiang.

Erkin Tuniyaz est soumis à des sanctions aux États-Unis pour de «sérieuses violations des droits de l’homme». Mais en Europe, il n’est sous le coup d’aucune sanction. Ce dernier envisagerait pourtant d’effectuer une tournée à Londres et à Bruxelles. Sa visite à Paris a été annulé à la dernière minute par la Chine.

Le gouvernement britannique de Rishi Sunak a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une invitation officielle de la part de Londres. « Il ne sera en aucune circonstance accueilli avec une rencontre ministérielle », a précisé le sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Leo Docherty. « Un dialogue robuste pour dénoncer les violations des droits de l’Homme et défendre les opprimés est au centre de l’approche diplomatique du Royaume-Uni », a-t-il justifié.

Après Londres, il prévoyait de se rendre à Paris. Mais, selon une source diplomatique française, le projet a été annulé. L’ambassade de Chine en France avait envoyé des invitations à une réception en son honneur pour le 17 février dans la soirée. Erkin Tuniyaz devait ensuite se rendre à Bruxelles, entre le 19 et le 21 février, afin de rencontrer des fonctionnaires européens. Mais là aussi, sa venue est encore incertaine.

Selon France24, Erkin Tuniyaz pourrait participer au Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU à Genève, six mois après la publication d’un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme sur le Xinjiang qui avait jugé crédibles les allégations de « pratiques de torture ou de mauvais traitements, de mauvaises conditions de détention […] tout comme les allégations d’incidents individuels de violences sexuelles et sexistes ».

Depuis décembre 2021, Erkin Tuniyaz est accusé par les Etats-Unis de «sérieuses violations des droits de l’homme» et l’ont interdit de séjour sur leur territoire. En tant que gouverneur de cette région autonome du nord-ouest de la Chine, il est l’exécutant de la politique sécuritaire en vigueur contre les Ouïgours. Un réseau de camps d’internement y a été mis en place, dans un contexte de recours au travail forcé, à des tortures, et une politique imposée de stérilisation, selon l’Agence France Presse.

«La Chine mène actuellement une offensive pour essayer de reconstruire son image et elle considère l’Europe comme un maillon faible», a déploré Zumretay Arkin, du Congrès mondial ouïgour, une association installée en Allemagne qui défend cette minorité.

Pour Vanessa Frangville, professeure d’études chinoises à l’Université libre de Belgique (ULB), « c’est une façon pour la Chine de reprendre contact avec l’Europe à travers une personne qui est elle-même ouïghoure. Cela fait partie d’une stratégie de communication ».

Mathématicien de formation, Erkin Tuniyaz est décrit comme un haut fonctionnaire zélé qui a gravi un à un les échelons du pouvoir. Élu en janvier gouverneur régional du Xinjiang, il est considéré comme un personnage clé de la politique de contrôle. « Il a été l’un des principaux dirigeants du comité du PCC au Xinjiang, celui qui a mis en place la législation sur les camps et les détentions massives. Par ailleurs, il a aussi supervisé les travaux d’une commission qui contrôle tous les organes de sécurité de la région », a indiqué Vanessa Frangville.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué ne pas être « au courant de la visite » de ce dernier en Europe. Mao Ning a indiqué que la Chine « a clairement exprimé sa position sur les questions liées au Xinjiang à plusieurs reprises. Nous espérons que le Royaume-Uni examinera le fort développement socio-économique du Xinjiang de manière objective, qu’il cessera d’utiliser les questions liées au Xinjiang à des fins de manipulation politique et qu’il cessera de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine ».

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