mardi, mars 26

L’armée chinoise se tourne vers le Royaume Uni

Les autorités britanniques ont autorisé l’exportation vers la Chine d’équipements, de composants, de logiciels et de technologies liés aux radars militaires, selon le journal South China Morning Post. Le quotidien hongkongais a annoncé la signature d’un accord de vente entre une société britannique de la défense et la Chine, suscitant un vent de panique à Washington.

Un contrat majeur pour la Chine et le Royaume-Uni

Un accord de principe aurait été obtenu lors de la visite en Chine de Theresa May, fin janvier-début février dernier. Celui-ci a abouti à la signature d’un contrat lui-même approuvé par les autorités britanniques en avril. D’après les termes du contrat, une compagnie de défense britannique va fournir une quantité illimitée de marchandises à l’armée chinoise, y compris de la technologie radar aéroportée, susceptible d’être utilisée par l’armée de l’air chinoise.

Une «licence d’exportation individuelle ouverte» (OIEL) a été délivré à une compagnie britannique, dont le nom n’a pas été divulgué. Toutefois, les données consultées par le SCMP indiquent que l’équipement couvert par cette licence était qualifié de «systèmes d’acquisition de cibles, de contrôle des armes et de contre-mesures» pour des «aéronefs, hélicoptères et drones».

« C’est potentiellement une grosse licence, et cela signifie que l’utilisateur final est l’armée de l’air« , a déclaré Andrew Smith, porte-parole de l’ONG Campaign Against Arms Trade basée à Londres. Ce dernier a expliqué à journal hongkongais que les licences d’exportation individuelles restent généralement valables entre cinq et dix ans, mais là « les valeurs n’ont jamais été publiées et le chiffre pourrait donc être très élevé ».

Un pied de nez aux américains

L’accord suggère que Londres est prête à traiter avec la Chine en dépit du conflit commercial et des luttes stratégiques en cours entre Beijing et Washington. L’accord suggère que Londres est prête à traiter avec la Chine en dépit du conflit commercial et des luttes stratégiques en cours entre Beijing et Washington. En effet, « sous embargo américain et européen après le massacre de Tian’anmen en 1989, alors qu’elle avait bénéficié d’importants transferts occidentaux dans les années 1990 après son rapprochement avec les États-Unis, la Chine a besoin de nouveaux fournisseurs pour assurer la modernisation de son armée », a indiqué à La Croix, Matthieu Duchâtel, responsable du programme Asie au Conseil européen des relations internationales.

D’ailleurs, Li Bin, chercheur principal travaillant conjointement au programme de politique nucléaire et au programme pour l’Asie du Carnegie Endowment for Peace international de l’Université Tsinghua de Beijing, a expliqué au SCMP que la Grande-Bretagne faisait face à de nombreux défis, tant dans son pays qu’à l’étranger, en raison de son départ imminent de l’Union européenne.

Interrogé par SputnikNews, Mei Xinyu, expert de l’Institut de la coopération économique et commerciale internationale auprès du ministère chinois du Commerce, « il ne fait pas de doute que dans le monde occidental, le Royaume-Uni est l’allié le plus fidèle des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale, (mais …) les intérêts nationaux du Royaume-Uni et des États-Unis ne coïncident pas totalement… »

Ce dernier a estimé « qu’avant la conclusion du contrat, le Royaume-Uni et la Chine ont bien réfléchi. Londres comprend que dans certains domaines les technologies chinoises ont déjà atteint un niveau non négligeable. Si le Royaume-Uni ne vend pas ses équipements radars à la Chine, cela ne changera pas grand-chose. Tandis que la conclusion du contrat promet des bénéfices ».

D’ailleurs, la coopération entre les spécialistes chinois et britanniques dans le domaine des radars pourrait contrarier Washington. Un des principaux experts britanniques dans ce domaine, le professeur Hugh Griffiths, a récemment reçu en Chine une récompense prestigieuse, la Outstanding Contribution Award for Chinese Radar International Development.

Des concepteurs chinois ont démarré une série de tests sur un prototype de radar quantique développant la technologie de Hugh Griffiths. Pour David Stupples, professeur britannique de systèmes électroniques et radio à City, Université de Londres, « la Chine a fait d’énormes progrès dans la conception de radars au cours des 10 dernières années et doit être classée dans le top 10 [du monde] ».

Dans les systèmes de radar spatiaux, par exemple, la Chine a montré «une expertise et de l’ingéniosité», mais pour les applications maritimes et aéroportées, «le Royaume-Uni est légèrement en avance», a déclaré ce dernier. Cao Yunhe, scientifique de l’Université Xidian àXian, a déclaré que la licence d’exportation était une bonne nouvelle pour la force militaire et la recherche radar de la Chine : « s’ils sont disposés à vendre, nous sommes disposés à acheter ».

Pour ce dernier, « nous voulons savoir comment fonctionnent leurs systèmes. Cela nous aidera à améliorer notre propre conception ». D’autant qu’il est peu probable que la technologie et l’équipement vendus par la Grande-Bretagne soient les plus avancés.

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