mardi, mars 26

Un amiral français appelle à l’union pour lutter contre la Chine

L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine française, s’est récemment exprimé devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, notamment au sujet de la Chine.

Alors que la Chine a engagé des manœuvres militaires au large de Taïwan avec pour objectif, selon les médias officiels chinois, de s’entraîner à un blocus de l’île, la crainte d’une invasion de Taïwan par Pékin est plus d’actualité que jamais auprès des décideurs occidentaux.

Le chef d’état-major de la Marine nationale a évoqué la possibilité d’une confrontation avec la Chine sur les mers. «Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition», a déclaré l’amiral Vandier lors d’une audition le 27 juillet, dont la transcription a été publiée le 11 août par le site du Palais Bourbon.

LA CHINE POINTE DU DOIGT DÉS SON ARRIVÉE

En novembre 2020, le nouveau chef d’état-major de la marine française, l’amiral Pierre Vandier, s’est inquiété du «comportement conquérant» de la Chine concernant les eaux territoriales lors d’une visite officielle au Japon.

Ce dernier a indiqué que «le rapport de force militaire est en train d’évoluer extrêmement rapidement», le nombre de plateformes navales chinoises «ayant dépassé celui de l’US Navy». «Petit à petit, les équilibres militaires qui prévalaient depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sont en train d’être rebattus», a-t-il déclaré, ajoutant que la «pression» chinoise «inquiète».

«En termes de liberté de navigation, oui. La poldérisation de la mer de Chine et la sanctuarisation des eaux territoriales afférentes du fait de la poldérisation font l’objet d’une controverse portée devant les Nations unies», a indiqué l’amiral. «La Chine a un comportement très affirmatif, très conquérant en termes d’eaux territoriales», a affirmé le chef d’état-major de la marine française.

« Partout dans le monde, la mer aiguise les appétits et redevient un lieu de conflit. L’effort de réarmement naval est massif, notamment de la part de la Chine, du Royaume-Uni, où il est prioritaire, et de l’Australie », a indiqué ce mois-ci le militaire français.

Selon ce dernier, « la mer est globale. On peut y transiter de façon continue et sans entrave, de Mourmansk à Brest, de Shanghai à Nouméa, d’Izmir à Toulon, en quelques jours. Cette fluidité s’accentuera dans les années à venir ».

Ce dernier estime que « la Chine est loin, mais l’ouverture de la route maritime du Nord, en Arctique, va réduire cette distance de 30%. Le réchauffement climatique, qui en libérera l’accès, permettra à la Chine de s’affranchir du contrôle des détroits »..

Pour contrer l’influence de la Chine dans le globe, l’amiral Verdier a assuré qu’il faut « aller chercher, dans la coopération avec nos alliés, ce qui nous manque, pour parvenir à la masse critique. Pour ce faire, il faut continuer à développer l’interopérabilité de nos systèmes, d’autant que l’accélération technologique la rend plus complexe. Il faut que les systèmes se parlent et que les armes soient compatibles. Nous devons préparer la capacité à combattre ensemble. Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition« .

RENFORCEMENT DE LA FORCE NAVALE CHINOISE

Devant la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, l’amiral a mis en garde cette fois-ci contre le renforcement considérable de la force navale chinoise ces dernières années.

« À l’heure actuelle, les Chinois construisent une flotte de cinq brise-glace pour s’offrir la possibilité de basculer leurs forces du Pacifique vers l’Atlantique, avec l’amitié des Russes », a indiqué ce dernier.

Lors d’une rencontre en Norvège au mois de mars 2022, l’homologue norvégien de l’amiral Vandier « ne m’a pas parlé de la flotte russe du Nord, basée juste à côté, à Mourmansk, mais de l’arrivée prochaine de la marine chinoise dans l’océan Atlantique. Bientôt, il ne sera pas nécessaire d’aller en mer de Chine pour trouver des forces militaires chinoise »s.

Ce dernier a pointé du doigt le réarmement naval « sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale ». Pour étayer son propos, l’amiral a indiqué qu’en 2030, « le tonnage de la marine chinoise sera 2,5 fois supérieur à celui de la marine américaine qui, en dépit de ses efforts, restera stable, voire continuera à se réduire, tandis que la flotte chinoise croît de façon géométrique ».

L’espace maritime situé dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique « doit absolument être surveillé, car tout ce qui n’est pas surveillé est pillé, et tout ce qui est pillé finit par être contesté. (…) l’océan est littéralement en train d’être vidé de ses ressources halieutiques ».

« Pour la marine, obéir au mot d’ordre du chef d’état-major des armées (CEMA), ‘gagner la guerre avant la guerre’, c’est surveiller, comme nous le faisons depuis des mois, les flottes de surface et sous-marines russe et chinoise, en assurant le maintien de notre liberté de manœuvre et de la liberté de navigation« , a assuré Pierre Vandier.

Il est rare qu’un militaire français évoque aussi ouvertement une telle perspective et surtout position contre la Chine. «C’est une déclaration assez inattendue qui ne va évidemment pas plaire à l’Ambassade de Chine en France», a indiqué sur Twitter le chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique et spécialiste de la Chine, Antoine Bondaz.

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