Par Yoro Diallo – En cette période où le monde traverse une crise multidimensionnelle dont l’issue pourrait sérieusement affecter les relations internationales, où la démocratie et les droits de l’homme font l’objet d’une instrumentalisation malsaine, l’Ambassade de la République Populaire de Chine au Mali s’est fait l’échos de la diplomatie populaire chère à son pays, en organisant avec l’Institut des Sciences Politiques, Relations Internationales et Communications à Bamako les 3 et 4 juillet 2023, le colloque sur le thème : « la Démocratie Populaire Intégrale de la Chine : Quelle inspiration pour l’Afrique ? ».
Cette Ambassade a ainsi affiché son attachement aux fondamentaux des excellentes relations qui existent entre le Mali et la Chine depuis 1960, à l’esprit du Forum sur la Coopération Sino-africaine (fondé en 2000 à Beijing) et à l’esprit des importantes initiatives, désormais biens publics, offertes par la Chine au monde. Il s’agit bien de : «l’Initiative la Ceinture et la Route» ; «l’Initiative pour le Développement Mondial» ; «l’Initiative pour les Civilisations Mondiales» ; «la Prospérité Commune» ; «la Modernisation Chinoise», etc…
Telle est l’expression de l’indéfectible engagement de la Chine pour la construction d’une Communauté de Destin pour l’humanité.
Ce colloque international de Bamako s’est avéré opportun et d’une grande importance du fait qu’en ce moment les pays africains procèdent à l’examen de leurs pratiques démocratiques, afin de trouver une voie démocratique adaptée à leurs réalités historiques, socio-économiques et politiques.
Le modèle chinois qui a produit des réalisations que le monde entier a qualifié de véritables miracles humains constitue sans nul doute une source d’inspiration pour les pays en développement, notamment les pays africains.
L’opportunité de ce colloque s’est aussi avérée au regard de la politique intérieure du Mali, marquée par le référendum sur la nouvelle Constitution qui a été adoptée par une majorité de 97% de la population malienne. Ce référendum a lieu presque trois mois (Mars 2023) après le vote à l’unanimité des 2952 députés de l’Assemblée Populaire Nationale de Chine en faveur de la réélection du Président Xi Jinping.
Ce soutien massif de 100% témoigne si besoin était de la confiance et de l’adhésion totale du peuple chinois à la gouvernance du pays. En effet un récent sondage de l’Université Harvard, affirme que le taux de satisfaction du peuple chinois à l’égard du gouvernement Chinois est de 93%.
La clé de cette confiance populaire réside dans la philosophie du Parti Communiste Chinois qui place le peuple au cœur de la démocratie populaire intégrale de la Chine. A cet égard le Président Xi Jinping note, je cite : «l’aspiration du peuple à une vie meilleure est la raison fondamentale de nos efforts».
Dans son intervention, M. CHEN Zhihong, Ambassadeur de la République Populaire de Chine au Mali a rappelé le fondement et le parcours élogieux de la Démocratie Populaire Intégrale de la Chine. «Sous la conduite du Parti Communiste Chinois, la Démocratie Populaire intégrale de la Chine associe la démocratie électorale et la démocratie consultative. Elle combine élections démocratiques, consultations démocratiques, prises de décision démocratiques, gestion démocratique et supervision démocratique, faisant refléter la volonté du peuple à tous les niveaux et aspects de la vie politique et sociale de l’Etat Chinois».
Elle associe «la démocratie de processus et celle de résultats, la démocratie procédurale et celle substantielle, la démocratie directe et celle indirecte, et la démocratie du peuple et la volonté de l’État». Cette démocratie chinoise s’étend sur «toutes les dimensions et tous les domaines de la vie du peuple».
A cet instant nous convenons qu’il n’existe pas de modèle unique de démocratie applicable à tous les pays du monde. Dès lors, «il appartient au peuple de juger si son pays est démocratique ou non et comment mieux promouvoir la démocratie dans son pays». Il n’appartient ni à un pays ni à une organisation quelconque de décider à la place du peuple. Alors, l’instrumentalisation des questions relatives à la démocratie devient nuisibles pour la paix et la stabilité mondiales.
L’Ambassadeur de la Chine a aussi noté que «la première loi chinoise sur les relations extérieures» a été adoptée récemment par l’Assemblée Populaire Nationale, organe législatif suprême de la Chine. Cette loi accorde à la Chine «les garanties légales pour protéger sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts en matière de développement face à la recrudescence des sanctions et restrictions étrangères».
En promulguant cette loi, «la Chine affirme son opposition à toute forme de politique de l’hégémonie, à l’unilatéralisme, au protectionnisme et à l’intimidation. La loi reflète la volonté du peuple chinois de maintenir la paix mondiale et de promouvoir le développement commun».
Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Mali a magnifié la coopération Sino-africaine et les excellentes relations qui existent entre le Mali et la Chine depuis plus de 60 ans. Il a rendu un vibrant hommage à la Chine pour sa fidélité à ses engagements initiaux en faveur du développement de l’Afrique et du Mali et à «l’amitié Sino-malienne de longue date qui perdure».
Le Ministre malien des Affaires Etrangères a souligné la nécessité de démocratiser les Organisations internationales pour favoriser la paix mondiale, la justice internationale et l’égalité entre les Nations.
Dans une ferveur intellectuelle, à la suite de la leçon inaugurale de l’expert chinois sur le concept de la démocratie populaire intégrale, les experts d’Afrique (Mali, Guinée Conakry, Sénégal) et de Chine ont, deux jours durant, exploré les thématiques portant sur : Organisation et fonctionnement de la démocratie populaire intégrale ; Panorama des modèles démocratiques en Afrique de l’Ouest ; Regards croisés entre la démocratie occidentale et la démocratie populaire intégrale de la Chine : quelle inspiration pour l’Afrique ? La diplomatie économique : quelle inspiration pour l’Afrique ? Bâtir la démocratie populaire et intégrale à l’Africaine.
Il a été noté que le système démocratique de la chine est quelque peu différent de celui des pays occidentaux ; ces pays qui se qualifient de «pays démocratiques» sur la base de critères qu’ils sont les seuls à établir, comme si la démocratie à l’occidentale est la seule qui vaille. Le système chinois prend son essence dans les profondeurs de la civilisation multimillénaire du pays.
Il se nourrit des expériences historiques du Peuple Chinois, de l’engagement patriotique et de la sincère coopération entre huit (8) Partis Politiques et les Personnes non affiliées à des Partis Politiques, les Indépendants. Ce système de «coopération multipartite et de consultation politique» accorde la direction du pays au plus grand Parti politique qui a organisé les luttes de libération et de l’unification de la Chine en subissant parfois des sacrifices ultimes, le Parti Communiste Chinois, pour défendre «la cause du socialisme aux caractéristiques chinoises».
L’histoire politique de la Chine enseigne qu’en 1840, suite aux agressions des puissances occidentales, à l’impuissance du régime féodal à faire face aux forces étrangères et la corruption généralisée ont fait de la Chine une société semi-coloniale et semi-féodale. Pendant plus d’un siècle, le pays a été plongé dans des crises abominables. Défiant des conditions de vie très difficiles, le peuple chinois s’est engagé dans des luttes héroïques qui dureront plusieurs années.
Au début du XXème siècle, Dr Sun Yat-Sen lance «la révolution démocratique bourgeoise» connue sous le nom de «la Révolution de 1911». Cette révolution renverse le système monarchique autocratique vieux de plusieurs millénaires pour donner naissance à la République de Chine. Le système politique parlementaire multipartite à l’occidental est établi. Dès lors se produit une floraison de Partis politiques (plus de 300) dans le pays.
Dans la compétition pour les sièges au Congrès, le Kuomintang obtient la majorité absolue. Les forces réactionnaires nationales et étrangères n’acceptent pas cet état de fait. Yuan Shikai monte sur le trône de la monarchie restaurée, après l’assassinat de Song Jiaoren. Le Kuomintang et le Congrès seront dissous. Le système parlementaire multipartite adopté par la bourgeoisie nationale et les Partis politiques alliés abouti à un échec total.
Bien que progressiste comparativement à la monarchie autocratique, le système politique à l’occidental ne répondait pas aux problèmes majeurs de la société chinoise. Sun Yat-sen dira que «la Chine ne pouvait pas simplement copier la politique occidentale pour gouverner sa propre société, car les conditions sociales et les traditions du pays étaient très différentes de celles de l’Europe et de l’Amérique».
A la lumière de l’histoire politique de la Chine, le colloque a permis aux participants en présentielle et en ligne, de mieux comprendre les différents systèmes politiques et les voies de développement existant à travers le monde. La Démocratie populaire intégrale chinoise n’est ni une camisole de force, ni une philosophie dogmatique figée. Elle est évolutive en rapport avec les aspirations du peuple chinois.
La Démocratie populaire intégrale de la Chine est incontestablement un modèle gagnant qui a montré ses preuves en contribuant à la réalisation de vrais miracles humains chinois, à savoir : l’accession à la position de deuxième économie du monde en un laps de temps, l’éradication de la pauvreté, la réalisation d’une société de moyenne aisance en Chine et la mise du pays sur la voie de la réalisation du renouveau de la Nation Chinoise.
Partageant les souffrances, l’humiliation et l’exploitation de puissances étrangères à un moment donné de leurs histoires, la Chine et l’Afrique sont unies à jamais dans la défense de la souveraineté d’État, dans une amitié-fraternité profonde et sincère.
C’est dans cette union historique que les pays Africains trouvent en la Chine une source intarissable d’inspiration aussi bien au plan des principes démocratiques qu’au plan de la voie de développement économique et social pour la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité.
