jeudi, avril 11

Washington/Pékin, la tension monte en mer de Chine méridoniale

Iles Sratly
Iles Spratleys

« Le vaste océan Pacifique est assez grand pour embrasser à la fois la Chine et les États-Unis », a déclaré Xi Jinping, au chef de la diplomatie américaine, John Kerry arrivé à Pékin ce lundi 18 mai 2015. Cette déclaration survient après le haussement de ton de Washington vis-à-vis de Pékin pour avoir envoyé un de ces navires chinois apporter du remblai sur un îlot des Spratleys, en mer de Chine. Samedi 16 mai, le secrétaire d’État américain John Kerry a appelé la Chine à prendre des mesures pour réduire les tensions en mer de Chine du Sud. Ce dernier s’est dit « préoccupé » devant les nouvelles revendications territoriales de Pékin dans cette zone contestée.

Inquiétudes américaines et détermination chinoise

En visite en Chine pour 48 heures, le diplomate américain a indiqué qu’il allait faire part des « inquiétudes de plus en plus vives des États-Unis et des pays de la région devant les ambitions maritimes chinoises ». De son côté, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a réaffirmé « la détermination de la partie chinoise à protéger (sa) souveraineté et (son) intégrité territoriale est aussi ferme qu’un roc et qu’elle est inébranlable ».

Depuis plusieurs années, la Chine revendique 90% de la mer de Chine méridionale, alors que le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, le sultanat de Brunei et Taïwan ont également des prétentions sur ces eaux. L’enjeu est surtout énergétique, car elles sont riches en hydrocarbures, et sont un point stratégique car traversées par des voies maritimes internationales de très importante.

Wang Yi a également expliqué lors d’un point presse que « les constructions sur les îles Nansha et certains récifs se situent intégralement dans le périmètre de la souveraineté chinoise », ce dernier fait référence aux îles des Spratleys.

Pékin a entrepris des travaux d’assèchement et d’aménagement sur plusieurs récifs et îlots qu’elle occupe dans les Spratleys, dont la superficie terrestre a été multipliée par cinq. Selon des images satellites, il y aurait une piste aérienne et des installations portuaires construites sur ces récifs et îlots.

Informé de ces travaux, le Pentagone pense envoyer des navires de guerre et des avions de surveillance dans la zone des 12 mille (22 km) pour assurer « la liberté de navigation ». Toutefois, le ministre chinois a assuré que la Chine était « prête à négocier avec (les États-Unis et les pays concernés) pour promouvoir la compréhension mutuelle ». Ce dernier a ajouté que des « dialogues similaires étaient déjà en cours entre la Chine et des pays de l’ASEAN ».

« La Chine est également prête à mener un dialogue nécessaire avec les États-Unis sur la base du respect mutuel », a précisé Wang Yi. « Nous sommes tous deux engagés à maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale et à sauvegarder la liberté de navigation telle que définie par le droit international. Nous prônons tous deux le dialogue pour résoudre les différends de manière pacifique », a expliqué le ministre chinois pour qui, « nous devons éviter les malentendus et les erreurs de calcul ».

Washington en plein dilemme

L'occupation des îles Spratleys en 2009
L’occupation des îles Spratleys en 2009

Cependant, les États-Unis et les pays revendiquant des bouts de la mer de Chine méridionale, dénoncent la politique du fait accompli, qui s’apparente à de l’intimidation pour le président américain Barack Obama.

Pékin a refusé de négocier un code de conduite suggéré par les membres de l’ASEAN, raison pour laquelle, ils se tournent vers Washington. D’après un diplomate occidental dans la région, cité par Le Point, « même les Singapouriens deviennent très anxieux face aux pratiques chinoises ». Une opération de la marine américaine pourrait envenimer la situation, car Pékin aurait toute les raisons de consolider sa jeune marine.

Washington craint que Pékin ne crée une zone aérienne de défense, comme en mer de Chine de l’Est. Cependant, pour le moment, les autorités américaines ne savent pas encore sur quel pied danser, car d’un côté, agir provoquerait une réaction de Pékin, et de l’autre, ne rien faire laisserait penser à ses alliés qu’elles sont faibles face au géant chinois.

Face au risque d’escalade entre les deux puissances mondiales, le président chinois Xi Jinping a assuré que les relations avec Washington restaient « stables« , bien que le sujet devrait être débattu lors de sa visite à Washington en septembre.

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