lundi, avril 22

Pression des législateurs américains sur les banques à propos des liens avec Pékin et Taipei

Les banquiers américains ont été mis sous pression par les législateurs américains afin qu’elles adoptent une position plus stricte sur les affaires avec la Chine, dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et Pékin sur la souveraineté de Taïwan et la situation au Xinjiang.

Lors d’une audition devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis, le député républicain Blaine Luetkemeyer a exhorté les directeurs de banque à réagir sur une hypothétique invasion chinoise de Taïwan.

Les législateurs ont également demandé aux PDG de condamner publiquement les « violations des droits de l’homme » de la Chine. Les législateurs américains s’écartent ainsi des audiences précédentes centrées sur des questions nationales comme le logement et la protection des consommateurs.

« Nous suivrons les directives du gouvernement, qui consiste depuis des décennies à travailler avec la Chine », a déclaré Brian Moynihan, directeur général de Bank of America. « S’ils changent cette position, nous le ferons immédiatement, comme nous l’avons fait pour la Russie. »

Une position partagée par le PDG de JPMorgan & Chase, Jamie Dimon, et la PDG de Citigroup, Jane Fraser, qui ont affirmé que leurs banques suivraient les conseils du gouvernement si la Chine devait envahir Taïwan.

Cette mise à l’ordre met en avant les défis auxquels les grandes banques américaines sont de plus en plus confrontées lorsqu’elles tentent d’équilibrer les intérêts commerciaux avec la pression des décideurs, des activistes et des investisseurs, afin de prendre position sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance.

Les géants de Wall Bourse, dont JPMorgan, Goldman Sachs Group Inc et Morgan Stanley, ont cherché ces dernières années à développer leurs activités en Chine, deuxième économie mondiale. D’ailleurs, les autorités chinoises ont accordé aux banques américaines davantage de droits de propriété sur leurs activités de valeurs mobilières, malgré la montée des tensions géopolitiques et la concurrence économique entre les deux nations.

  • JPMorgan, présente en Chine depuis 1921, sert des sociétés, des institutions financières et des agences gouvernementales chinoises et internationales. En 2021, elle est devenue la première société étrangère à posséder entièrement une entreprise de valeurs mobilières en Chine.
  • Citigroup, qui a été la première banque américaine à s’installer en Chine en 1902, a demandé en 2021 une licence pour les titres de la Chine continentale dans le cadre de ses efforts pour accroître ses activités sur le marché.

Cette situation montre la présence des banques américaines sur le sol chinois, qui parviennent sans entrave à développer leurs activités sur le marché chinois, en dépit des conflits diplomatiques successifs entre Pékin et Washington.

Après la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taipei, la Chine a effectué des exercices militaires près de Taïwan et tiré des missiles dans les eaux proches de l’île. Ses activités sont réduites depuis quelques jours, faisant descendre la pression autour du détroit de Taiwan.

La Chine revendique Taïwan comme sa 23ème province, ce que rejette le gouvernement de Taiwan, faisant fi du Consensus de 1992 et son principe d’une seule Chine, instaurée depuis plusieurs décennies.

Le membre du Congrès Luetkemeyer a demandé à Jane Fraser ce que Citigroup ferait si une guerre au sujet de Taïwan éclatait. « C’est une question hypothétique », a répondu cette dernière. « Il est très probable que nous aurons une présence réduite ».

Lorsqu’on lui a demandé plus tard par le républicain Lance Gooden si elle condamnerait « les violations continues des droits de l’homme en Chine », Jane Fraser a hésité. « Condamner est un mot fort », a-t-elle dit. « Nous sommes certainement très affligés de le voir ».

Jamie Dimon, de JPMorgan, a également prévenu que les États-Unis devaient concurrencer les banques chinoises, ayant pris de l’ampleur ces dernières années pour devenir les plus grandes du monde. « Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour m’assurer que nous rivalisons avec les meilleures banques chinoises du monde. Il est très important pour l’avenir de l’Amérique que celle-ci maintienne sa suprématie financière, comme tout le reste », a indiqué ce dernier.

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