vendredi, avril 26

Didi se retire de la Bourse de New York

Le géant chinois des VTC Didi Global a déclaré qu’il allait se retirer de la bourse de New York cinq mois seulement après ses débuts et préparer une cotation à Hong Kong.

Didi s’est attiré les foudres des autorités chinoises lorsqu’il a poursuivi son introduction en Bourse à New York, alors que les autorités de régulation chinoises lui avaient demandé de la suspendre. En effet, les autorités chinoises souhaitaient procéder à un examen de la sécurité de ses pratiques en matière de données.

L’Administration chinoise du cyberespace (CAC), le régulateur national du cyberespace, avait alors annoncé plusieurs mesures contre le groupe Didi Global.

« Après un examen approfondi, l’entreprise va immédiatement commencer à se retirer de la cote aux Etats-Unis et à préparer son introduction en bourse à Hong Kong », a déclaré Didi sur son compte Weibo, plate-forme chinoise comparable à l’américain Twitter.

Le groupe n’a pas expliqué les raisons de cette décision, mais a déclaré dans un communiqué distinct qu’il organiserait un vote des actionnaires au moment opportun.

Dans un contexte d’affrontement croissant avec Washington, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite ses géants à chercher des financements sur les places boursières chinoises.

Didi Chuxing, équivalent d’Uber dans son pays, s’est donc retirée le 3 décembre de la Bourse de New York où il était coté depuis cet été. Coup dur pour les actionnaires: en cinq mois sur la place new-yorkaise, le titre Didi aura perdu environ 45% de sa valeur.

Les start-up chinoises ont longtemps été encouragées à lever des fonds aux États-Unis pour se développer. Ainsi, en 2014, le géant de l’e-commerce Alibaba avait réalisé à Wall Street la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps, en levant 25 milliards de dollars.

Cependant face à la tension croissante avec Washington, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite désormais ses pépites à chercher des financements sur ses places boursières (Hongkong, Shanghai, Shenzhen ou désormais Pékin).

Contrairement à ses compatriotes, le chinois Didi avait maintenu fin juin une levée de fonds aux États-Unis. L’entreprise, qui domine dans son pays le marché de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), avait récolté quelque 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d’euros).

Mais l’opération avait provoqué le mécontentement de Pékin qui craignait un transfert de données sensibles aux États-Unis. Par la suite, le régulateur chinois avait déclenché une enquête administrative contre Didi en lien avec sa collecte de données privées.

Le gouvernement avait ensuite instauré une mesure inédite, en interdisant en Chine le téléchargement de l’appli. La mesure était toutefois sans conséquence pour les utilisateurs de Didi qui avaient déjà installé l’appli sur leur téléphone.

Lire aussi : Didi va relancer ses applications en Chine

«Après mûre réflexion, la société a entamé le processus de retrait de la cote de la Bourse de New York avec effet immédiat et engagé les travaux préparatoires pour une cotation à Hong Kong», a annoncé Didi dans un bref communiqué.

Cette décision n’est «pas surprenante», a estimé Angela Zhang, spécialiste du droit chinois à l’Université de Hong Kong, après la «dure leçon» des régulateurs chinois donnée à Didi. «Désormais, toutes les entreprises technologiques chinoises vont prendre au sérieux les questions de sécurité autour des données», a affirmé cette dernière à l’Agence France Presse.

Cette décision intervient quelques heures après l’adoption aux États-Unis de règles plus contraignantes pour les entreprises étrangères qui y sont cotées. L’autorité américaine de régulation des marchés financiers, la SEC, est autorisée à sortir de la cote les sociétés qui n’audite pas leurs comptes par une société agréée. Les sociétés de Chine continentale et de Hong Kong sont connues pour ne pas se soumettre à cette procédure.

L’an dernier, le chinois Luckin Coffee, concurrent en Chine du géant américain Starbucks, avait fait parler le lui après une affaire de fraude comptable. L’un des dirigeants de Luckin avait été accusé d’avoir gonflé à hauteur de 2,2 milliards de yuans (290 millions d’euros d’alors) le chiffre d’affaires de l’entreprise. Sous pression des autorités, Luckin avait été contraint de se retirer de la Bourse de New York.

Dans un contexte de nationalisme économique, le pouvoir communiste vient d’ouvrir une nouvelle Bourse à Pékin, destinée aux PME, particulièrement celles actives dans les nouvelles technologies. Mais le marché chinois n’est pas forcément de tout repos.

En 2020, Pékin avait bloqué in extremis une nouvelle entrée en Bourse record qu’Alibaba avait prévue à Shanghai et Hongkong pour sa filiale de paiement électronique, Ant Group. Ce coup de frein était intervenu au moment où les autorités s’inquiétaient des risques sur le système financier d’une telle levée de fonds, à 27,4 milliards d’euros, qui aurait été la plus grosse de tous les temps.

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *