dimanche, mars 24

Casse-tête à la chinoise : mari ou carrière ?

L’ouvrage de Roseann Lake est très intéressant, car il part d’un constat général : en dépit d’un pays ultra moderne, les vieilles traditions persistent.

En effet, cette dernière a décidé d’écrire ce livre car elle a constaté le poids des pressions sociales sur les femmes qui l’entourent pour qu’elles se marient.

Roseann Lake propose un ouvrage quasiment complet sur la place de la femme dans la société chinoise actuelle et les défis qu’elle a relevé : de fille à épouse. Toutes les étapes de la vie d’une femme pour chercher l’amour ou plutôt un mari.

Des éditions François Bourin, « le dilemme des femme de l’Empire du milieu » est expliqué par une journaliste américaine, qui parle couramment chinois, français et espagnol. Elle a travaillé durant cinq ans à Beijing, comme reporter pour la télévision et pour différents médias tels que Foreign Policy, Time, Atlantic, Salon et Vice.

Est alors venue la question : mari ou carrière? Car très souvent les femmes ne peuvent avoir les deux. Il faut choisir, mais à quel prix?

L’auteure explique que les chinoises « étaient à mes yeux, les héroïnes de leur pays, l’aboutissement brillant de ces trente dernières années au cours desquelles les chinoises avaient pu bénéficier d’une offre croissante en matière d’étude et d’emplois ».

Mais « malgré les superlatifs éblouissants dont on pare la Chine, certains aspects de sa demeurent, au coeur de ce changement, inextricablement ancrés dans la tradition ».

Une tradition d’autant plus forte quand elle concerne le rôle de la femme dans la famille, puis dans la société. En effet, « marier son enfant est une véritable mission. Et pour (les parents, ndlr) dont les enfants ont plus de trente ans, cette mission prend des allures de croisade ».

Rosean Lake explique au cours de ses 300 pages du livre comment les femmes gèrent la pression sociale. De celles qui s’angoissent à trouver un mari avant ses 24/26 ans au sheng nu dit « femmes périmées », qui ont tiré un trait sur la vie conjugale pour se consacrer à leur carrière professionnelle.

Pour expliquer tout cela, la journaliste a réalisé une vraie enquête de terrain, auprès des femmes de son entourage travaillant avec elle dans une chaïne de télévision de Pékin.

Dans un premier temps, elle explique le déséquilibre démographique entre les hommes et les femmes, du à la politique de l’enfant. La journaliste met en avant les filles uniques qui « à quelques exceptions près, bénéficient d’un meilleur soutien financier, et eurent déjà des opportunités et de libertés que toutes les générations précédentes de femmes chinoises », mais aussi le fils unique qui doit « affronter une compétition effrénée pour pouvoir attirer une épouse ».

En effet, en 2010, le ratio était de 113 garçons nés pour 100 filles. Dans certaines provinces, le ratio est encore plus élevée. Ainsi, Roseann Lake prend l’exemple du Jiangxi, où le ratio est de 135 garçon pour 100 filles, contre 153 garçons pour 100 filles au Guanxi. Pire encore, 176 garçons pour 100 filles au Hubei.

Des chiffres qui donnent le vertige, tant les réalités sociales derrières sont dramatiques. En effet, le manque de femme conduit à un marché parallèle d’achat d’épouse venant du Myanmar.

La journaliste évoque aussi les parents moyens, ainsi que les fileuses rebelles, qui s’enfuient pour éviter le mariage et la maternité. Il est aussi question de la virginité, les sites de rencontre en ligne qui sont des « opportunités de changement explosive » permettant aux femmes et aux hommes d’être plus libres et surtout de ne pas avoir leurs parents sur le dos…

Comme il est écrit sur la couverture arrière du livre « Roseann Lake livre une analyse fine et incarnée des bouleversements à l’oeuvre dans la Chine contemporaine. Et montre aussi, plus largement, à quel point les femmes sont en train de redessiner l’avenir du onde, sur tous les continents ».