mardi, mars 26

Un étudiant australien dans le collimateur de la Chine

Un étudiant australien est devenu la cible de la colère de la Chine, alors que les relations bilatérales se détériorent entre la Chine et l’Australie.

Drew Pavlou est la cible d’une campagne menée à son encontre, depuis qu’un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé la manifestation qu’il a organisé dans son université.

L’étudiant a organisé un rassemblement en juillet 2019 à l’université du Queensland, pour protester contre la politique du gouvernement chinois. Depuis, le Global Times, un journal nationaliste chinois, l’a qualifié d’« émeutier opposé à la Chine », et l’a présenté comme celui qui incarne le racisme à l’encontre des chinois en Australie.

L’étudiant de 21 ans dit avoir fait l’objet de menaces de mort après avoir été qualifié de « séparatiste » par des représentants chinois en Australie. En août, il a été pris pour cible par le ministère des Affaires étrangères à Beijing, quand le porte-parole a été interrogé sur une photo devenue virale montrant un diplomate chinois en train de marcher sur le dos d’habitants de Kiribati, un pays du Pacifique.

Il a accusé alors Drew Pavlou d’avoir publié cette photo. « Cette personne a toujours été contre la Chine pour des raisons politiques », a affirmé le porte-parole. L’étudiant a répondu avoir été « profondément choqué » par ces propos.

« C’est étrange pour une super puissance de se focaliser sur un étudiant australien de 21 ans, un Australien qui est fondamentalement très stupide et fait beaucoup de choses stupides », a déclaré Drew Pavlou à l’Agence France Presse.

Or son militantisme est parfois controversé et s’est retourné contre lui. Il a ainsi été accusé de racisme après avoir posé, au début de la pandémie de coronavirus, devant l’Institut Confucius de son université, financé par la Chine, avec une pancarte « risque biologique Covid-19 ».

Disant regretter cette blague, l’étudiant soutient ne toujours pas comprendre pourquoi il demeure dans la ligne de mire de Beijing. Or en plus d’accuser la Chine de répression à Hong Kong, dans le Xinjiang et au Tibet, Drew Pavlou a attiré l’attention sur les relations entre les universités australiennes et chinoises.

Elaine Pearson, directrice de la section australienne de l’organisation Human Rights Watch, a souligné que cela n’a fait qu’attirer d’avantage l’attention de la Chine, particulièrement « susceptible », sur l’étudiant.

Les farces de Drew Pavlou ont également conduit l’Université du Queensland à constituer un dossier pour des manquements disciplinaires son encontre. D’ailleurs, en mai, après une audience à huis clos, il a été exclu de l’Université pour deux ans. Sa peine a été réduite en appel à une suspension jusqu’à fin 2020.

L’étudiant va poursuivre son université, son chancelier et son vice-chancelier, pour réclamer 3,5 millions de dollars australiens (2,20 millions d’euros) pour rupture de contrat et diffamation. L’université a été critiqué sur la gestion de cette affaire, notamment par l’ancien Premier ministre Kevin Rudd, qui a affirmé qu’elle pourrait être considérée comme « s’étant agenouillée devant Pékin ».

Une porte-parole de l’Université du Queensland a nié toute « motivation politique » dans cette sanction disciplinaire contre Drew Pavlou. Ce dernier, qui ne semble pas être intimidé par la Chine, affirme n’avoir jamais « souhaité être un militant politique » et s’être contenté d’organiser une seule manifestation « pour perturber le campus ».

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