dimanche, avril 14

Travail forcé des Ouïghours : une enquête de la France visant des géants du textile classée

L’enquête de la France ouverte en juin 2021 visant des géants de l’habillement, tels Uniqlo et Inditex, accusés par des associations d’avoir profité du travail forcé de Ouïghours en Chine, a été classée sans suite le 12 avril, selon l’Agence France Presse.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui traite en France les dossiers de crimes contre l’humanité, a confirmé à l’agence de presse avoir classé cette plainte car juridiquement incompétent.

Les plaignants veulent «rapidement» saisir un juge d’instruction pour reprendre l’enquête, a indiqué leur avocat, Me William Bourdon. L’enquête avait été ouverte par le pôle crimes contre l’humanité du Pnat après une plainte déposée en avril 2021 par l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et une Ouïghoure qui aurait été internée dans la province du Xinjiang.

La plainte s’appuyait sur un rapport publié en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute). Les plaignants reprochaient à Uniqlo France (propriété du groupe japonais Fast Retailing), Inditex (détenteur des marques Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac…) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité ou en partie dans des usines où des Ouïghours qui seraient soumises au travail forcé, selon ces associations. Les quatre groupes avaient contesté tout recours au travail forcé.

Le 12 avril, le Pnat a informé les plaignants dans un courrier que l’enquête était classée sans suite «pour motif d’absence d’infraction, en raison de l’incompétence du Pnat à poursuivre les faits visés dans la plainte».

«Le tête-à-queue du Pnat est incompréhensible dans la mesure où une enquête avait été ouverte sur le fondement de recel de crimes contre l’humanité. Deux années après, c’est aujourd’hui considéré comme une qualification non-pertinente», a souligné Me Bourdon.

D’autres grands groupes de textile (Nike, Adidas, Shein…) sont accusés de tirer profit de l’exploitation des membres de la minorité musulmane ouïghoure dans des champs de coton et ateliers de la région du Xinjiang.

Lire aussiParis adopte une résolution dénonçant le « génocide » des Ouïghours par la Chine

La Chine est accusée par les pays occidentaux d’avoir massivement enfermé des Ouïghours et d’autres membres de minorités majoritairement musulmanes, y compris des Huis et Kazakhs, dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans la région du Xinjiang. Leur nombre serait évalué à plus d’un million selon certaines ONG occidentales.

Lire aussiSituation au Xinjiang : pas de génocide pour l’ONU

Washington et plusieurs pays évoquent un «génocide» et le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme des crimes contre l’humanité. Ces accusations sont rejetées par la Chine, qui défend des centres de formation professionnelle destinés à combattre l’extrémisme religieux et assurer la stabilité sociale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *