mardi, avril 23

La surveillance au Xinjiang rapporte un milliard

La présence accrue de la police dans la province du Xinjiang, pour prévenir tout séparatisme et extrémisme islamiste, a permit à des entreprises spécialisées en caméras et équipementiers des « centres de rééducation » de s’enrichir.

D’après l’Agence France Presse, ce marché représenterait plusieurs milliards d’euros pour les fournisseurs. En effet, les caméras sont désormais omniprésentes, suscitant l’indignation des organisations internationales de défense des droits de l’homme qui dénoncent des intrusions dans la vie privée.

Reconnaissance faciale, scans d’iris, prélèvements d’ADN et intelligence artificielle sont également utilisés par les autorités du Xinjiang pour veiller les fauteurs de trouble potentiels.

Selon Adrian Zenz, expert de la sécurité en Chine à l’European School of Culture and Theology (Allemagne), interrogé par l’Agence France Presse, le Xinjiang est l’un des endroits les plus surveillés du globe, avec des dépenses de sécurité y ont encore gonflé « de près de 100% » en 2°17, soit 58 milliards de yuans (7,6 milliards d’euros). « En 2017, le Xinjiang a dépensé autant en matière de sécurité qu’en l’espace de six ans entre 2007 et 2012 », a indiqué ce dernier.

La police vante les mérites des lunettes à reconnaissance faciale

Les autorités s’alarme des liens entre les militants de la minorité ouïghoure radicalisés, présentés comme des « séparatistes », et des groupes jihadistes internationaux. Elles expliquent que cette politique sécuritaire par la menace terroriste.

Mais pour les entreprises, comme Hikvision, plus grand fournisseur mondial d’équipements de surveillance, cette situation est une aubaine financière. En 2017, la société a remporté au moins cinq contrats dans la région, pour un total de 1,85 milliard de yuans (240 millions d’euros), selon Its114.com, un site internet chinois spécialisé. Hikvision devrait également fournir un « système de prévention et de contrôle social » avec des dizaines de milliers de caméras.

Depuis début 2017, les autorités du Xinjiang ont publié des milliers d’appels d’offres pour des caméras, mais aussi des uniformes de police, véhicules blindés ou encore la construction de « centres de rééducation ».  Il s’agit de camps, où les personnes considérées comme suspectes doivent notamment suivre des exercices militaires et des cours de marxisme. D’après une enquête de l’AFP, « environ 20% des adultes d’un village de la région y avaient été envoyés, mais certaines sources évoquent des centaines de milliers de personnes détenues ».

La sécurité renforcée au Xinjiang

Parmi les contrats décrochés par Hikvision figure un projet à 309 millions de yuans (40 millions d’euros) dans le comté rural de Moyu. Ce contrat comprend un réseau d’environ 35 000 caméras ainsi que la télédétection et le positionnement par satellite mis à contribution pour « maintenir l’ordre social ».

Selon le document de l’AFP, Hikvision fournira six « systèmes de vidéosurveillance » pour les centres de rééducation. De son côté, la compagnie Dahua Technology a remporté un contrat colossal à 4,3 milliards de yuans (560 millions d’euros) pour construire un « programme de villes sûres » dans le comté de Yarkand.

L’étendu du marché a permit de booster les fournisseurs mais a en parallèle creusé la dette publique des collectivités locales. D’après le cabinet chinois de conseil financier CHYXX estime à 16,2 milliards de yuans (2,1 milliards d’euros) les simples besoins en caméras sur les trois prochaines années.

D’autres données circulent, comme celle d’une étude gouvernementale publiée en avril 2017, prédisant que « la valeur totale des investissements en matière de sécurité atteindra au moins 40 à 50 milliards de yuans ».

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