dimanche, mars 24

Crise diplomatique entre Beijing et Ottawa : réactions

La crise diplomatique perdure entre la Chine et le Canada, mais pour la communauté chinoise du Québec, le Canada s’est simplement retrouvé entre deux chaises. Retrouvez des extraits des témoignages recueillies par Le Devoir auprès de canadien d’origine chinoise, ou de chinois installé au Canada depuis plusieurs années :

Kelvin Mo, président du regroupement Canada-Chine PME, a expliqué au quotidien Le Devoir que «le Canada est coincé entre deux puissances économiques, la Chine et les États-Unis. Le pays est victime de devoir respecter des règles internationales».

Son association Canada-Chine PME aide des entrepreneurs chinois à s’installer au Québec et ceux du Québec à s’établir en Chine. Depuis le début de la crise, ce dernier explique subir les répercussions: «un de nos membres chinois devait faire un tournage ici pour promouvoir le Québec comme une destination touristique. Le projet a été mis en attente… Plusieurs autres projets ont même été annulés».

De son côté, Laurin Liu, ancienne députée néo-démocrate, «aimerait que le Canada maintienne une relation solide avec la Chine, mais je désire aussi que le Canada défende ses intérêts et ses valeurs quant au commerce international ou quant aux droits de la personne».

Cette canadienne de naissance mais d’origine chinoise déplore qu’Ottawa soit coincé, car «l’instrumentalisation de cette arrestation par Donald Trump pour se donner un pouvoir de négociation ne nous laisse aucun autre choix que de préserver l’impartialité de notre système judiciaire aux yeux de la communauté internationale».

Han Ru Zhou, professeur de droit à l’Université de Montréal, explique que «le Canada n’a rien à voir avec l’histoire politique de fond. Si Meng Wanzhou n’était pas à Vancouver lors de son arrestation mais à Londres, par exemple, ce serait le Royaume-Uni qui serait en crise avec la Chine».

Pour ce professeur, une fois « la tempête passée », les relations sino-canadiennes reviendront dans une nouvelle norme. «Traditionnellement, les relations entre le Canada et la Chine sont relativement bonnes. À long terme, cette crise n’aura pas de si gros dommages».

A contrario, Me May Chui, avocate au cabinet Ouellet Nadon et militante chinoise contre le racisme, assure qu’un grand nombre de personnes de la communauté chinoise au Québec sont fâchées contre le gouvernement de Justin Trudeau dans cette affaire. Ils jugent toutefois que l’arrestation de Meng Wanzhou est principalement motivée par des stratégies politiques et par « le désir de Donald Trump de provoquer une guerre économique avec la Chine ».