lundi, mars 25

« La dictature chinoise dans la crise sanitaire », par Guy Roy

En mode persuasif la plupart du temps, le parti communiste chinois parle de «dictature du peuple». C’est dire que les moyens dictatoriaux ne sont pas le mode ordinaire de fonctionnement de la société chinoise. Si Greenpeace existe pour les jeunes chinois comme pour les nôtres, il collabore avec le gouvernement pour faire des études environnementales et il ne lui est pas nécessaire, dans son rôle d’éveiller les consciences à l’environnement, d’organiser, comme ici, des manifestations spectaculaires.

Comme pour n’importe quel gouvernement les moments de dictature ne sont ni glorieux, ni promus comme une préférence pour assurer l’ordre sociale. En fonctionnement normal, l’État et le parti collaborent avec des tas d’autres partis et organisations de la société civile. Car il y a bien, comme chez nous, une société civile en Chine. Elle obtient le plus grand respect selon les principes de Mao de «solutions des contradictions au sein du peuple» par la persuasion, la démocratie et l’éducation.

De plus il existe bien de d’autres partis qui collaborent avec le parti communiste. Ils y ont été gagnés durant la Guerre Civile Anti-japonaise et durant la période de Démocratie Nouvelle avant le socialisme. Un slogan circulait même durant la crise sanitaire : «Nous avons vaincu le Japon, nous vaincrons COVID-19».

En Occident, on est habitué, surtout chez les intellectuels organiques, à évaluer le socialisme à la «stalinienne» comme totalitaire, c’est-à-dire sans aucune indulgence pour la partie du peuple plus rebelle et non gagnée à appuyer l’État ou le gouvernement. Le parti communiste est plus souvent qu’autrement présenté comme un appareil politique qui ne tolère pas l’opposition ou la contradiction. C’est une manière simpliste au plus haut point de présenter les choses comme si la démocratie libérale était la seule alternative aux modes anciens de fonctionnement datant du Moyen Age.

En fait la dictature du peuple est l’illustration que le régime travaille constamment à éviter le renversement par toute sorte de moyens qui vont de la force, comme à Tian An Men, aux plus subtiles instruments d’éducation populaire, de propagande politique et, le plus souvent, aussi démocratiques que chez nous ! C’est plus pratique pour éviter de heurter la population inutilement.

Tout comme les différents partis au pouvoir dans nos pays sont constamment à l’affût de ce qui pourrait servir l’adversaire pour le détrôner. Ainsi le pouvoir est toujours prêt à concéder aux populations les concessions qu’il juge utile à son maintien. Quand Trudeau a déclaré qu’il n’enverrait pas l’armée contre les Autochtones, c’est que d’autres instruments du pouvoir lui permettait de régler la crise. Mais les Québécois ont tout de suite songé à la Crise d’Octobre, surtout les plus politisés et les plus vieux, et se sont souvenus que le Québec a déjà été occupé par l’armée canadienne. C’est historique.

Il y a donc une dictature de l’État canadien qui ne dit pas son nom mais qui est utilisée quand les circonstances le demandent.

C’est principalement dans la négation du droit à l’autodétermination démocratique du Québec qu’elle s’exerce, nous l’avons appris lors que le FLQ s’est manifesté. «Terrorisme» ? Toujours est invoqué «la menace d’insurrection», c’est dans la Loi, pour justifier l’intervention de l’armée. Les Autochtones ne menaçaient pas sérieusement le pouvoir même s’ils l’affrontaient durement et qu’on a dit qu’ils étaient armés. Et les Conservateurs ont reçu une véritable leçon de démocratie dont le peuple se souciait dans l’indulgence qu’il accordait aux Autochtones pour connaître les conditions qui leur sont faites par le régime canadien.

Ainsi s’expliquent les conditions dictatoriales dans lesquelles se résout la crise sanitaire. Tant que le pouvoir peut persuader, il tolère. Et sa logique est d’orienter du mieux qu’il peut, dans des conditions souvent exceptionnelles, la population vers des réformes ou des correctifs sans user inutilement d’une violence qui heurterait la population … et surtout les communistes les plus révolutionnaires gagnés maintenant, à la suite de la restauration du capitalisme en Russie, aux méthodes de gouvernement persuasives et démocratiques. Les communistes savent apprendre sur les méthodes de gouvernement les plus efficaces !

Ainsi la Chine a orienté ses populations, avec une dictature du peuple dont elle ne cache pas les moyens d’éducation, de propagande et de mobilisation populaire, vers une solution à la crise sanitaire.

Guy Roy, porte-parole du Parti Communiste du Québec.

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