dimanche, mars 24

Les Hongkongais vivent dans leur laverie automatique

L’expérience de la laverie libre-service est nouvelle pour les Hongkongais. Le tout premier établissement de la ville aurait été ouvert en 2014, mais depuis, leur nombre n’a cessé d’augmenter, pour atteindre aujourd’hui plus de 180.

Hong Kong vit une pénurie grandissante de logements abordables, car le marché de l’immobilier est le plus cher du monde.  Les résidents doivent donc s’entasser dans des appartements très étroits, où il est impossible de faire rentrer machines à laver et sèche-linge.

La pénurie de logement explique l’explosion du nombre de laveries

D’après les récentes données du département de l’immobilier de la ville, la taille moyenne des appartements neufs est passée de 39 mètres carrés en 2013 à 32 mètres carrés en 2017. Pour l’entreprise américaine, Jones Lang LaSalle (JLL), spécialisée dans le conseil en immobilier d’entreprise, des milliers de «micro-appartements» de moins de 18 mètres carrés devraient être construits d’ici 2020.

Luo Chengcheng, l’un des fondateurs de Coffee & Laundry, a expliqué qu journal New York Times (en chinois) que «l’explosion du marché des laveries en libre-service est un symptôme de la pénurie de logements à Hong Kong». Ce dernier a indiqué «admettons que les résidents aient une machine à laver, comment font-ils pour étendre leur linge?»

Vue nord de Hong Kong

Dans le passé, le linge surplombait les ruelles animées, étendu çà et là, aux poteaux de la ville. Mais dans les années 1980, l’ouverture de l’économie fait de Hong Kong, un centre financier majeur. Avec l’enrichissement de la population, les foyers se sont rapidement dotés de sèche-linge et de lave-linge.

D’ailleurs, la hausse du niveau de vie des habitants a conduit les hongkongais à habiter des immeubles derniers cris entièrement vitrés. Mais aujourd’hui, avec la flambée du prix du mètre carré, les habitants ont les moyens financiers de s’acheter une machine à laver ou un sèche-linge, mais n’ont pas l’espace dans leur logement pour les y installer.

Conséquence de ce manque d’espace : l’explosion de la demande pour les services de blanchisserie, déjà populaires à Hong Kong. Les établissements ont été rapidement débordés, obligeant parfois les gens à attendre plusieurs jours pour pouvoir récupérer son linge propre.

Une nouvelle organisation sociale de la ville

«Grâce à une demande élevée et à des coûts d’entretien et de main-d’œuvre réduits, les laveries en libre-service de Hong Kong, même les plus petites, peuvent gagner chaque mois plusieurs milliers de dollars», a expliqué au New York Times, Patten Mak, directeur des opérations de LaundrYup.

En effet, «les Hongkongais de la classe ouvrière, comme moi, n’ont pas les moyens de se payer une machine à laver et n’ont pas la place chez eux pour faire sécher leur linge», a expliqué une femme au foyer de 40 ans, qui partage avec son mari un logement de 8m². «C’est un problème économique. Ceux qui ont de l’argent ne viennent pas ici», a assuré cette dernière.

Pour Huang Jianxiang, professeur au département de l’aménagement et de l’urbanisme de l’université de Hong Kong, «la multiplication des laveries automatiques a modifié l’organisation sociale de la ville».

Ce dernier a indiqué que «le lavage du linge, qui se pratiquait autrefois dans la sphère privée, se fait désormais dans un lieu public. Cela transforme radicalement le mode de vie et de sociabilisation des habitants, et leur façon de penser».

Un but voulu par Luo Decheng, co-fondateur de Coffee & Laundry, qui «ne veut pas que son établissement soit un simple endroit où les habitants nettoient leur linge; ce doit être un véritable lieu de rencontre et d’échanges».

«Aujourd’hui, à Hong Kong, les gens sont trop éloignés les uns des autres. Depuis l’ouverture de Coffee & Laundry, j’ai pu faire la connaissance de mes voisins et des commerçants alentour», a souligné ce dernier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *